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Droit d’accès des femmes à la terre, aux ressources naturelles et les dispositions légales relatives au foncier au Bénin : Objectifs atteints pour la campagne itinérante dans les localités du Zou


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« Il y a quelques semaines, mon frère a encore implanté des bornes pour vendre le reste des terres de notre défunt père. (…) J’ai déterré toutes les bornes, on s’est battu dans le champ et je lui ai dit qu’il en a assez vendu déjà, il ne vendra pas ce qui reste. Je l’empêcherai par tous les moyens ; je suis prête à en mourir car je dois bénéficier d’au moins 04 parcelles. Je suis cultivatrice et je vais l’exploiter. Donc, l’affaire est actuellement chez le délégué » a témoigné Mme Colette Lèkoto, cultivatrice à Avlamè dans la commune du Zogbodomey. Un acte de bravoure loué par toute l’assistance. Sensibiliser les femmes des milieux ruraux sur leurs droits à la terre, aux ressources naturelles et sur les dispositions légales relatives au foncier au Bénin. C’est l’objectif poursuivi par la Fondation Konrad Adenauer en collaboration avec le Centre Afrika Obota (CAO-Bénin) en organisant une campagne itinérante dans les communes de Ouinhi, Zangnanado, Covè et Zogbodomey du 12 au 15 septembre 2015. A terme, assurer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté des femmes en milieu rural.

Ph: DR-: Elles sont 121 femmes rurales de Sagon à prendre part à cette rencontre du donner et du recevoir.

Ph: DR-: Elles sont 121 femmes rurales de Sagon à prendre part à cette rencontre du donner et du recevoir.

L’économie du Bénin en général et celle des localités du Zou-Sud (Ouinhi, Covè, Zangnanado et Zogbodomey) est basée essentiellement sur l’agriculture. De Sagon (dans la commune de Ouinhi) à  Avlamè (commune de Zogbodomey) en passant par Zangnanado et Houèko (dans la commune de Covè), le constat est le même. Ces arrondissements constituent des greniers indéniables d’une partie du Bénin. Si à Sagon et à Avlamè, les femmes sont de véritables cultivatrices qui labourent la terre à plein temps ; à Zangnanado et à Covè, elles ne sont moins agricultrices mais s’adonnent pour la majorité à des travaux de transformation des produits agricoles et à la commercialisation des produits d’importation venus du Nigéria et autres.

Photo de famille à Zangnanado

Photo de famille à Zangnanado

Les femmes, les plus défavorisées en milieu rural…

En sommes, les femmes aux côtés des hommes contribuent fortement au développement de leur localité, voire aux charges du ménage, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cependant, elles sont les plus démunies et défavorisées en matière d’accès des terres. En effet, ces réalités vécues par les femmes sont dues à la méconnaissance des textes et lois régissant le foncier rural.

« Nous ne connaissons pas le droit à l’héritage des femmes et les hommes s’accaparent des terres en s’appuyant sur les pratiques coutumières qui établissent le statut de la femme au sein du ménage et de la communauté.  Cette situation est malheureusement renforcée par le manque d’information et de connaissance des femmes sur leur droit d’accès, de propriété et de contrôle sur les terres et les ressources qu’elles génèrent.  Ce qui fait que les femmes ont très peu accès à la terre ou quand elles y accèdent, c’est généralement des terres pauvres, à faible rendement qu’on leur donne. Ou elles doivent carrément travailler pour le compte des hommes » a témoigné le Chef d’Arrondissement d’Avlamè, M. Séraphin Hogbonouto.

Participantes à la séance à Zangnanado

Participantes à la séance à Zangnanado

…faute de la méconnaissance des textes et lois

A Sagon, une localité très enclavée et difficile d’accès en temps de pluie, c’est la collaboration active et fructueuse d’un homme influent en mission dans la localité (ayant requis l’anonymat) qui a galvanisé la troupe des femmes  présente à la séance de sensibilisation.

«Je défends souvent les intérêts des femmes dans l’exercice de ma profession et les hommes ne m’apprécient pas. Si je pouvais enlever ma tenue, je me mettrai aux côtés des animateurs pour défendre davantage leurs intérêts car elles sont grugées sur toute la ligne ici. Normalement, l’homme qui se marie légalement avec l’une de ses épouses, doit informer cette dernière de l’existence de tous ses enfants et celle-ci doit les reconnaitre avant le décès de son époux. L’homme de son vivant peut offrir des terres ou des maisons à leurs épouses mais en prenant soins d’y mettre leurs noms dans la convention d’achat afin d’éviter des problèmes à l’avenir. Par ailleurs, les femmes qui achètent des terres au nom de leur époux, doivent changer d’attitude et mettre leur nom sur les conventions d’achat quand bien même, leurs époux peuvent être témoins de l’acquisition ».

