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Consultation internationale du Groupe ACP-UE avec la région ouest-africaine : repositionner les ACP après 2020 pour un partenariat viable


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Le Groupe Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP), les représentants de l’Union européenne et le groupe d’éminentes personnalités mis sur pied en 2013 pour réfléchir sur le devenir des relations ACP-UE ont initié les premières consultations régionales du continent, notamment celle de la région ouest-africaine du 15 au 17 janvier 2014 à l’Hôtel Maria de Cotonou (Bénin) en vue de formuler des recommandations au Groupe ACP.

Photo : Olusegun Obasanjo Légende : Olusegun Obasanjo, président du groupe des Eminentes personnalités

Photo : Olusegun Obasanjo
Légende : Olusegun Obasanjo, président du groupe des Eminentes personnalités

En effet, l’année 2020 marquera la fin des Accords de Cotonou ou accords ACP-UE signés en 2000. C’est l’occasion de lancer les réflexions sur les relations entre l’Union européenne et les ACP après 2020 ; envisager la poursuite du partenariat au-delà de 2020 en tenant compte des nouveaux paradigmes.

L’Union européenne est en effet un partenaire important qui demeure toujours attaché à ce partenariat. Seulement, le contexte international a changé marqué  par de profondes mutations politiques économiques et sociales ont induit de nombreuses réformes auxquelles il faut des actions vigoureuses pour repositionner les ACP.

C’est dans ce sens que le Groupe des éminentes personnalités mises en place en 2013 a entamé des consultations générales en vue de formuler des recommandations au Groupe Afrique Caraïbes et Pacifique (ACP). « Je ne veux pas revisiter les termes de référence du jeu, sinon il s’agit d’une évaluation critique, des fruits des recommandations faites par le Groupe des Ambassadeurs sur les perspectives d’avenir du Groupe. Il s’agit aussi des études pertinentes des consultations des ACP » a déclaré Olusegun Obasanjo, président du Groupe des éminentes personnalités.

Le partenariat entre l’Union européenne et les ACP est basé sur des intérêts mutuels. Pour les ACP, il est centré sur l’objectif de voir réduire ou d’éradiquer la pauvreté a relevé Olusegun Obasanjo. Ces objectifs sont encore d’actualité et vont inspirer les stratégies à développer à l’avenir. Il faudra un partenariat qui génère une croissance soutenue ; la croissance d’emplois ; un partenariat qui appui l’intégration des économies régionales  et promue le respect des droits de l’homme.

Pour réussir l’élaboration d’une telle stratégie et entrer à nouveau en partenariat avec l’Europe, le Secrétaire général du Groupe des ACP, Aladji Mouhamad Moumouni suggère également de passer en revue les antécédents historiques entre les pays ACP et l’Union européenne.

La majorité des Etats ACP sont des PMA et représente 2 % PIB mondial

En réalité, depuis le traité de Rome en 1957, l’Union européenne est le partenaire privilégié des pays ACP. « Les relations entre le Groupe ACP et l’Union européenne sont donc anciennes et constituent de l’avis de beaucoup d’observateurs ; le modèle de partenariat Nord-Sud le plus vaste, le plus ancien et le mieux structuré, le plus efficace basé sur des liens historiques, géographiques. Des valeurs partagées telles que la démocratie, les valeurs du monde libre, le respect des valeurs des droits de l’homme, l’Etat de droit, la bonne gouvernance, le dialogue politique et des obligations mutuelles en vue d’un développement éco-responsable » a déclaré Dr Boni Yayi à l’ouverture des travaux

Mais malgré ces avantages force est de souligner que la majorité des Etats ACP est classée dans la catégorie des pays des moins avancés de la planète, représentant ici seulement 2 % du Produit intérieur Brut (PIB) mondial contre 28 % pour l’Union européenne ; 27 % pour la Chine par exemple.

Cette consultation régionale pour l’Afrique de l’Ouest intervient après celle des Caraïbes et du Pacifique. Il s’agit donc de large consultation pour prendre en compte tous les défis ; ceux liés à la paix, à la sécurité, au règlement de nombreux conflits en Afrique ne seront pas occultés.

