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Interview de M. Bertrand Yèhouénou, Secrétaire permanent de Synergie paysanne: « Nous voulons avoir un taux de pénétration apprécié par rapport à l’information… »


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Ph:DR-: Monsieur Bertrand Yèhouénou, Se"crétaire permanent de Synergie paysannce (Synpa)

Ph:DR-: Monsieur Bertrand Yèhouénou, Se »crétaire permanent de Synergie paysannce (Synpa)

La Synergie paysanne (Syndicat national des paysans au Bénin – Synpa) en collaboration avec la Konrad Adenauer Stiftung a sillonné du 11 au 14 Septembre 2018 les Communes de Djidja, Zangnanado, Covè et de Ouinhi. Objectif, faire un briefing sur la sécurisation foncière et l’accès des femmes à la terre aux élus locaux de ces différentes localités du département du Zou. Aux termes des journées d’information, le Secrétaire permanent du Synpa, Bertrand Yèhouénou  nous livre ici ses impressions.

(Propos recueillis : Aline ASSANKPON)

 L-intégration.com : Monsieur Bertrand Yèhouénou, avez-vous le sentiment que vos attentes, en organisant ces quatre journées de briefing, sont comblées ?

Monsieur Bertrand Yèhouénou : Oui ! On peut dire que les attentes sont comblées parce qu’on a vu l’intérêt que les élus locaux surtout les chefs de villages qui sont majoritairement représentés, les chefs d’Arrondissement qui sont aussi venus, certains se sont fait représenter. On a vu l’intérêt qu’ils ont accordé à ces différentes activités de briefing depuis Djidja à Ouinhi en passant par Zangnanado et Covè.

La terre, c’est quelque chose de très important et constitue une préoccupation majeure dans nos localités. Voyez, c’est pour des raisons de conflits fonciers que le Maire de Covè est actuellement absent justifie le Secrétaire général de la Mairie. Ce qui veut dire que le problème est foncier est toujours d’actualité, encore plus,  le droit d’accès des femmes à la terre.

Ce que la Konrad Adenauer a initié, c’était très important du fait que les élus sont des acteurs majeurs dans le dispositif. Si on veut installer les Sections villageoise de gestion foncière (SVGF) aujourd’hui, la présence des chefs village est très importante et l’est plus que la présence des chefs d’arrondissement. Parce que les chefs village sont les présidents des SVGF et quand ils écoutent le message par rapport au Code foncier et domanial, passé par le représentant de l’ANDF (Agence nationale du Domaine et Foncier), c’est très important. Ça leur permet d’avoir l’information et de savoir que les actes qu’ils vont poser au sein des SVGF doivent prendre en compte les dispositions du Code foncier et domanial (CDF) ; ils sont ainsi éclairés.

On a aussi parlé des successions, que la femme peut hériter la terre ; ces autorités qui sont sensibilisés, briefés savent désormais à quoi s’en tenir. L’un des participants, un chef d’arrondissent a confessé qu’il a célébré un mariage le même jour et le marié a fait l’option de la séparation des biens dans les actes ; mais par méconnaissance des textes, lui le C.A aurait dit que désormais, c’est le régime monogamique avec la communauté des biens. Heureusement que sa participation à cette séance de briefing lui a permis de comprendre qu’il était en erreur et qu’il pourrait se rattraper puisque les actes de mariage ne sont pas encore délivrés. Il a compris qu’à défaut de précision, c’est le régime de séparation de bien qui est écrit et que c’est quand les conjoints demandent expressément la communauté de biens que cela est écrit dans les actes.

Cela montre déjà l’impact de ce que Konrad Adenauer est en train de faire au niveau des communautés. C’est des élus qui ont besoin de ces renforcements de capacité, d’être briefés sur les lois ; parce qu’ils sont en train de poser tous les jours des actes, ignorant correctement les dispositions légales qui les encadrent. Voilà pourquoi Synergie paysanne n’a pas hésité une  seconde à accompagner la dynamique du Konrad Adenauer pour mobilier les élus locaux pour qu’ils puissent être informés sur les différentes lois qui encadrent les actes qu’ils posent.

Il faut noter que les élus locaux ont toujours du mal à mettre en application les nouvelles dispositions juridiques du fait des intérêts politiques et pratiques ancestrales. Selon vous, quelle attitude pourraient-ils adopter pour contourner ces obstacles.

A force de parler, de répéter, de sensibiliser, ça va changer. Nul n’est censé ignorer la loi ; or, ils sont garants de la loi, c’est eux qui doivent appliquer la loi. Déjà, c’est la tradition qui a biaisé les choses et les élus au lieu de suivre la loi, essaient de suivre la tradition. Alors qu’ils ne sont pas installés par la tradition mais plutôt au regard de la loi pour laquelle, ils sont garants. Ils représentent l’Etat au niveau de leur communauté.

Et déjà, les sensibilisations du genre vont amener ces élus-là à comprendre qu’ils sont en train d’enfreindre à la loi en voulant laisser ce que la loi dit et appliquer la tradition qui dit que la femme ne peut jamais hériter la terre. Et l’élu, étant un politique, ne veut pas forcément appliquer la loi parce qu’il peut perdre son électorat. Donc, l’élu se trouve obligé de faire avec ce que la tradition dit pour toujours être en bon terme avec les gens.

Nous, notre rôle, c’est d’attirer leur attention sur ce que, ne pas respecter la loi est une faute et ils peuvent être sanctionnés en son temps. Par conséquent, ils devraient laisser la vision d’être populaire et d’être aimé de tout le monde. La loi s’impose à tout le monde. On a très bien fait de les inviter parce que l’application de la loi commence par eux d’abord. On salue vraiment l’initiative de Konrad Adenauer. Cette sensibilisation va se poursuivre également à Zè, Toffo et Tori-Bossito dans l’Atlantique. Je pense que sans Konrad Adenauer, les Organisations de la société civile doivent pouvoir, s’ils ont les moyens, continuer  dans les autres communes pour sensibiliser. Puisqu’on a vu que le besoin est là et l’initiative est à saluer.

Avez-vous un appel à lancer ?

Nos élus doivent davantage prendre le temps pour prendre part à ces séances qui doivent être répétées dans les communes de Djidja, Zangnanado,  Covè et Ouinhi. J’avoue qu’on n’a pas pu toucher tout le monde ; on n’a juste pris 30 élus par commune. C’est de répéter autant que se peut, pour toucher davantage les élus au niveau de chaque commune afin que demain, le maximum soit touché pour qu’on ait un taux de pénétration apprécié par rapport à l’information qui est en train d’être véhiculée à travers les différentes communications. Je pense que Konrad Adenauer seul, ne peut pas tout faire ; mais nous les acteurs de la société civile devrons chercher les moyens pour continuer et multiplier ces genres d’atelier histoire d’impacter véritablement les élus afin de changer quelque chose.

Imaginez, dans le monde, seules 2% des femmes ont accès à la terre et produisent 50 % de ce que nous consommons, ce qui veut dire que si on arrivait à améliorer l’accès sécurisé des femmes à la terre, on aurait véritablement réglé la problématique de la sécurité alimentaire et nutritionnelle voire de la pauvreté. C’est un enjeu fort, national que tous les citoyens toute catégorie confondue doivent accompagner dans la dynamique.


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