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Politique / Investiture du Me Adrien Houngbédji à Porto-Novo : Guillaume Soro en pleine campagne présidentielle pour le président Ouattara


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En prenant part à l’investiture du nouveau président de l’Assemblée nationale du Bénin, Me Adrien Houngbédji, le Président de l’Assemblée nationale de la Côte-d’Ivoire, M. Guillaume Kigbafori SORO, s’est voulu prêter aux questions de notre confrère M. Célestin Mara de l’Ortb.  En effet, à l’investiture du président du parlement béninois, le 6ème président du parlement ivoirien, M. Soro a fait une sorte de discours programme qu’il appelle lui-même, le discours de la diplomatie parlementaire pour redonner une autre vie au Conseil de l’attente, gagner la bataille de la boucle ferroviaire, bâtir un bouclier sécuritaire contre le terrorisme, etc. Cette interview a fait l’objet d’un décryptage de son discours ce lundi 15 juin, à Porto-Novo, sur l’actualité politique au Bénin, en Côte-d’Ivoire, dans la région et en Afrique.

Monsieur le président, quel est votre regard sur le fonctionnement de la démocratie béninoise ?

Ph/DR- Guillaume Soro, le président de l'Assemblée nationale de la Côte-d'Ivoire.

Ph/DR- Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale de la Côte-d’Ivoire.

Guillaume K. Soro : Pour donner un avis de l’extérieur, je voudrais d’abord, profiter de votre occasion pour adresser mes salutations et remerciements au peuple béninois. Vous savez, ça fait un peu plus de dix ans, que je n’avais plus foulé le sol béni du Bénin. Donc je suis très heureux d’être dans ce pays et je veux être reconnaissant à ce peuple. Ensuite, mes salutations aux plus hautes autorités en commençant par le président de la République,  Son Excellence, Yayi Boni qui nous a fait l’honneur d’une audience tout à l’heure. Je n’oublierai pas mon ami, mon doyen, mon collègue, le président Adrien Houngbédji que je connais de très longue date, qui m’a donné l’opportunité, l’occasion d’être ici à l’occasion de son investiture.

Ceci dit, j’ai quelque chose qui est moins connu des Béninois ; dans les années 2001 – j’ai séjourné dans le cadre de mon exil – dans la clandestinité dans votre pays. Mais ça c’était une autre vie.

Pour revenir sur votre question sur le fonctionnement de la démocratie béninoise, je dois dire de l’extérieur, évidemment, pour l’acteur politique que je suis, nous sommes plutôt admiratifs de votre peuple. Votre combat pour construire la démocratie à la béninoise, c’est pourquoi nous montrons d’ailleurs autant de solidarité à venir ici. Notre présence, c’est un soutien à la maturité des acteurs politiques béninois et surtout pour l’encouragement de la démocratie que vous avez initié ici.

Et comment appréciez-vous la coopération parlementaire sous régionale ?

Effectivement depuis 1960, nos Etats étaient généralement régis par les partis uniques. Nous avons l’expérience  de multipartisme à partir de 1990 ; notamment en Côte-d’Ivoire pour la situation que je sais le mieux. Donc l’histoire de la diplomatie parlementaire est tout à fait récente. Ceci dit, il y a des initiatives à encourager, par exemple : le Parlement de la Cedeao, le Parlement de l’Uemoa (à mettre en place). Tous ceux-ci doivent être des instruments pour les Députés pour accompagner nos Exécutifs à la recherche du développement.

Evidemment, en ce qui concerne la Côte-d’Ivoire, nous avons beaucoup de conventions bilatérales avec certains parlements de la sous région.

Dans votre discours, vous avez mis l’accent sur un certain nombre de point ; notamment il faut redonner une nouvelle vie au Conseil de l’Entente, gagner la bataille du rail, forger un bouclier sécuritaire contre le terrorisme, etc. Qu’est-ce que les Députés africains doivent faire ?

Justement, vous savez un Etat fonctionne dans la logique de la complémentarité et c’est pourquoi dans mon discours, j’ai évoqué le Conseil de l’Entente, créé en 1959 par les pères fondateurs de nos indépendances.

Avez-vous le sentiment que ce Conseil est mort ?

Non, je n’ai pas le sentiment que le Conseil est mort mais évidemment, pendant une période, le Conseil était comme entré en léthargie.  Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est les Chefs d’Etat eux-mêmes qui ont senti la nécessité de redynamiser le Conseil.  Effectivement, le Conseil de l’Entente peut être un outil de développement économique et social pour les populations. Alors, si le Conseil de l’Entente est redynamiser et en mesure de fédérer les énergies de ses Etats, nous pourrons gagner davantage. Par exemple, la bataille des infrastructures pour la sous-région pourrait être une priorité pour le Conseil, le train qui partirait d’Abidjan à Lomé en passant par Cotonou. Ce que j’ai appelé la bataille du rail.

Aussi, nous pourrions mutualiser nos énergies pour combattre de nouveaux fléaux que nous ne connaissions pas : comme le terrorisme. Et comme je l’ai dit, le terrorisme Boko Haram, se propage dans tous les pays de façon insidieuse et personne n’est épargné. Par  plus tard ce matin (ndlr : lundi 15 juin), il y a eu un attentat en plein N’Ndjamena. Alors chez nous ici, le Conseil de l’Entente peut être un cadre privilégié, pour mutualiser nos énergies pour assurer l’intégrité et la sécurité de nos Etats.

L’actualité politique en Côte-d’Ivoire, c’est les prochaines élections présidentielles ; le mandat du président Alassane Ouattara va prendre fin bientôt. Les élections sont prévues pour Octobre 2015. Vous êtes proches du président Ouattara, alors quel bilan faites-vous de sa gestion ?

