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Interview – Energies renouvelables : « En Afrique, la subvention aux carburants pénalise l’essor des énergies renouvelables »


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Arborescence Capital est spécialisé dans la conception, la structuration, la mise en place, la négociation et la gestion d’instruments de financement requis par les projets d’infrastructures du secteur énergétique. Jaona Ravaloson détaille les conditions qu’un pays africain doit réunir pour permettre l’essor des énergies renouvelables.

Agence Ecofin : quelles entités accompagnez-vous généralement ?

Jaona Ravaloson : Nous disposons d’une expérience solide en matière d’accompagnement et de conseil dans les projets promus par des entreprises, des agences gouvernementales ou des institutions internationales. Arborescence Capital a établi des partenariats avec des établissements financiers et des investisseurs, ce qui facilite les levées de fonds nécessaires. En outre, nous avons a mis en place et gérons au Luxembourg un fonds d’investissement spécialisé, Arborescence Investment, doté de différents compartiments, pouvant héberger de nouvelles unités dédiées et susceptibles de servir aux opérations de structuration financière et de levées de fonds destinés aux projets.

Il y a maintenant une année, Arborescence Capital créait un GIE avec la compagnie nationale d’électricité de Tunisie pour développer des centrales électriques de sources renouvelables. Où en est ce GIE aujourd’hui ?

Effectivement, nous avons signé avec STEG-ER, la filiale énergie renouvelable de la compagnie nationale d’électricité tunisienne, un accord de partenariat, qui constitue un des éléments de notre dispositif opérationnel sur ce marché à fort potentiel qu’est la Tunisie. Parallèlement, Arborescence Capital a créé dans ce pays une filiale spécialisée dans le développement de projets (ARB Tunisie Développement)  et lancé un fonds d’investissement (Tunisia Energy Fund, dont le gestionnaire est Amen Capital, filiale d’un des plus grands réseaux bancaires du pays, Amen Bank). L’accent est mis sur l’éolien qui est beaucoup plus concurrentiel que l’énergie solaire, compte tenu de la structure tarifaire actuelle.

Avez-vous conclu d’autres partenariats de ce type en Afrique ?

Au Tchad, nous faisons partie d’un consortium qui a signé avec Société Nationale d’Electricité et le gouvernement une convention de vente d’électricité sur une puissance à installer qui va jusqu’à 100 MW d’énergie solaire photovoltaïque.

Ailleurs, nous avons des agents et des représentants qui sillonnent le terrain. Cependant peu de pays africains disposent de cadre juridique et de schéma institutionnel permettant de réaliser, avec la sécurité requise par les investisseurs internationaux, des projets d’envergure d’énergie renouvelable. Ce qui rend difficiles les négociations et élevé le coût d’approche, alors même que les besoins sont énormes et le gisement solaire très riche.

La réduction générale des soutiens publics à l’énergie solaire a-t-elle affecté votre activité ?

: En Europe, oui. Puisque l’économie des énergies renouvelables est encore très dépendante des feed-in tariffs (des prix préférentiels plus élevés que le coût moyen pondéré de production et de vente de l’électricité du réseau).

En Afrique, c’est la subvention accordée aux énergies conventionnelles (produites généralement à partir du fuel ou du gas oil) qui est pénalisante pour l’essor des énergies renouvelables. Si les énergies conventionnelles ne bénéficiaient pas de subventions, les énergies renouvelables deviendraient très compétitives et résoudraient en grande partie le déficit énergétique de nombre de pays. Sans que cela ne coûte un kopeck au budget des Etats et n’érode davantage le pouvoir d’achat des usagers. Entreprises et classe moyenne africaines accepteraient de payer le juste prix de l’électricité du réseau pour éviter les délestages et l’utilisation de groupes électrogènes de secours extrêmement coûteux.

La garantie souveraine est-elle une condition impérative pour réussir vos montages financiers ?

C’est une condition nécessaire mais pas suffisante. Le rating des débiteurs souverains africains n’est pas assez élevé et nécessite un renforcement. De plus, les modalités de mise en jeu de la garantie souveraine ne sont pas toujours optimales. Au-delà des systèmes de garantie proposés par les institutions internationales de financement du développement (MIGA de la Banque mondiale ou PRG de la Banque africaine de développement), il y a lieu de penser et de mettre en place, en coopération avec la communauté internationale, des mécanismes de garantie standardisés et packagés, facilitant l’afflux de capitaux privés vers les projets d’infrastructures en Afrique.

Quelle(s) autre(s) condition(s) un pays africain doit-il satisfaire pour financer une centrale d’énergie renouvelable

Les projets d’infrastructures d’énergie renouvelable peuvent être installés rapidement ont une portée immédiate et sont basés sur des technologies éprouvées et faciles à maîtriser. Cependant, ils s’amortissent sur une durée longue, au moins 20 ans. Il est donc nécessaire que les pays, et donc ses dirigeants et ses institutions, s’inscrivent dans une vision et une stratégie long terme et disposent d’un schéma directeur consensuel pour le développement de leur système énergétique. (Agence Ecofin)

Ph: DR - Jaona Ravaloson: "Les projets d'infrastructures d'énergie renouvelable sont basés sur des technologies éprouvées et faciles à maîtriser..."

Ph: DR – Jaona Ravaloson: « Les projets d’infrastructures d’énergie renouvelable sont basés sur des technologies éprouvées et faciles à maîtriser… »


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