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Rapport de la Banque mondiale sur l’emploi des jeunes en Afrique sub-saharienne : Instaurer une politique efficace d’emploi des jeunes


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Le Directeur des opérations à la Banque mondiale, M. Ousmane Diagana a organisé le vendredi 27 juin 2014 à Abidjan (Côte-d’Ivoire), une séance de dissémination des Résultats du Rapport sur l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne à travers une visioconférence. Cette rencontre a réuni les cinq pays qui relèvent de sa compétence : la Côte-d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée et le Togo.  Ce rapport de M. Deon Filmer, se veut une nouvelle manière d’appréhender le problème avec  des solutions idoines pour permettre aux gouvernements des pays concernés de faire face à la situation des jeunes face à l’emploi.

 

Ousmane Diagana, Directeur des Opérations à la Banque mondiale

Ousmane Diagana, Directeur des Opérations à la Banque mondiale

 

Les impressions de Ousmane Diagana, Directeur des opérations à la Banque mondiale

« La problématique de l’emploi des jeunes n’est pas une fatalité »

La problématique de l’emploi des jeunes est une préoccupation majeure certes, mais pas une fatalité. Le problème de sous-emploi ou d’absence de travail dans un contexte donné n’est pas in fine. Nous devons axer nos réflexions sur la base de trois éléments fondamentaux :

Le premier élément fondamental est qu’il faut qu’on regarde de manière beaucoup plus forte, la problématique de la démographie. La croissance démographique est extrêmement forte de manière que, s’il n’est pas plus élevé que la croissance économique dans certains pays, il suffit, à un niveau tellement élevé que, lorsqu’on parle de croissance économique dans nos pays, on se retrouve à un niveau de croissance nette, tellement insuffisante et qui ne peut pas être réinvestie dans les activités qui permettent de faciliter l’accès des populations à des services de qualité, pour créer les conditions qui permettent justement à l’économie de prospérer et de générer des emplois. Donc, la dimension de la variante démographique est une question fondamentale sur laquelle nous devons regarder de très près.

Le deuxième élément fondamental est l’amélioration continue du climat des affaires. Il est clair que l’Etat pendant longtemps a été le principal pourvoyeur de l’emploi dans nos pays. Aujourd’hui et depuis quelques temps, les évidences ailleurs, dans le monde, les résultats nous prouvent que l’Etat n’a pas pour vocation de créer l’emploi. L’Etat doit aider les investisseurs privés. Quel type d’emploi faut-il pour créer des conditions d’attraction ?

Le troisième élément, est la pertinence du système éducatif, le relevance des programmes d’éducation nationale et la gouvernance au niveau de l’ensemble du système éducatif. Lorsqu’on a des compétences avérées, des outils du système scolaire qui permettent de répondre au besoin du marché du travail, on a des chances d’être employé ou de se faire employer. Ces trois éléments sont des sujets de réflexion qui vont nous permettre de trouver des solutions idoines à la problématique de l’emploi qui n’est pas une fatalité.

 

En effet, par le biais d’une publication conjointe, l’Agence française de Développement (AFD) et la Banque mondiale, ont présenté en grand volume et en abrégé, le nouveau Rapport sur l’Emploi des jeunes en Afrique subsaharienne. Les travaux de ce rapport ont été dirigés par un groupe d’Experts de la Banque mondiale conduite par M. Deon Filmer, principal auteur.

Après une brève présentation du nouveau rapport dudit rapport, par le Directeur des opérations à la Banque mondiale sur ses tenants et aboutissants, M. Deon Filmer, l’Economiste en chef  à la Banque mondiale, l’auteur principal a procédé à la présentation de son ouvrage.

Selon le rapport, l’Afrique Subsaharienne est la région qui compte plus de jeunes soit plus de la moitié de la population ayant moins de 25 ans. Au cours de la prochaine décennie, environ 11 millions de jeunes Africains feront chaque année leur entrée sur le marché du travail qui n’arrive plus à contenir la demande.  Entre 2015 et 2035, il y aura chaque année 500.000 jeunes de quinze ans de plus que l’année précédente. Pendant ce temps, la population sera vieillissante dans le reste du monde. Il s’agit d’une opportunité sans précédent car la structure de la population d’Afrique subsaharienne est différente de celle des autres régions selon les analystes.

