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Visite d’Etat du président français au Bénin / L’intégralité de la conférence de presse organisée à l’attention des deux présidents : François Hollande et Boni Yayi.


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Question de Gnona Affangbédji (La Nation): Monsieur le président dans votre adresse, vous avez évoqué la responsabilité collective et individuelle des Etats africains, dans la lutte contre le terrorisme. Je voudrais savoir la contribution que la France compte apporter particulièrement contre la secte islamique Boko Haram ? Quand on sait que récemment les pays du Bassin du Lac Tchad sont organisés pour la mise en place d’une force mixte pour booster dehors cette secte islamique qui cause énormément de dégâts dans la sous région.

François Hollande, président français répondant aux quesions

François Hollande, président français répondant aux quesions

Président François Hollande : D’abord je remercie le président Boni Yayi pour son accueil et pour son implication dans tous les dossiers que nous avons à traiter notamment aussi, celui de la sécurité. La France n’entend pas se substituer aux Africains. Ce sont les Africains qui doivent assumer la lutte contre le terrorisme et leur propre sécurité. Chaque pays doit le faire et nous avons de coopération avec beaucoup de pays africains. Et nous sommes toujours prêts à les renforcer ; ce qui a été le cas, depuis ces dernières années, des mois. Et puis ce que nous attendons des Africains pour qu’ils puissent ensemble mieux se coordonner, mieux agir ; les pays du Lac Tchad puisque ces pays sont visés, frappés par Boko Haram.

Depuis la réunion faite à Paris, il y a eu des progrès dans cette coordination, dans les renseignements, dans les informations, les actions qui ont pu être menées au Nigeria, au Niger, au Tchad et au Cameroun. Ça doit donner encore plus de force à l’idée que nous avions lancée, de force africaine, qui puisse –lorsque c’est nécessaire – intervenir en urgence face à un certain nombre de dangers.

Nous sommes là, avec l’Europe, prêt à appuyer les forces qui pourraient être ainsi mises en place. La force a pris sa responsabilité dans plusieurs occasions, j’ai évoqué le Mali, la Centrafrique, ce n’est pas la même mandature. Pour ce qui concerne Boko Haram, nous sommes présents et nous pourrons apporter – quand nous sommes appelés – un certain nombre d’appuis : le cycle matériel que nous faisons.

Christophe Boisbouvier (RFI) : Monsieur le président, vous venez de lancer un appel au respect des textes constitutionnels des échéances électorales et des rythmes de la démocratie. Vous avez cité en positif le Burkina Faso et le Bénin – du président Boni Yayi que nous remercions pour son accueil dans son pays – vous avez cité en termes de problématique, le Burundi. Est-ce que vous n’auriez pas pu citer l’Angola et le Cameroun où vous allez voir dans quelques heures où le rythme de la démocratie est très très long ; les présidents sont en place depuis plus de 30 ans ; le Congo Brazzaville  dont vous allez recevoir le président la semaine prochaine. Les gens ne sont pas prêts à respecter les textes constitutionnels dont vous avez parlé. Avant toute chose, Monsieur le président, deux soldats français en opération extérieure au Burkina Faso sont soupçonnés d’agression sexuelle sur une fille mineure, quelle est votre réaction ?

François Hollande : Sur la première question, je ne change pas de discours sur les lieux où je me déplace. Et je dis aux interlocuteurs de pays africains comme d’autres, les principes qui gouvernent la France dans la conception que nous avons de la démocratie, des droits de l’homme et des élections. Je me suis exprimé de la façon la plus claire au sommet de la Francophonie à Dakar et chacun a entendu ce message et c’était après ce qui s’est passé au Burkina Faso. C’est une leçon au Burkina Faso.

Je vais donc aller à l’Angola et au Cameroun, je ne vais pas changer de propos pour autant. Des élections doivent avoir lieu à des rythmes qui sont ceux de toute démocratie. Les constitutions sont faites pour être respectées, je ne pense pas qu’elles puissent être changées. Les mêmes qui ont voulu changer et qui font des changements au changement dans le seul but de se perpétuer ; il y a là un risque pour la démocratie mais aussi un risque pour la stabilité et la sécurité.