Séance de sensibilisation à Zangnanado (de gche à droite) M. ZInsou, Mme Agbossou, M. Tchacondoh et Mme Dadjo

Séance de sensibilisation à Zangnanado (de gche à droite) M. ZInsou, Mme Agbossou, M. Tchacondoh et Mme Dadjo

Plus outillées pour défendre leurs droits successoraux

Massivement mobilisées, elles sont 121 femmes rurales sensibilisées à Ouinhi, 107 à  Zangnanado, 83 à Covè et 75 à Zogbodomey. Une séance d’information et de sensibilisation qui a offert une tribune aux femmes d’exprimer leur préoccupation et questionnement  relatifs à la situation des femmes en matière des droits d’accès à la terre et à la succession.

Sensibilisées et mieux outillées, ces femmes sont invitées à porter à la connaissance de leurs époux, parents, amis et les autres femmes au niveau de chaque village, quartier et concession, les nouvelles dispositions légales relatives aux droits des femmes à la terre. «Il faut leur dire que les choses ont changé, ce n’est plus comme avant où lorsque l’époux décède, la famille s’accapare de tous ses biens et renvoie la veuve les mains vides » a martelé le C.A. d’Avlamè.

Photo de famille de Houèko à Covè

Photo de famille de Houèko à Covè

Recréer les problèmes fonciers, divulguer le code foncier et domanial, sensibiliser les hommes accapareurs des terres afin de permettre aux femmes des milieux ruraux – qui constituent plus de la moitié de la population béninoise – de sortir de l’ornière et du spectre de la pauvreté.

Séance d'information et de vulgarisation à Avlamè - Zogbodomey

Séance d’information et de vulgarisation à Avlamè – Zogbodomey

Le projet allemand EWOH2 en question

Retenons qu’à chaque étape de cette campagne itinérante, le représentant de la Fondation Konrad Adenauer, M. Mounirou Tchacondoh a rappelé les tenants et aboutissants du Projet allemand EWOH2 « Un seul monde sans faim »«On ne peut pas régler les questions du développement en laissant en marge plus de la moitié de la population dans la pauvreté. L’accès des femmes à la terre est une contribution essentielle à la réponse qu’on peut apporter à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté » a-t-il souligné.

Mme Ida Agbossou, l’animatrice du CAO-Bénin a entretenu les femmes sur les thèmes suivants : « Droit de la famille et Droit de la succession de la femme en lien avec les droits d’accès de la femme à la propriété foncière ; Modes d’accès à la propriété foncière prévus par le Code foncier et domanial » ; L’Administrateur du CAO-Bénin, M. Pascal Didier Zinsou a pour sa part attiré l’attention des femmes sur « Les garanties de la sécurisation des droits de propriété foncière et les procédures à suivre en cas d’expropriation » ; Mme Aline Assankpon, journaliste, experte en genre, foncier et sécurité alimentaire a évalué la compréhension des femmes sur les thèmes abordés à travers des questions-réponses ; Mme Antoinette Dadjo, femme leader de la localité a mis la main à la pâte en mobilisant les femmes à se rendre aux lieux de la rencontre.

Il faut dire que la même sensibilisation a été diffusée sur la radio locale Tonassé le samedi 16 septembre 2017 de 08h à 09h à travers une émission interactive.

Encadré : M. Séraphin Hogbonouto, Chef d’Arrondissement (C.A.) d’Avlamè :

Hogbonouto Séraphin-CA d'Avlamè

Hogbonouto Séraphin-CA d’Avlamè

Saisissant l’occasion, le C.A. a loué la vitalité du partenariat entre le Centre Afrika Obota (CAO-Bénin) et la Fondation Konrad Adenauer (FKA) tout en réaffirmant l’engagement des autorités communales à accompagner la mise en œuvre du Projet EWOH2, qui contribuera à coup sûr à l’atteinte des objectifs du développement rural.

« Les femmes ont les mêmes droits que les hommes avec le nouveau code foncier et domanial. Que l’on veuille ou non, les citoyens sont censés connaître la loi et dès que vous êtes en infraction on vous applique la loi.  Elle est dure, mais c’est la loi et elle s’impose à tous ».


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