Assurer la transition vers un emploi productif

Des millions d’emplois productifs et bien rémunérés devront être créés afin de stimuler la croissance économique, réduire de façon significative la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. C’est le constat que fait la Banque mondiale dans ce rapport sur l’emploi des jeunes dans la région. L’on retient qu’au cours des deux dernières décennies, la part de l’agriculture dans le PIB s’est contractée en Afrique sans avoir été remplacée par le secteur manufacturier.

En effet, selon le rapport, dans un avenir proche, près de 80% de la main-d’œuvre continuera à travailler dans de petites exploitations agricoles et des activités individuelles ou familiales de petites tailles. L’Etat désigné comme  Secteur salarié formel doit, dès lors, créer les conditions dès la base, à travers le système éducatif ; car ne pouvant pas générer suffisamment d’emplois pour résoudre la problématique de l’emploi des jeunes.

Le rapport souligne que le continent pourrait grandement profiter d’une main d’œuvre jeune et qualifié, à condition que les Gouvernements africains investissent dans l’éducation et la formation professionnelle des jeunes. Les secteurs pouvant absorbés cette main d’œuvre abondante sont l’industrie manufacturière, les services et l’agriculture. Il s’agit des secteurs traditionnellement à haute intensité de main-d’œuvre, capables de générer des emplois productifs pour les jeunes. La mauvaise qualité de l’enseignement freine directement la productivité et empêche les individus  d’acquérir de nouvelles compétences.

Des actions prioritaires à entreprendre pour s’attaquer au défi de l’emploi des jeunes

Après avoir analysé étape par étape, l’emploi des jeunes et ses contours, M. Filmer projette quelques actions requises pour affecter la cohorte actuelle des jeunes et les futures cohortes de jeunes.

Agriculture : le gouvernement doit promouvoir les marchés de location des terres ; piloter des programmes de transfert intergénérationnel de terres ; appuyer les services de vulgarisation agricole de qualité liés à la demande (couvrant l’information et les compétences)  et lier le crédit agricole aux services de vulgarisation agricole.

Agriculture et entreprises familiales : Entre autres ; l’Etat doit promouvoir les associations villageoises d’épargne et de crédit et les groupes d’entraide ; promouvoir l’inclusion financière pour les ménages ; utiliser les programmes de filets sociaux comme un vecteur de mise en œuvre d’interventions destinées aux jeunes défavorisés ; développer une stratégie nationale visant l’expansion  et la productivité, en tenant compte de l’avis des jeunes et des propriétaires d’entreprises familiales ; s’appuyer sur des Ong pour réaliser des interventions intégrées qui aident les jeunes défavorisés à se lancer dans le secteur en s’attaquant à des multiples contraintes (par exemple : développer conjointement un ensemble de compétences, ou développer des compétences tout en assurant un accès aux financements.

Secteur de l’emploi salarié moderne : Là, il convient de réduire le coût des services d’infrastructures en assurant la qualité et l’efficacité ; s’attaquer au goulot d’étranglement dans la logistique ; réduire la corruption et le coût de démarrage des entreprises ; réformer l’enseignement  et la formation technique et professionnelle et instaurer des partenaires public-privé pour offrir des formations liées à la demande.

Mesures transversales : Comme mesures transversales, la sensibilisation sur les possibilités et voies d’insertion vers les activités indépendantes, surtout pour ce qui concerne les jeunes femmes ; l’éducation de la deuxième chance pour les compétences de base doit aussi être envisagé pour les non scolarisés ou les déscolarisés.

Cette présentation a été suivie d’une séance d’échanges sur la pertinence et l’applicabilité des résultats du rapport régional aux contextes des pays participants et le rôle que pourrait jouer la Banque mondiale pour appuyer les efforts des Gouvernements.

Aline ASSANKPON


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