Disons qu’il faut déjà situer la prise du pouvoir, l’accession de M. Ouattara au pouvoir dans son contexte. Les élections ont été organisées en 2010 et malheureusement, l’ancien président, notamment Laurent Gbagbo avait refusé de céder le pouvoir pacifiquement au président élu. Et qu’il a fallu d’une vraie bataille, la guerre pour pouvoir permettre au président Ouattara d’entrer dans la plénitude de ses prérogatives en tant que Chef d’Etat.

Evidemment, la situation était désastreuse au plan économique, socialement, la pauvreté était accentuée avec une brutalité sans précédent dans le pays. Au plan sécuritaire, c’était le désordre puisque les forces de défense et de sécurité étaient totalement dégrénées, désorganisées. M. Ouattara prend le pays en 2011, dans une situation où la Côte-d’Ivoire était au bord du gouffre. Nous avons une décroissance de près de 7 %. Je pense que, le  bilan de M. Ouattara aujourd’hui parle pour lui.

Au plan économique, c’est une véritable réussite. Aujourd’hui, sur trois années, le Gouvernement de M. Ouattara a réussi à aller à une croissance économique moyenne de 9%. Ça, c’est important. Il a lancé un vaste chantier d’infrastructures, je suis sûr que vous en avez eu les échos même ici au Bénin.

Au plan social, beaucoup de choses ont été réalisées. Pour la sortir de la crise par exemple, M. Ouattara a décrété la gratuité des soins en Côte-d’Ivoire. Aujourd’hui, les gens ont une couverture maladie universelle. Et ça, c’est important dans le cadre du social.

Au plan politique, M. Ouattara a engagé un processus de réconciliation avec une Commission-Dialogue-Vérité- Réconciliation, qui aujourd’hui passe à une phase opérationnelle qui va envisager l’indemnisation des victimes.

Justement, quel est le résultat de cette commission ?

Cette commission bien que critiquée, est avancée. Aujourd’hui, le président Ouattara a mis en place une nouvelle structure qui va procéder à l’indemnisation des victimes. C’est important dans le cadre de la réconciliation.

Au plan diplomatique, je n’ai pas besoin de vous dire que M. Ouattara a  quand même dirigé la Cedeao pour deux années consécutivement. Et que ses paires voulaient qu’ils fassent un troisième mandat auquel il a volontairement lui-même renoncé. Donc le bilan de M. Ouattara est plus que positif. C’est un bilan qui parle pour lui-même.

Ajouté à ce bilan qu’il ait réussi à faire de grandes coalitions qui regroupent en son sein les plus grands partis politiques représentatifs de la Côte-d’Ivoire. Je pense que, à mon humble avis, il devrait avoir des chances de gagner l’élection d’Octobre 2015.

Puisque le Parlement que vous représentez a pu jouer son rôle convenablement, c’est-à-dire contrôler l’action du gouvernement ou vous apparaissez comme une caisse de résonnance.

Disons que, après la crise ce que vous devez savoir, c’est que depuis 2005, il n’y avait plus de parlement légitime et légal en Côte-d’Ivoire. Puisque le mandat des parlementaires, c’est 5 ans. Et l’Assemblée bien que maintenue en fonction n’avait pas été renouvelée depuis 2005. Et voyez-vous, quand M. Ouattara prend le pouvoir en Côte-d’Ivoire, le républicain, le démocrate qu’il est, est soucieux du bon fonctionnement des institutions. Il met en priorité, bien que son mandat ait été rogné et qu’en réalité, il n’ait eu accès à la plénitude de ses prérogatives qu’en Mai 2011 ; la priorité pour lui est de mettre en place, les institutions pour que l’Etat puisse fonctionner normalement. Parce que depuis 2005, toutes les institutions ne fonctionnaient plus ; elles étaient en léthargie.

Et en six mois, malgré que nous sortions de guerre, nous avions pu organiser les élections législatives pour mettre l’Assemblée nationale en place. Nous signalons que d’autres pays qui n’ont pas connu l’avant-guerre comme nous, ont mis en place leur Assemblée nationale, un an après et d’autres deux ans après. Nous six mois après la guerre, la Côte-d’Ivoire était suffisamment outillée pour organiser les élections législatives. Et l’élection législative en Côte-d’Ivoire était certifiée par les Nations Unies. Les Nations Unies ont certifié que les élections législatives en Côte-d’Ivoire réunissaient les critères standards.

Alors vous voulez savoir si notre Assemblée était une caisse de résonnance. Les députés ivoiriens n’ont pas une tête d’enregistreur. Nous sommes une institution de la République. La République donc fonctionne avec des institutions et nous sommes jaloux des prérogatives de notre institution. Nous faisons notre travail dans la limite des prérogatives constitutionnelles qui nous ont été confiées et l’Assemblée ne peut pas seulement être une caisse de résonnance.

M. le président, revenons sur le scrutin d’Octobre prochain, certaines opinions pensent que c’est un scrutin sans enjeu puisque M. Alassane Ouattara a reçu le soutien du PDCI. Qu’en pensez-vous ?

Ah non ! Il n’y a pas de scrutin sans enjeu. Je pense effectivement comme beaucoup d’Ivoiriens que M. Ouattara a de grandes chances de gagner l’élection. C’est quelqu’un qui aime les choses bien faites. Effectivement son objectif, c’est de gagner l’élection au premier tour. Mais attention, il veut gagner cette élection avec un taux de participation plus honorable. (…)…

Transcription : Aline Assankpon


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