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NEPAD / Mise en œuvre du PDDAA : Pour une agriculture durable, prospère et inclusive, la Mozambique donne la preuve à travers le centre de Mbeluzi


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Visite guidée de la délégation du Nepad, dans le Centre de Recherches et d’Expérimentations agricoles Mbeluzi de Mozambique dénommé « Instituto de Investigaçao Agraria de Moçambique – IIAM ».  Situé à environ 25 km de Maputo (Capitale administrative de la République de Mozambique), ce centre abrite plusieurs programmes de recherches sur un vaste site (étendu à perte de vue). Créé sur la base d’un accord tripartite entre la Mozambique, le Brésil et l’Etat de Michigan aux Etats-Unis, ce centre est le champ d’expérimentations et de recherches sur plusieurs cultures vivrières et maraîchères.

L’atelier de formation des journalistes africains membres du Réseau PDDAA pour une mise en œuvre de la feuille de route de Malabo sur l’agriculture en Afrique et sur l’atteinte de la vision 2025, a débouché sur une visite de terrain. L’objectif étant d’évaluer la mise en œuvre du PDDAA et du PNIA, son impact sur la croissance économique et les meilleures pratiques adoptées par les pays africains, signataires de l’Accord de Maputo. Dans cette optique, une quinzaine de journalistes a visité le mercredi 24 juin dernier, l’Institut de recherches agricole de Mozambique (IIAM) de Mbeluzi. Un centre de recherches et d’expérimentations agricoles créé à la suite d’un accord tripartite entre l’Etat de Michigan (Etats-Unis), le Brésil et la Mozambique.

Selon Dr Carvalho Carlos Ecole, Agronome, Entomologiste, Responsable de l’Institut (IIAM), qui y a lancé le programme de la culture maraichère et des légumes, l’Institut est un centre de référence pour les techniques appliquées dans le secteur  des cultures vivrières et des légumes. «Une nouvelle création issue d’un accord tripartite. Notre mission est de tester différentes sortes de variétés de légumes ou des produits de cultures vivrières. La méthodologie consiste en la production de meilleurs échantillons selon les qualités des semences, des boutures et autres et procédés. Ensuite nous procédons à l’évaluation des variations des légumes» nous a confié Dr Ecole.

Les expériences et évaluation effectuées dans ce centre sur diverses cultures sont validées au Brésil dans un Institut (IPA-Brésil). « En effet le centre est dans une dynamique émergente où les deux autres pays Michigan et le Brésil sont les bénéficiaires de ces recherches » a souligné Dr Ecole.

Vue d’ensemble des journalistes, responsables et fermiers de l’IIAM.

Vue d’ensemble des journalistes, responsables et fermiers de l’IIAM.

Une descente effectuée sur le site de l’IIAM, par la délégation de journalistes africains venue précisément de l’Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Kenya, du Lesotho du Malawi, du Sénégal, de la Zambie et de la Mozambique, sous la houlette du Nepad a révélé les découvertes suivantes.

On y découvre plusieurs variétés de produits agricoles en expérimentation sur ce site. Plusieurs variétés de maïs, du mil, du riz, du manioc, de l’haricot, de la patate douce et des produits maraîchers comme l’oignon, la tomate, le piment et différentes sortes de légumes issus de la culture maraîchères.

Des installations énergétiques pour faciliter l’irrigation de l’eau de Mbeluzi-River.

Des installations énergétiques pour faciliter l’irrigation de l’eau de Mbeluzi-River.

Sans vouloir dépendre d’une certaine rareté pluviométrique et assurer son indépendance durant toutes les saisons de l’année, l’irrigation est la technique la plus adaptée pour faire pousser toutes sortes de cultures dans ce centre. Mbeluzi-River, c’est le nom de la rivière qui, se trouvant juste à quelques km du centre, permet de faire l’irrigation et des réserves d’eau en permanence sur le site avec des installations adéquates. Le processus d’irrigation commence à partir de ces installations où l’énergie y joue un rôle prépondérant. Il est également construit un réservoir d’eau pouvant approvisionner le site durant au moins trois semaines en période de difficultés.

 

 Des espaces aménagés pour la culture

Des espaces aménagés pour la culture

La mécanisation est adaptée à la méthode culturale pour préparer et remuer le sol pour d’autres implantations et expérimentations. Et  pour y arriver le compostage, la fertilisation du sol, etc sont nécessaires pour un bon rendement. D’autres cultures biologiques y sont également fait

 

 

Des Semences de fraises sous serre bien adaptées au sol

Des Semences de fraises sous serre bien adaptées au sol

Une pépinière de laitues et de fraises sous serre

Selon Dr Ecole, cette serre est un exemple du partenariat tripartite, construit avec des matériaux locaux. Diverses variétés de laitues et de fraises y poussent. Sous serre, ces semences sont protégées contre les rayons ultra-violets et les insectes qui dévorent et abîment les jeunes plants. « C’est une banque de variétés de semences hybrides et améliorées. Un kg de graines de semences peut coûter environ 5000F Métical (Francs mozambicains). C’est de l’or » explique le principal chercheur de l’IIAM.  D’où l’importance de la qualité des semences pour l’agriculture. La démonstration ci-contre d’un plan de fraise avec des racines blanches révèle un sol bien adapté et riche selon Dr Ecole.