Et nous voyons au Burundi qu’il y a des manifestations, des contestations et des violences qui ne cessent pas. Et je crois que le président Boni Yayi est particulièrement préoccupé pour faire en sorte que la raison puisse l’emporter.

Sur la deuxième question que vous avez posée, dès que nous avons eu connaissance des faits sur les deux soldats concernés et qui étaient suffisamment graves pour justifier l’action pénale. Le ministre de la défense a immédiatement agi, la justice a été saisie, les deux soldats seront en France pour répondre de leurs actes et y être jugés.

Je voudrais dire que cela ne peut être en rapport avec ce qui est passé en Centrafrique ?

François Hollande : Là, il s’agit d’une affaire grave, des faits divers et beaucoup de faits divers dans une opération internationale liée aux Nations Unies et qui pourrait être statué dans une institution dans laquelle nous n’avons pas forcément, tout connaitre. Et là, il s’agit des soldats qui auraient commis des actes de pédophilie et qui donc devront répondre devant la justice française.

Christian Gnacadja (Ortb) : Monsieur le président, vous avez évoqué un instant, la 21ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui va se tenir à Paris du 30 Novembre au 11 Décembre 2015. En quoi cette rencontre pourrait être coercitive pour les pays industrialisés et porteuse d’espoir pour les petits pollueurs comme le Bénin ?

François Hollande : (Rires des deux présidents….) Un pays comme le Bénin pose la question que si cet accord s’il intervient va  être une contrainte pour son développement ? Puisque dans cet accord, il y aura délimitation des gaz à effet de serre, il y aura délimitation des produits carbonés, il y aura la fin à terme de centrales qui pourraient utiliser de charbons et je vais citer d’autres exemples. Donc le Bénin comme d’autres pays en développement, je voudrais dire est-ce que c’est l’accord qui va nous permettre de nous développer ?

Eh bien, je réponds oui, très clairement que ça va vous faire développer ! Avec des fonds qui va être dégagés, technologies qui vont être déployées, des investissements qui vont pouvoir être réalisés. Un pays comme le Bénin, les pays africains vont être capables de développer bien plus vite que les pays industrialisés. La croissance verte vous fait sauter des étapes. Je pense donc que c’est une opportunité consciente pour les pays industrialisés de se remettre en cause face à un certain nombre de productions ; de faire en sorte que nous puissions avoir une sobriété énergétique. Nous mettions en place de nouveaux modes de transports, etc ; que nous puissions réussir investir dans les pays en développement. Je pense l’opportunité, elle est très forte pour les pays africains. C’est le plan pour les énergies renouvelables, pour le développement des nouvelles technologiques que nous devons mettre en place le plus vite possible.

Adrien Gindre (BMFm) : Monsieur le président, hier, vous avez souhaité un accord tout suite sur l’adresse Angela Merkel a fait savoir qu’elle ne souhaitait plus qu’il y ait de négociations avant le référendum du dimanche. Regrettez-vous cette position France-Allemande ? Demanderiez-vous une reprise de discussion sans attendre les résultats ?

François Hollande : Oui, il y avait un espoir d’un accord  que, à condition que les propositions grecques qui avaient été envoyées puissent être traduites rapidement. Et qu’à ce moment-là, l’accord qui pouvait être éventuellement trouvé fasse tomber le référendum. Dans le même temps où des propositions nouvelles venaient de la Grèce, le Premier ministre réaffirmait la date du référendum et confirmé le non à la question qu’il avait posé ; d’ailleurs qui n’avait plus beaucoup de caractères précis. C’était de nouvelles propositions qu’il avait lui-même adressées à la Commission européenne et aux Institutions qui semblaient être au centre du débat. Qu’est-ce que les ministres des finances ont conclu de cette situation ; qu’il fallait attendre le référendum et qu’ensuite, il y aurait des conséquences à en tirer.

