Une association de compagnies pétrolières actives au Nigeria a estimé, le 22 août, que le premier pays producteur de brut en Afrique risque d’enregistrer un manque à gagner de 185 milliards de dollars sur dix ans en raison d’un nouveau projet de loi sur la restructuration de l’industrie pétrolière prévoyant de mesures fiscales très sévères.
«Les impôts très élevés proposés par la nouvelle loi vont dissuader les investissements dans l’industrie pétrolières du pays», a ajouté l’association Oil Producers Trade Section, qui regroupe des majors étrangers comme Shell, ExxonMobil et Total.
« La production de pétrole au Nigeria qui est actuellement de l’ordre de 2,4 millions de barils par jour pourrait s’effondrer de 25 % si la loi sur la restructuration de l’industrie (Petroleum Industry Bill) était mise en œuvre », a prévenu le directeur général de la filiale nigériane du groupe américain ExxonMobil. M. Ward, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse tenue à Lagos, a également indiqué que les sociétés pétrolières sont « profondément préoccupées » par les nouvelles mesures fiscales qui « risquent de créer l’un des régimes fiscaux les plus sévères au monde ».
Le projet de loi controversé a été élaboré en août 2012 par la ministre du Pétrole, Diezani Alison-Madueke(photo), dans le sillage de grandes manifestations contre l’arrêt des coûteuses subventions au prix de l’essence, alimentant souvent la contrebande et contre l’immobilisme du gouvernement pour réformer le secteur.
Le projet de 223 pages que le Parlement doit examiner dans les mois à venir prévoit notamment de nouveaux impôts pour l’industrie du pétrole et une restructuration de la Compagnie nationale des hydrocarbures NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation), minée par la corruption.
Les impôts sur les bénéfices seront de 25% sur la production off-shore et de 50% sur la production continentale, en plus des 30% d’impôts sur les sociétés, en vigueur au Nigeria. S’y ajouteront les royalties (actuellement 10% off-shore et 20% on-shore).
Les entreprises devront aussi payer 10% sur leur bénéfice net pour alimenter un fonds destiné aux habitants des régions des zones d’extraction, en particulier le Delta du Niger (sud). (Ecofin)