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Chronique / Afrique: enrayer les conflits, accélérer le développement


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 Une équipe constituée de diplomates, de fonctionnaires d’Etat et d’éminents chercheurs africains s’est joint à la CEA, à la CUA et partenaires à l’effet de quantifier le coût et les conséquences des conflits, et a suggéré des solutions de conseil politiqu ; c’était ce 03 Octobre 2015 à Accra (Ghana).

Ph/DR-: Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA

Ph/DR-: Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA

 Lors du Dialogue de haut niveau sur les conflits et le Développement en Afrique, des hauts fonctionnaires d’Etat issus de plus de 40 pays du continent ont soutenu que le partage équitable et une meilleure gestion des ressources, des conversations franches entre les gouvernants et les gouvernés ainsi que l’engagement en matière d’intégration régionale politique et économique constituent les moyens fondamentaux de prévention des conflits afin d’ouvrir la voie à un développement sain et durable. Le dialogue a été organisé par la Division pour le renforcement des capacités de la CEA en vue des discussions approfondies sur trois études qui évaluent les signes précurseurs des conflits et les éventuelles solutions dans les sous-régions des Grands Lacs, de la Corne de l’Afrique et du Sahel.

En ouvrant le dialogue, le Ministre ghanéen de l’intérieur, l’Honorable Mark Owen Woyongo, a salué le leadership de la Commission de l’Union Africaine (CUA) et la CEA pour leur décision éclairée sur l’analyse des causes et des conséquences des conflits en vue du maintien des progrès accomplis jusqu’ici dans le règlement des poches résiduelles des conflits en Afrique afin d’ouvrir la voie à un continent riche et prospère.

« Sans aucun doute, compte tenu de notre histoire coloniale et des diversités inhérentesà l’Afrique, tout État-nation pratiquant la politique de l’exclusion qui n’accorde pas suffisamment de possibilités à toutes les couches sociales afin qu’elles puissent exprimer leurs différences politiques de manière crédible tout en respectant les valeurs communes pour la construction de la nation, est forcement en proie à des conflits qui peuvent faire rage perpétuellement », a t-il déclaré avant d’exhorter les experts de présenter objectivement les faits sur la dynamique des conflits devant les dirigeants du continent qui seront appelés à mettre en œuvre leur recommandations.

Parallèlement, Messieurs Adeyemi Dipeolu et JohnIkubaje , hauts responsables de la CEA et de la CUA respectivement présents au dialogue, ont confirmé la nouvelle vision des deux institutions de porter à l’attention de leurs adhérents le lien nécessaire qui doit être établi entre la paix et la sécurité d’une part et le développement de l’autre part, en vue de renforcer les efforts du continent dans sa quête du progrès.

 Causes, coûts, conséquences des conflits

S’il a été déterminé que les causes des conflits sont complexes et variées, certains facteurs structurels globaux ont été en revanche repérés comme étant des signes précurseurs transversaux des tensions que connaissent actuellement les sous-régions des Grands Lacs, de la Corne de l’Afrique et du Sahel. Celles-ci comprennent en particulier les griefs historiques en rapport avec la démarcation artificielle des frontières des pays sans considération pour les configurations ethniques préexistantes, les facteurs économiques, en particulier la lutte pour les ressources et la nourriture, les facteurs institutionnels liés en particulier à la gouvernance inefficace et la faiblesse des structures étatiques qui ont conduit à la contestation de la légitimité des gouvernements centraux. D’après les rapports, les facteurs géopolitiques qui se résument à la lutte par des puissances externes en vue du contrôle des ressources des pays qui entrent en conflit ainsi que les facteurs régionaux ayant traits aux problèmes qui s’étendent d’un pays à l’autre, constituent également des antécédents structurels de conflits.

Les données empiriques et l’analyse des enquêtes précédentes sur les causes immédiates des conflits dans les trois sous-régions examinées révèlent que la migration enjolivée, l’insécurité alimentaire, la politisation de l’armée, la montée en puissance des réseaux extrémistes et criminels, la corruption et la privation socio-économique générale, le chômage et l’exclusion des jeunes des cercles politiques et économiques ainsi que l’étouffement de la démocratie concurrentielle, constituent les causes immédiates de conflits dans les sous-régions concernées.

 

 Les rapports montrent que les conflits sous-jacents pèsent lourdement sur les pays et les régions touchées en termes de coût. A titre d’exemple, les estimations recueillies à partir des études déjà menées portent le bilan des dernières guerres dans la Région des Grands Lacs à  plus de 5,4 millions de morts en avril 2007. En termes monétaires, l’étude sur la Corne de l’Afrique , par exemple, montre que la sous-région a perdu environ 18,29 % de l’ensemble de son PIB entre 1990 et 2010 en raison du conflit . On estime également que la sous-région pourrait économiser entre 31 milliards de dollars US et 53 de milliards de PIB en un an seulement après la fin des conflits. Outres ces pertes attribuables aux conflits, il existe des conséquences négatives : insécurité alimentaire, libertés civiles et les droits humains entravés, affaiblissement des institutions déjà fragiles, exacerbation de la mauvaise gouvernance, commerce régional et l’intégration entravés et détresse psychologique indicibles subie surtout par les femmes et les enfants.

 

Vers des solutions durables

 

Face à ces faits, les fonctionnaires d’État de haut niveau et les experts ont examiné avec franchise une multitude de voies et moyens de prévenir durablement les conflits en Afrique parmi lesquels la nécessité d’une vision commune entre les gouvernants et leurs gouvernés est apparue comme prioritaire. Au lieu de traiter avec des segments très étroits de la population, comme certains orateurs l’ont relevé, les dirigeants doivent avoir régulièrement des conversations inclusives avec la grande majorité de leurs électeurs qui se sentent déconnectés et en marge des décisions prises en leur nom.

D’après eux, une solution clé aux problèmes dans certaines régions se trouverait dans une meilleure gouvernance et un niveau de participation plus élevé dans la prise de décision grâce à la décentralisation. Ils ont plaidé pour la création des systèmes de sécurité axés sur les personnes à travers le renforcement des capacités pour la réalisation des programmes de création de richesse tout en notant l’impérieuse nécessité de l’intégration régionale dans la gestion des conflits. Même s’ils ont souligné que les Etats et les régions concernés doivent accepter la pleine responsabilité de résoudre leurs conflits au lieu d’externaliser les causes de la situation , les intervenant sont noté que les bailleurs de fonds de ces zones devraient appuyer le financement de projets d’intégration régionale , s’ils visent véritablement à contribuer au développement.

Ces propositions ainsi que d’autres recommandations découlant du dialogue viendront alimenter les processus engagés par l’Union africaine et d’autres organisations régionales clés et serviront de base pour la conception des stratégies et actions politiques intégrées par les gouvernements des pays/régions concernés. (CEA)


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