Et j’ai dit hier, ce n’est pas les mêmes conséquences. Si c’est le oui ou si c’est le non. Si c’est le oui, même si c’est sur la base de propositions qui sont déjà dépassées. Les négociations peuvent facilement s’engager et l’accord sera – j’imagine – très rapidement conclu. Si c’est le non, on est dans une forme d’inconnu ; c’est aux Grecs de répondre.

Gnona Afangbédji (La Nation) pour le président de la République du Bénin, Dr Boni Yayi : Vous venez de recevoir un président français sur le sol béninois sous l’ère du renouveau démocratique. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui représente aujourd’hui l’intérêt de la France pour le Bénin ?

Le président Boni Yayi,  dit toute sa gratitude à son homologue français

Le président Boni Yayi, dit toute sa gratitude à son homologue français

Boni Yayi : Vous m’offrez l’occasion de renouveler toute la gratitude du Bénin, de son peuple, de ses institutions à l’endroit de notre Cher ami, le président de la République française et toute la délégation qui l’accompagne, son gouvernement et le peuple français. Parce que le président est venu ici en bousculant son agenda. C’est pourquoi je parlais de drôle de leadership. Toutes les questions que vous avez posé ne concernent pas que la France, concernent le monde entier.

Il faut dire qu’en réalité, la France joue un rôle important dans la gouvernance de notre planète, en dépit de cela, il trouve ce moment de venir nous voir ; je pense que c’est une marque d’amour, d’amitié et inoubliable par tout un peuple. Et en plus de cela, son séjour a été marqué par un de ces générosités : des accords de financement qui ont été signés. Nous avons rappelé ce que nous avons fait dans le passé dans le cadre de document de partenariat qui nous lie. Et ce que nous allons faire et qui est surtout très important : les questions liées à l’agriculture (l’adaptation du continent dont le Bénin aux conséquences de changements climatiques) ; l’appui à la formation professionnelle, technique et à la reconversion, à l’assainissement, etc autant de secteurs qui constituent un défi.

Vous comprendrez que c’est un sentiment de joie et de reconnaissance qui m’anime et en plus de cela, nous avons eu des échanges très fructueux qui concerne les affaires de notre sous région et de notre continent et surtout comment nous allons procéder.

La conférence de Paris sur le COP21, cette 21ème conférence est une conférence de dernière chance ; c’est-à-dire que nous devons appuyer le Président et la République française pour que cette conférence réussisse. Parce que nous sommes tous concernés ; comme nous partons de Rio pour arriver à une nouvelle orientation où nous disons que, désormais pour tenir compte des dégâts que toute la planète subis en ce moment, il faut qu’on en arrive à un statut juridique, un traité (en tout cas quelque chose de plus contraignant) que nous puissions, chacun en ce qui le concerne, prendre des engagements fermes du point de vue de financement, du point de vue de la réduction de l’émission de gaz, du carbone, et que cette fois-ci, nous allons régler définitivement cette question-là. Je pense que si c’est à Cotonou qu’on réaffirme cette volonté, nous ne pouvons que nous en féliciter.

Enfin, c’est pour la première fois que nous recevons un président de la République française qui accepte de vivre comme nous et de passer la nuit au Bénin. C’est vrai que le président Chirac est passé ici dans le cadre d’une conférence, (je lui souhaite une longue vie) ; le président Mitterand, c’était une visite d’une journée. Et maintenant, le président Hollande, vient de poser un acte que tout Béninois doit pouvoir garder. Un acte inoubliable. Ceci est très important (…) C’est l’occasion de bien accepter nos remerciements, gratitudes, non seulement au nom du peuple béninois  mais aussi de notre sous région et du continent. Parce que s’il quitte ici, il va ailleurs, toujours pour cette question relative à la sécurité humaine dans le monde. Ce monde nouveau que nous souhaitons de tous nos vœux et qui puisse franchement parlant, nous permettre d’assurer une gouvernance concertée et qu’on puisse en finir avec les inégalités, qu’on puisse relever les défis nombreux dans  lesquels figure l’éradication de la pauvreté. Monsieur le président, nous vous disons Merci pour cette visite.

Transcription : La rédaction


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