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Interview du Dr Dramane Abdoulaye, Directeur du Centre d’Analyses des Politiques et Développement (CAPOD) au Ministère du Plan et du Développement: « Cette initiative doit poursuivre son chemin et ne doit pas prendre fin en si bon chemin ».


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Dr Dramane Abdoulaye, Directeur du Centre d’Analyses des Politiques et Développement (CAPOD) au Ministère du Plan et du Développement

Dr Dramane Abdoulaye, Directeur du Centre d’Analyses des Politiques et Développement (CAPOD) au Ministère du Plan et du Développement

Directeur du Centre d’Analyses des Politiques et Développement (CAPOD) au Ministère du Plan et du Développement, M. Dramane Abdoulaye est un expert des politiques de développement dont la politique agricole au Bénin. A la table ronde nationale de Bohicon, il a pris une part très active et a eu l’opportunité de faire une présentation sur le thème : « Les Défis politiques agricoles pour une croissance économique inclusive et Emploi des jeunes en milieu rural au Bénin ».

(Propos recueillis par : Aline ASSANKPON)

L-Integration.com : Monsieur le Directeur, au terme de cette table ronde dont vous avez pris une part très active  à travers vos contributions, que peut-on retenir concrètement ?

Dr Dramane Abdoulaye : C’est une belle opportunité que nous a offert la Konrad Adenauer Stiftung  pour participer pendant trois jours à la table ronde sur la sécurisation foncière et l’accès des femmes à la terre et aux ressources. Moi j’ai retenu que la terre est une ressource économique et un facteur important aussi bien pour la collectivité et que pour l’individu. Parce que la terre nous sert de logement, des activités agricoles et des activités génératrices de revenus et les femmes sont plus actives dans cette sphère-là. Malheureusement selon le poids de nos traditions, la femme n’arrive pas à accéder à l’héritage, à la terre et selon les statistiques durant les travaux, nous avons vu que 2% seulement arrivent à avoir accès à la terre par l’héritage. Ce qui est problématique quand on sait le rôle joué par la femme dans la communauté.

Donc à travers cette table ronde, j’ai compris que les différentes parties prenantes ont des actions à mener surtout au niveau des Osc. Ils doivent mener une synergie d’actions, une collaboration entre les Ong qui interviennent dans la même zone pour éviter les activités conflictuelles. L’Etat doit avoir également sa participation à jouer de même que les PTF doivent accompagner les Osc et les collectivités locales. Tous les acteurs sont interpellés pour que chacun puisse jouer sa partition afin de rendre effective les nouvelles dispositions du code foncier et domanial qui disposent d’un égal accès à tous (homme et femme). Donc vivement que les dispositions de ce code soient vulgarisées pour le bien de tous.

Vous avez fait une communication sur le développement de l’agriculture, la croissance inclusive et l’emploi des jeunes au Bénin, si vous devez revenir sur les grandes lignes de votre présentation, que diriez-vous ?

Dans notre communication nous avons essayé de faire un état des lieux sur les différentes politiques agricoles menées au Bénin depuis l’indépendance jusqu’à nos jours ; à ce titre, il faut retenir qu’il y a quatre grandes périodes sur lesquelles je ne voudrais pas y revenir. Mais retenons qu’aujourd’hui, nous sommes à une phase où nous avons deux documents très importants à savoir au niveau du Bénin, le Plan stratégique de Développement du Secteur agricole (PSDSA) et au niveau régional, le Programme National d’Investissement agricole et de Sécurité alimentaire et Nutritionnelle  (PNIA- SAN). Ces deux documents servent de boussole en matière de politique agricole du Bénin.  Si nous regardons également le Programme d’action du Gouvernement, il y a cinq (5) projets phares élaborés dont la mise en œuvre devrait permettre de résoudre la question de l’autosuffisance alimentaire, de sécurité alimentaire et permettre au Bénin d’avoir une croissance économique souhaitable.

Après l’état des lieux, nous avons fait le lien entre la croissance inclusive et l’emploi des jeunes. A l’étape actuelle des faits, les statistiques montrent que l’économie béninoise n’est pas suffisamment inclusive, du fait d’une grande partie de la population qui est encore dans la pauvreté. La croissance inclusive suppose deux éléments essentiels : la participation au profit de la production et la redistribution des fruits issus de cette production c’est-à-dire la répartition de la richesse. Et lorsqu’il y a des poches de pauvreté, ce qui veut dire que la richesse n’est pas bien répartie. A partir de ce moment-là, il y a un impact sur le bien-être de la population.

Par ailleurs, plusieurs facteurs limitent l’accès des jeunes à la terre ; ce qui ne les rend pas plus autonomes. Lorsqu’on parle des jeunes, il s’agit bien des hommes et femmes. Dans cette couche, les femmes sont également marginalisées ; il va falloir que les situations soient beaucoup plus inversées de manière à ce que la femme soit prise en compte et puisse accéder à la terre.

En conclusion, nous avons montré que cette tendance de non-inclusivité de la croissance économique  peut être inversée si les contraintes et les défis qui sont liés à la problématique de l’accès des femmes à la terre et aux ressources sont pris en compte et levés.

Communicateur mais aussi participant, avez-vous le sentiment que les objectifs des organisateurs de cette table ronde pourraient être atteints aux termes de ce conclave de trois jours ?

Je crois bien que les objectifs seront atteints. Je vous fais une confidence, je me demandais quand je venais à Bohicon, ce qu’on allait se dire durant trois jours et je me questionnais sur l’importance de ces trois jours. Mais j’avoue qu’aux termes de cette table ronde,  je suis vraiment satisfait et j’ai appris beaucoup de choses : d’abord, au niveau des nouvelles dispositions du Code foncier et domanial et la problématique de l’accès des femmes à la terre. C’est une problématique très importante qui touche même le développement local. Donc, c’est vraiment une initiative à rééditer et à multiplier.

J’ai été aussi content d’être en compagnie des femmes leaders auprès desquelles j’ai beaucoup appris à travers des témoignages. J’ai vu comment elles sont battantes. C’était très enrichissant ce champ du donner et du recevoir ; on n’a pas été juste communicateur, mais on a été aussi participant.  Les échanges ont été très fructueux ; pour moi, cette initiative doit poursuivre son chemin et ne doit pas prendre fin en si bon chemin.


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