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Les TIC au service de l’agriculture : Les atouts de l’entrepreneuriat e-agricole selon Ken Lohento


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L’importance des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour l’agriculture ne fait plus aucun doute aujourd’hui. Les jeunes adeptes de ces technologies regorgent d’idées permettant une évolution de l’agriculture vers une activité moins difficile et plus lucrative. Ken Lohento, Coordonnateur de Programme TIC au CTA (Centre Technique de traitement Agricole) basé à Wageningen (Pays-Bas). Dans le N° 180 du bulletin Spore, M. Lohento nous explique comment le CTA participe à cette évolution. 

 

Ph/DR-: Ken Lohento : «Au Bénin, 41% des riziculteurs utilisent le téléphone mobile… »

Ph/DR-: Ken Lohento : «Au Bénin, 41% des riziculteurs utilisent le téléphone mobile… »

Spore : Depuis deux ans le CTA a lancé  un nouveau programme « Talents AgriHack ». De quoi s’agit-il ?

Ken Lohento : « Talents AgriHack » est destiné aux jeunes spécialistes des TIC, hommes et femmes. Il renforce leurs capacités d’innovation et promeut l’entrepreneuriat par l’offre de services TIC pour l’agriculture. Le programme comprend de nombreuses activités : sensibilisation des jeunes spécialistes des TIC aux enjeux et opportunités de l’agriculture , initiations /formations à l’entrepreneuriat e-agricole, concours de développement d’outils TIC (hackathons) adaptés à des enjeux agricoles ciblés, incubation (sorte de mentorat) sur plusieurs mois pour les lauréats l’amélioration des prototypes développés, appui à l’expérimentation sur le terrain pour les produits ayant atteint un certain degré de finalisation, promotion.

AgriHack a déjà été lancé en Afrique de l’Est, dans les Caraïbes et en Afrique du Sud. Jusqu’à présent, près de 300 jeunes ont été impliqués dans ce programme et une quinzaine de prototypes d’outils et d’applications TIC ont été sélectionnés. Quelques start-up ont été lancées, dont Ensibuuko qui, avec son application MOBIS, facilite la gestion des financements agricoles pour près de 400.000 paysans en Ouganda.

Le CTA est sans doute la principale organisation internationale qui utilise ce type d’outils pour offrir des opportunités aux jeunes dans le domaine des TIC pour l’agriculture et pour innover dans le secteur.

Ph/DR-: « AgriHack joue un rôle clé ici grâce à cette activité, des start-up, des Farm Drive au Kenya, qui met à la disposition des agriculteurs une plate-forme numérique de tenue des comptes et de facilitation de l’accès au financement ».

Ph/DR-: « AgriHack joue un rôle clé ici grâce à cette activité, des start-up, des Farm Drive au Kenya, qui met à la disposition des agriculteurs une plate-forme numérique de tenue des comptes et de facilitation de l’accès au financement ».

Dans quelle mesure les activités que vous menez facilitent-elles l’entrepreneuriat agricole des jeunes des pays ACP (Afrique Caraïbes et Pacifique) ?

Dans le cadre d’un appel à propositions l’année dernière, nous avons sélectionné des projets de l’entrepreneuriat agricole que nous finançons. Il s’agit notamment, d’une web-télé en Afrique de l’Ouest et d’une plate-forme virtuelle d’incubation agricole aux Caraïbes. En outre, au moins 300 jeunes paysans seront formés à l’agriculture intelligente face au climat et initiés à l’entrepreneuriat agricole qui se développe avec les outils numériques. Il s’agit de ce que j’appelle l’entrepreneuriat e-agricole, mis en œuvre par les jeunes qui se développent et offrent des services TIC au monde rural.

AgriHack joue un rôle clé ici : grâce à cette activité, des start-up apparaissent, comme Farm Drive au Kenya, qui met à la disposition des agriculteurs une plate-forme numérique de tenue des comptes et de facilitation de l’accès au financement. Je citerai aussi FermerLine au Ghana dont les activités ont été promues par d’autres initiatives du CTA et qui facilite l’accès au conseil agricole. Par nos activités liées aux TIC, nous réussissons et facilitons la collaboration entre jeunes spécialistes du secteur et jeunes agro-entrepreneurs, un des meilleurs moyens pour consolider les innovations dans l’agriculture.

Les nouvelles technologies sont-elles suffisamment disponibles aujourd’hui pour que les paysans puissent les utiliser, notamment en milieu rural ?

Les TIC sont de plus en plus disponibles, même en milieu rural. Le téléphone mobile toutefois est beaucoup plus présent que l’accès à Internet en lui-même. En Afrique, il y a plus de 70% d’abonnements à la téléphonie mobile mais seulement 29% de la population a accès à Internet. Internet coûte encore cher, l’électricité est très instable ou inexistante, mais les choses évoluent.

Au Bénin, 41% des riziculteurs utilisent le téléphone mobile et une de nos enquêtes montre que plus de 90 % des jeunes agriculteurs en sont adeptes. Par ailleurs, beaucoup font appel à des applications comme Whatsapp. Pour promouvoir l’adoption des TIC en milieu rural, il faut notamment développer des stratégies d’e-agriculture efficaces. C’est la raison pour laquelle nous mettons également en place un grand nombre d’activités comme nos formations sur les médias sociaux (Web2forDev), l’initiative Plug-and-Play qui promeut les innovateurs, et le soutien au développement de stratégies e-agricoles.

L’année dernière, vous avez remporté un prix récompensant vos activités pour les jeunes. Pouvez-nous nous en parler en quelques mots ?

Il s’agissait de l’édition 2015 du Prix du Forum SMSI (Sommet mondiale sur la société de l’information) organisé par les Nations Unies. Nous l’avons gagné dans la catégorie « e-agriculture », après un vote à l’échelle mondiale puis une évaluation par des experts internationaux.  Il récompense la promotion des TIC dans l’agriculture et donc, dans notre cas, Talents AfriHack et notre concours de blogs agricoles YoBloCo Awards. Il s’agit d’une reconnaissance internationale qui encourage à faire encore mieux. Nous sommes d’ailleurs en train de lancer d’autres activités qui toucheront encore plus de jeunes et nous permettront d’avoir un impact encore plus grand. (Spore n° 180 – Mars-Avril 2016)


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