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La Commission de l’UEMOA multiplie les projets pour atteindre 82% d’énergies vertes en 2030 (Interview de M. Hadjibou Soumaré)


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Le président de la Commission de l’UEMOA, Cheikhe Hadjibou Soumaré fait le point sur l’avancée des programmes de l’Union en matière d’énergies vertes, notamment à propos de l’Initiative Régionale pour l’Energie Durable (IRED).

Energies Africaines: Où en est, à ce jour, l’Initiative Régionale pour l’Energie Durable ?

Ph:DR- Cheikhe Hadjibou Soumaré, président de la Commission de l'UEMOA

Ph:DR- Cheikhe Hadjibou Soumaré, président de la Commission de l’UEMOA

Cheikhe Hadjibou Soumaré : Au plan financier, on peut noter que les contributions au Fonds de Développement de l’Energie (FDE) s’élèvent à 257 milliards 273 millions FCFA.

En ce qui concerne la mise en place du Fonds d’Investissement dédié au financement privé des infrastructures d’énergie, un projet de Décision portant création du Fonds d’amorçage UEMOA et un projet de Règlement intérieur dudit fonds ainsi que des Conventions devant lier les différentes parties prenantes sont élaborés.

Au plan exécution physique, onze projets ont été financés sur le FDE : deux sont achevés au Burkina Faso et au Sénégal. Cinq projets sont en cours d’exécution, dont 1 au Mali, 2 du Niger et 2 en Côte d’ivoire. Deux projets sont en phase de passation de marchés de travaux respectivement au Bénin et au Togo, et enfin un (1) en phase d’études en Guinée Bissau.

Le montant total des prêts s’élève à environ 200 milliards FCA et celui des engagements à environ 121,4 milliards FCA.

En ce qui concerne le Programme Régional de Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (PRODERE), la première phase de ce projet vise la fourniture et l’installation de kits solaires, lampadaires solaires, des microcentrales solaires et lampes à basse consommation dans les Etats membres de l’UEMOA.

D’un coût total de dix-neuf milliards deux cent quinze millions (19 215 000 000) de FCFA entièrement financés par la Commission de l’UEMOA, ce projet est terminé dans trois Etats à savoir le Bénin, le Sénégal et le Togo. Il est en cours d’exécution dans les autres Etats. Mais vu l’engouement et la satisfaction générés par ces réalisations au niveau des populations bénéficiaires, nous avons mobilisé 20 milliards de FCFA pour faire une extension des activités de cette première phase. La phase 2 du PRODERE se réalisera avec la mise en place de la Facilité Régionale d’Accès à l’Energie Durable (FRAED)

En ce qui concerne le Programme Régional d’Economie d’Energie (PREE), on peut noter le lancement de deux projets :

Tout d’abord le lancement de la deuxième phase du « Projet régional d’étiquetage des équipements électriques domestiques dans les États membres de l’UEMOA » ; Ce projet vise à mettre en place un système d’étiquetage permettant aux acheteurs et consommateurs de reconnaître facilement les appareils électroménagers les moins énergivores (climatiseurs, réfrigérateurs, congélateurs, téléviseurs, chauffe-eau et lampes électriques). Le montant total du projet est de 838 273 932 FCFA dont une participation du FDE à hauteur 755 000 000 FCFA.

Egalement le lancement du « Projet d’élaboration d’un code d’efficacité énergétique dans les bâtiments ». Ce projet vise à élaborer un code régional d’efficacité énergétique (EE) qui servira de modèle pour l’intégration des exigences minimales en matière d’EE dans les normes de construction des bâtiments neufs des Etats membres de l’UEMOA. Le montant total est de 1 241 098 794 de FCFA dont une participation du FDE à hauteur de 1 045 000 000 FCFA millions FCFA. La durée du projet est de deux ans.

Il est à noter que, pour la mise en œuvre des deux projets, des Conventions ont été signées avec l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD) et ECONOLER.

Pour le Développement de pôles énergétiques, en raison de la répartition inégale des ressources énergétiques des Etats membres de l’UEMOA et de la faible taille des marchés nationaux de l’énergie, une approche régionale est privilégiée pour permettre (i) une mise en valeur concertée des ressources énergétiques là où elles sont abondantes, en vue de tirer profit des économies d’échelle, (ii) le commerce de l’électricité et des services énergétiques au sein de l’Union, notamment grâce aux pôles énergétiques sous régionaux (iii) la réduction des coûts d’approvisionnement en énergie (iii) l’accroissement de la part des sources d’énergies renouvelables et alternatives dans le bouquet énergétique.

Au niveau de la transition énergétique, la Commission a réalisé une étude visant l’installation de centrales solaires de grande capacité dans les Etats membres de l’UEMOA. Cette étude a permis d’identifier cinq (05) premiers sites avec une puissance totale de 574 MWc à l’horizon 2030. En attendant l’effectivité des interconnexions électriques, l’étude recommande de limiter la puissance unitaire des installations à environ 22 MWc sur les premiers sites identifiés à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal soit au total 110 MWc à installer pour les premières générations de centrales solaires.

EA : Cette ambition et celle d’accroître à 82 % la proportion d’énergies renouvelables dans le parc énergétique au sein de l’UEMOA, n’ont-elles pas été trop optimistes ?

CHS : Je rappelle que cet objectif visant à atteindre 82 % de production d’électricité à base d’énergies renouvelables, d’ici 2030, intègre l’hydroélectricité qui représente aujourd’hui plus de 36 % de l’électricité produite. Au regard des énormes potentialités en hydroélectrique, en solaire, en biomasse et en éolien dans la zone UEMOA et les perspectives de réduction du coût des équipements pour le solaire, je pense bien que cet objectif n’est pas hors de portée.

A cela, il faut ajouter les énormes efforts engagés par la Commission de l’UEMOA. Je veux citer, à titre d’exemple le projet d’installation de cinq (5) centrales solaires pilotes de grande capacité, la mise en place de stratégie visant une implication plus accrue des investisseurs privés (FRAED), la mise en place d’un cadre réglementaire et incitatif pour le développement du marché d’énergies renouvelables, sans oublier les actions majeures des Etats membres.

EA : Verra-t-on naître dans l’UEMOA des projets de grande envergure dans le solaire, comme il en existe par exemple au Maroc ?

Le Projet Marocain de l’Energie Solaire est un projet qui vise la mise en place à l’horizon 2020 d’une grande capacité de production de l’énergie électrique de 2000 MW à partir de l’énergie solaire se basant sur les deux technologies suivantes : Concentrated Solar Power (CSP) et Photovoltaïque.

Vu le déficit chronique que connaît notre Union en matière d’énergie électrique, j’ai déjà donné des instructions au Département en charge des questions de l’Energie d’envisager de faire une mission de prise de contact au Maroc et de visite des centrales solaires en construction avec les deux technologies solaires dont j’ai parlé tantôt. L’objectif est de prendre les dispositions pour pouvoir installer ces centrales solaires de grandes capacités dont l’énergie produite sera évacuée sur le réseau interconnecté de l’Union. C’est à cette condition que nous pouvons assurer notre développement économique et profiter aussi pour amorcer la politique de transfert des compétences.

Propos recueillis par Koumba Sodji pour le magazine ENERGIES AFRICAINES No3


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