En effet à l’IIAM, les méthodes adaptées sont basées sur l’agro-écologie. On y trouve des espaces cultivés qui sont des vitrines des technologies utilisées dans ce centre. Les planches sont pour la plupart protégées par des pailles de riz, des sciures de bois ou des feuilles de bois. où ces planches sont irriguées par un système de micro-aspersions.

De gros oignons d’origine brésilienne y sont également expérimentés.

De gros oignons d’origine brésilienne y sont également expérimentés.

Des variétés d’oignons d’origine nationale et internationale

Dans la section oignons, neuf (09) variétés d’oignons y sont cultivés et expérimentés parce que 95% des oignons consommés en Mozambique sont importés. Raison pour laquelle l’IIAM a décidé d’investir sur les variétés d’oignons existantes afin de répondre aux besoins du marché. Entre autres résultats obtenus, l’oignon blanc est une variété qui pousse de façon très précoce et très gros ; tandis que les oignons rouges mis en terre dans la même période, mettent du temps pour accroître et n’ont pas la grosse forme que les oignons blancs. Si les variétés blanches contiennent beaucoup d’eau et sont attrayantes, les variétés rouges, elles, sont très délicieuses et très appréciées pour certains arts culinaires. De gros oignons rouges – des variétés brésiliennes – y sont également expérimentés.

 Des milliers de piquets pour faire grimper les tomates

Des milliers de piquets pour faire grimper les tomates

Transformation des tomates naturelles en tomates grimpantes

Actuellement les chercheurs de ce centre sont en train de faire des recherches sur les virus qui attaquent les tomates et empêchent la récolte de gros fruits de tomates. A cet effet, des expériences de plantes grimpantes sont faites sur les plantes de tailles basses afin d’éviter que les fruits de tomates soient contaminés au contact du sol et deviennent des tomates de mauvaise qualité. Ce qui explique la présence de nombreux piquets à travers l’espace réservé aux tomates, actuellement attaquées par des larves.

 

Des patates rouges et blanches au maïs

De grands hectares sont également réservés pour l’expérimentation de six variétés de patates douces : des rouges et des blanches. De même pour le maïs (blanc et jaune), le manioc et l’haricot et que sais-je ? Différentes sortes de légumes : aubergines, choux, laitues, concombres, carottes, piments et même des agrumes sont cultivés et expérimentés à l’IIAM. On y voit des hommes et des femmes : les uns qui s’activent au repiquage des fraises ; d’autres au ramassage des tomates moissonnées et d’autres encore à l’arrosage des planches de légumes. Tellement on y trouve différentes sortes de variétés de cultures vivrières et de cultures maraîchères.

Comment se fait la distribution des produits de l’IIAM ?

De l’avis de Dr Ecole, annuellement l’Institut de recherches agricoles reçoit en moyenne 200 étudiants qui sont pour la plupart des acteurs de production, qui mettent la main à la pâte à travers des journées de renforcement de capacités.  Ils sont également le relais de tout ce qui se fait dans ce centre au niveau d’autres centres d’expérimentations disséminés à travers le pays. A travers ces étudiants (Agriculteurs, exploitants et petits producteurs), le centre obtient une grande renommée qui lui permet d’assurer la distribution de ces produits à travers les demandes et besoins exprimés par la population.

En somme, Maputo, capitale de la Mozambique, où les chefs d’Etat africains ont pris la décision d’investir au moins 10% du budget national dans l’agriculture en 2003, a mis certes, du temps pour rentrer dans la dynamique de l’investissement agricole. A l’instar des pays comme l’Ethiopie, le Rwanda, le Kenya, le Burkina Faso, le Bénin, le Cameroun et le Sénégal, la Mozambique est encore en dessous des 10% par rapport à son Programme national d’investissement dans l’Agriculture (PNIA).

Cependant, avec les recherches et expérimentations agricoles de l’IIAM, l’on peut garder l’espoir que les populations mozambicaines peuvent – au fil des ans – atteindre l’objectif faim zéro d’ici 2025 si la dynamique actuelle est maintenue

 

Le saviez-vous ?

Le maïs jaune contient plus d’éléments nutritifs que le maïs blanc très consommé chez nous.

Le maïs jaune contient plus d’éléments nutritifs que le maïs blanc très consommé chez nous.

Le maïs jaune est plus nutritif que le maïs blanc

Les chercheurs de l’IIAM ont démontré par des expérimentations que le maïs jaune –  considéré comme maïs de subsistance, consommé durant certaines périodes de soudure – contient plus de protéines nutritives que le maïs blanc biologique que raffolent particulièrement les  Mozambicains et les Africains en général.

En effet, les chercheurs de l’IIAM ont réussi à mettre sur le marché, une variété de maïs blanc hybride contenant les mêmes protéines que le maïs blanc biologique. Histoire d’apporter plus de vitamine au maïs très consommé dans certains pays africains.

Il s’agit d’une expérimentation du maïs blanc bio par fortification. Résultat : il ressort une variété hybride contenant les mêmes protéines que le maïs blanc bio. Même si cette variété n’a pas été très appréciée par la population  mozambicaine, parce que fuyant les OGM ; elle a  été par contre appréciée par les pays voisins d’où cette variété est désormais exportée. Ce qui encourage les chercheurs à poursuivre cette expérimentation à l’IIAM.

Aline ASSANKPON

 

 


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