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Interview / Dr Bernadette Gléhouénou épouse Dossou, Enseignante à la Faculté des Sciences agronomiques à la Retraite, Actuelle Vice-présidente du RIFONGA-Bénin : « C’est une ressource naturelle de production dont tout le monde a besoin… »


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Ph: DR : Dr Bernadette Gléhouénou épouse Dossou, Enseignante à la Faculté des Sciences agronomiques à la Retraite, Actuelle Vice-présidente du RIFONGA-Bénin

Ph: DR : Dr Bernadette Gléhouénou épouse Dossou, Enseignante à la Faculté des Sciences agronomiques à la Retraite, Actuelle Vice-présidente du RIFONGA-Bénin

L-integration.com : Dr Gléhouénou Dossou, que recouvre fondamentalement les thèmes,  Enjeux et Défis de l’accès à la terre des femmes et Rôles et responsabilité des acteurs pour un accès sécurisé des femmes à la terre ?

Dr Bernadette Gléhouénou Dossou : « Les enjeux et défis de l’accès à la terre des femmes » c’est un thème très important car après avoir défini les thèmes : Enjeux, Défis, Accès et Terre, il faut aborder le thème Enjeux pour dire en quoi la terre est importante pour les femmes ; pourquoi doit-on leur céder un lopin de terre ? A ce titre, trois enjeux y découlent, notamment : Enjeux politiques, Enjeux économiques et Enjeux d’autonomisation.

En fait, les femmes ont besoin d’avoir la terre pour compléter les apports des hommes. Dans certains cas, celles qui ont des maris figurants (alcooliques, malades ou des maris qui ont émigrés) ont le souci de nourrir leur famille. Généralement quand les femmes ont accès à la terre, elles en tirent énormément de revenus dont elles épargnent une partie (en tontine et autres) ; ce qui leur permet de faire face aux besoins de leurs enfants (éducation, santé et habillement, etc). Ce même revenu leur permet de contribuer aux funérailles, baptême et mariage et d’avoir un statut social raisonnable et convenable vor de se faire respecter.

Tant que la femme n’a pas de revenu, elle ne peut pas être écoutée, ni être leader dans son coin et ne peut lever le petit doigt afin d’intégrer les instances de prise de décision. Même dans son propre ménage, elle n’a pas le droit à la parole si elle n’a pas un petit pouvoir économique. Donc c’est très important pour la femme d’avoir cette ressource de production qu’est la terre.  C’est vrai qu’aujourd’hui, il y a quelques essais d’agriculture hors sol, ce n’est pas encore à notre niveau.

Des hommes continuent encore de considérer la femme comme une propriété privée, une chose qu’on peut disposer comme son bon vouloir malgré les dispositifs juridiques qui militent en faveur des femmes. Que vous inspirent ces questionnements relatifs à la discrimination de la femme ?

C’est vraiment écœurant d’entendre encore des hommes qui pensent que la femme est une chose appartenant à l’homme. La femme est la partenaire numéro 1 de l’homme. Ils se doivent de discuter, de raisonner et de prendre des décisions ensemble pour élever leurs enfants dans une ambiance de convivialité, du respect et dans la confiance. C’est vrai que lorsque certaines femmes disposent un peu d’argent, elles respectent plus leur mari ce qui n’arrange pas les choses car pour négocier les terres, il faut avoir un langage conciliant.

Ph: DR-: " C’est surtout aux femmes, chefs de ménage qu’on doit faciliter l’accès à la terre, à la propriété foncière en faisant appel aux autorités communale. Elles doivent bénéficier également de l’accompagnement des assistants sociaux".

Ph: DR-:  » C’est surtout aux femmes, chefs de ménage qu’on doit faciliter l’accès à la terre, à la propriété foncière en faisant appel aux autorités communale. Elles doivent bénéficier également de l’accompagnement des assistants sociaux ».

Avez-vous le sentiment que les choses bougent avec les séances de vulgarisation et de sensibilisation surtout par rapport à l’accès à la terre des femmes en milieu rural ?

Moi, j’ai espoir et je sens que les choses bougent, sinon avant, cette loi ne pouvait pas passer à l’Assemblée nationale ; il y a beaucoup d’hommes là-bas qui sont contre ça. Or la terre, telle qu’on la considère n’est plus une chose familiale ; parce qu’il y en a qui les vendent à des étrangers et pourquoi la fille qui est née dans la famille ne peut pas en avoir droit. Il y a l’application des textes relatifs aux droits d’accès à la terre et le rôle que les élites jouent à ce niveau. Par exemple à Istanbul en Turquie, l’ancien ministre Luc Gnacadja a lancé un appel relatif aux droits d’accès des femmes à la terre qui a galvanisé toute l’assistance car la terre est une ressource dont tout le monde a besoin ; puisque dès lors que nous mourrons, nous avons besoin de la terre pour terminer notre séjour ici-bas. C’est une ressource de production.

Et que vous inspire le Projet EWOH2 entendez, « Un seul monde sans faim »  dont sa mise en œuvre exige l’accès de la terre à la femme afin d’apporter une réponse adéquate  aux questions de sécurité alimentaire et de la malnutrition.

Il y a plus de femmes qui interviennent dans la culture des céréales (niébé, mil, sorgho) et des légumes (tomates, gombo, etc). Lorsque les femmes sont chefs de ménage, elles cultivent le maïs et les tubercules ; mais majoritairement, elles font des cultures vivrières pour satisfaire les besoins de leur ménage. Et c’est surtout aux femmes, chefs de ménage qu’on doit faciliter l’accès à la terre, à la propriété foncière en faisant appel aux autorités communale. Elles doivent bénéficier également de l’accompagnement des assistants sociaux.

Ce faisant, la femme pourra s’investir dans la culture des produits de rente réservés aux hommes ; n’est-ce pas ?

Tout à fait ! Parce que ces cultures génèrent plus de revenus et les hommes pensent que le pouvoir économique des femmes est effrayant ; quand la femme a ce pouvoir, elle devient une personne menaçante qu’on ne peut plus toucher, ni manipuler. (Propos recueillis : Aline ASSANKPON)


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