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Burkina Faso / Politique : Nous l’imposerons t-ils par la baïonnette?


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Aujourd’hui, le Burkina a mal, très mal à son Faso. Il peine à faire l’économie de l’exigence souveraine de la justice, du désir profond d’un mieux être, d’un mieux vivre, d’une meilleure gouvernance.

 

Ph/ Dr - Blaise Compaoré, président du Burkina Faso

Ph/ Dr – Blaise Compaoré, président du Burkina Faso

Nous l’avons dit et nous le répèterons à souhait, le président Compaoré s’est « réveillé » l’après-midi d’un jeudi  15 octobre 1987 pour se retrouver au pouvoir. Ce quinze n’était certainement pas une journée électorale. Depuis, il a régné par des méthodes diverses allant de la corruption à des moyens de contrainte musclés. Mais comme l’enseigne le bon sens, « aussi longue que soit la nuit, le jour finit par se lever ». Et le jour s’est levé avec une affirmation citoyenne et des exigences.

 

Pas question de modifier l’article 37 de la Constitution, pas question de mettre en place un Sénat. Demander au Président de satisfaire  ces exigences-là, c’est lui dire de renoncer au pouvoir acquis de « haute lutte » et conservé par la force.  Et cela, aucun signe n’indique que lui et les oligarchies qui l’entourent sont prêts à le faire. Bien au contraire, il vient de l’exprimer clairement à travers la pseudo-médiation conduite par l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo.

 

En effet, que proposent ces médiateurs ou plutôt quel est le message dont-ils se veulent porteur ?  Pour « une transition démocratique apaisée », il faut offrir au prédident Compaoré, une rallonge de son mandat d’un minima de 2 ans après 2015, mettre en place son Sénat « réaménagé et consensualisé ». En contrepartie, il aura l’immense générosité de ne pas modifier l’article 37.

 

L’indécence d’une telle offre se dispute le mépris et la forfaiture qui la sous-tendent. Mais mieux que ces caractères précités, cette offre est guerrière et contient une menace à peine voilée. Sa non acceptation conduit irrémédiablement à « une transition démocratique violente » où ceux qui sont à l’origine du creux de vague dans lequel le pays se trouve, avec leur air dédaigneux et leurs bouches obséquieuses, pensent s’en sortir.

 

Mais enfin que veut l’importante masse critique du peuple si ce n’est tout simplement le respect de ses droits démocratiques ? S’il y a une quelconque transition à préparer ou à faire, c’est maintenant qu’il faut la faire pour le terminer en 2015 et partir. Le mandat finit en 2015 et sa continuité serait de nouveau une violation flagrante de la Constitution.

 

On l’aura compris, la pseudo-médiation participe du dilatoire et de la fumigation pour faire baisser le mercure politico-social et donner le temps d’organiser une riposte ( ?). Mais quelle riposte ?  On peut comprendre que lorsqu’une mauvaise gouvernance a contribué à une dégradation continue des conditions de vie de la population, qu’elle capitalise aussi bien des crimes de sang que des crimes économiques, ses tenants soient angoissés par la question de leur départ.

 

Mais que sur cette question angoissante pour eux, ils veulent élaborer une stratégie de « résistance » relève de calculs politiques mesquins de courte vue.

Une telle stratégie ne peut reposer que sur l’option et l’utilisation de la force.

 

Reste que la force a ses revers et ses travers. On l’a vu lors des chaudes journées des 14 et 15 avril 2011 ; la force s’est retournée contre le Roi, l’a dénudé  et l’a contraint à la fuite. La plus grande force reste celle du peuple qui se traduit par le respect des textes et lois de la République, par le bon fonctionnement d’une justice qui est le ciment de la cohésion sociale, par l’engagement de forces de défense et de sécurité de protéger au prix de leurs vies la patrie.

 

Le vieux et vrai sage Hampaté Bâ disait que : ‘’le pouvoir est comme de l’alcool. Après le premier verre, on est joyeux comme un agneau. Au second, c’est comme si on avait mangé du lion. On se sent si fort qu’on n’accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde comme le lion dans la savane. Au troisième verre, on est comme le cochon, on ne peut faire que des cochonneries…’’

 

Le premier degré correspond à la période où le chef se prenant pour un monarque absolu, devient redoutable. Mais alors, il n’est que craint. Enfin, quand le chef atteint le troisième degré de son pouvoir, il est non seulement craint mais détesté par son peuple’’.

 

A quel degré est-on ? Certes, on peut se « bunkeriser » autant que faire se peut, accumuler tout l’armada possible, mais cela restera toujours insignifiant face à la volonté d‘un peuple pour qui la démocratie exige le respect de la loi et de la Constitution et ne demande en aucun de ses chapitres ou compartiments aux citoyens d’assister massivement à la dégénérescence sociale, à la destruction du pays.

 

Respecter le texte fondamental et les institutions qui en découlent est le meilleur des choix. Ne pas le faire aussi est un choix. Chaque choix a son prix.

Cheriff  Sy


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