Pour le président Boni Yayi, 80 nations composent cette organisation qui a réussit à assoir une coopération Nord-Sud. Mais qu’avons-nous fait de cette force de nombre que nous constituons ?  Existe-t-il réellement aujourd’hui un mouvement d’identité ACP partagé par toutes les composantes et fondé sur les valeurs et des objectifs communs ? Le groupe ACP garde-t-il encore sa pertinence dans son état actuel ? Existe-t-il réellement un partenariat intra-ACP soutenu par des liens, des institutions et des échanges sur le plan politique, économique, culturel, scientifique, touristique, technologique ?» se questionne le président béninois.

A ces préoccupations, la consultation du Groupe des éminentes personnalités a apporté des réponses à travers les différents panels. Des réponses qui permettront de parvenir à des propositions concrètes visant à mieux forger les peuples d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Elles permettront également de tenir compte de la nouvelle stratégie de la question du chômage des jeunes et des femmes.

Les consultations de Cotonou sont les premières sur le continent africain pour des options innovantes et réalisables dans le financement autonome du groupe ACP. Il s’agit d’une évaluation critique du bilan des trente huit années d’existence du Groupe Afrique Caraïbes et Pacifique.

ACP-EU

Quelques recommandations

L’issue des trois jours de réflexions débouche sur des réformes qui devront notamment apporter une attention particulière au renforcement de grands ensemble et au processus d’intégration en cours dans la région ouest-africaine. La mise en valeur et la diversification des économies ainsi que le renforcement de la coopération et de la solidarité intra-ACP.

Il a été également souligné la nécessité de voir le cadre juridique, institutionnel du groupe, de manière à l’adapter aux réalités du monde contemporain ; la nécessité de réinventer le Groupe ACP après l’expiration de l’accord de Cotonou en l’an 2020 avec l’option des concepts et paradigmes de développement ; la création des liens économiques plus forts entre les Etats membres en développant les relations commerciales et les investissements intra-ACP  en promouvant le partage de connaissances, de compétences et d’expertises techniques entre les Etats membres dans une dynamique de coopération Sud-Sud rénovée.

Il a été également question d’associer de plus en plus, les acteurs principaux ; notamment : Gouvernement, parlement, société civile, secteur privé, institution régionale, universitaires des six régions du Groupe ACP à cette réflexion en vue de prendre en considération les attentes réelles et établir par la même occasion la visibilité de l’organisation dans les six régions notamment l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est, l’Afrique australe, les Caraïbes et la Pacifique.

Enfin, ces consultations de Cotonou seront prises en compte dans les termes de référence du rapport qui sera présenté au sommet du Groupe ACP  en décembre prochain dans la région des Caraïbes.

 

Ph/ Dr - Président Boni Yayi : « Nous supplions nos partenaires d’écouter nos négociateurs sur les questions des APE »

Ph/ Dr – Président Boni Yayi : « Nous supplions nos partenaires d’écouter nos négociateurs sur les questions des APE »

 

Les Accords de Partenariat économique (APE) sur la sellette

Pour le président Boni Yayi, ces consultations interviennent à un moment crucial et déterminant pour le groupe et son devenir.

Le groupe ACP depuis quelques années évolue dans une grande incertitude en ce qui concerne l’avenir de son partenariat avec l’Union européenne. Certes, tout le groupe ACP est attaché à ce partenariat. Mais quels peuvent être alors les fondements d’une organisation de type nouveau capable d’entretenir une meilleure coopération avec l’Union européenne pour un partenariat stratégique plus renforcé et mutuellement avantageux ?

Comment réussir ce tournant décisif par les temps qui courent où les questions des Accords Partenariat économique (APE) soient à l’ordre du jour. « Nous sommes sur le chemin d’aboutir à un résultat. C’est le souhait que nous formulons et c’est pour cela que nous demandons à nos chers partenaires, franchement de nous écouter et d’écouter nos négociateurs sur certains éléments qui encore attendent une réponse appropriées » a indiqué le président Boni Yayi dans son discours d’ouverture.

Très attachée à ce partenariat, l’Afrique de l’Ouest attende des réponses claires sur un certain nombre de questions ; notamment la durée de l’ouverture du marché ;  le financement du développement (de manière à faire en sorte que les APE soient de véritables instruments de développement et non seulement de libre échange); les clauses d’exécution ; la clause de la nation la plus favorisée, etc.

 

Aline ASSANKPON


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