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Campagne itinérante d’information et de sensibilisation sur les droits des femmes à la propriété foncière : Témoignages poignants et préoccupations des femmes rurales


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Les séances d’information et de sensibilisation, étaient une occasion exceptionnelle et rêvée pour les femmes, une tribune pour échanger avec les animateurs sur leurs différentes préoccupations ; notamment des questions relatives au droit d’accès à la terre, aux dispositions légales mais également et surtout sur les réalités vécues au quotidien dans leur famille afin de bénéficier des conseils et éclaircissements pour l’amélioration de leur situation.

 

Ph:DR-: Lèkoto Colette, cultivatrice à Avlamè (Zogbodomey)

Ph:DR-: Lèkoto Colette, cultivatrice à Avlamè (Zogbodomey)

Lèkoto Colette, cultivatrice à Avlamè : Nous sommes deux filles et un garçon pour nos parents. A la mort de mon père qui disposait des hectares ; mon frère a commencé par vendre ses terres sans rien dire à nous, ses sœurs. Quand nous lui disons que nous avons autant droit à ses terres que lui, il nous dit que nous n’avons aucun droit chez notre père, d’aller exercer nos droits chez nos époux. Il en a vendu jusqu’à ce qu’il reste aujourd’hui 08 parcelles des hectares. Il y a quelques semaines, il a implanté des bornes, là j’ai compris qu’il veut encore vendre la terre. Et j’ai déterré toutes les bornes, on s’est battu dans le champ et je lui ai dit qu’il ne vendra pas ce qui reste. Je l’empêcherai par tous les moyens ; je suis prête à en mourir car je dois bénéficier d’au moins 04 parcelles. Je suis cultivatrice et je vais l’exploiter. Donc, l’affaire est actuellement pendante chez le délégué.

«Je loue votre courage et détermination. Dès lors que les autorités compétentes sont saisis de cette affaire et ils sont actuellement présents dans cette salle. Ils ont l’obligation de trancher et de vous donner les terres qui vous reviennent de droit. Mais ne restez pas à la maison, il faut aller les voir et dès que vous rentrez en possession de vos terres, il faut les sécuriser et faire tous les papiers nécessaires » a conseillé l’animateur, M. Zinsou. (Propos recueillis : A.A.)

 

Ph: DR-: Tonongbé béatrice, cultivatrice à Avlamè  (Zogbodomey)

Ph: DR-: Tonongbé béatrice, cultivatrice à Avlamè (Zogbodomey)

Tonongbé béatrice, cultivatrice à Avlamè : Actuellement, moi et mes frères sommes confrontés à un problème de terre qui appartenait à notre grand-père. Il l’avait loué à des étrangers venus de Bohicon pour exploitation.  Il était convenu que le tiers des récoltes obtenues sur cette terre reviendra au propriétaire terrien. Ils y ont fait une palmeraie qu’ils continuent d’exploiter à ce jour sans rien nous donner depuis la mort de notre grand-père. Et le comble, ils refusent non seulement, de nous  remettre ces terres, mais ils veulent les vendre alors que cela ne leur appartient pas. Nous les avons chassé et porter l’affaire devant le Délégué ; depuis, ils ne sont plus revenus.

L’animatrice, Mme Agbossou répond : « Le locataire peut-il s’opposer à la libération de la chambre louée ? Cela n’est pas possible ! Ne tergiversez plus, amenez au plus tôt cette affaire devant l’autorité compétente qui vous aidera à la régler et à la sécuriser ; sinon ils peuvent revenir après pour vendre cette terre ». Propos recueillis : A.A.)

 

Ph:DR: Tonoukouin Rosine, cultivatrice à Avlamè (Zogbodomey)

Ph:DR: Tonoukouin Rosine, cultivatrice à Avlamè (Zogbodomey)

Tonoukouin Rosine, cultivatrice à Avlamè : déshéritée par ses frères et victime d’une expropriation sans dédommagement. Pourquoi les femmes sont le plus souvent déshéritées ? Qu’avons-nous faire pour mériter ce traitement ? Alors que nous sommes autant que nos frères, les enfants de nos pères et avons les mêmes droits. D’ailleurs, quand les parents sont malades, nous sommes appelées à les assister, pour s’occuper d’eux ; dès lors qu’ils meurent nous sommes exclues des bénéficiaires de leurs biens surtout des terres.

« Sachez que tout cela fait désormais du passé, la femme doit hériter les terres de ses parents (père et mère) au même titre que les hommes ». (Propos recueillis : A.A.)

 

Ph:DR- Colette Téssitin, cultivatrice à Avlamè (Zogbodomey)

Ph:DR- Colette Téssitin, cultivatrice à Avlamè (Zogbodomey)

Colette Téssitin, cultivatrice à Avlamè : Je suis l’aînée de mon père qui disposait des hectares de terres, mes frères se sont accaparés de ces terres à sa mort et les vendaient comme ils veulent sans se soucier de mon existante. Et je n’ai même pas le droit de réclamer quoi que ce soit au risque de subir leurs représailles. J’aurais bien voulu hériter comme eux pour l’exploiter ou y construire un bâtiment. La terre que je cultivais appartenait à mon époux ; mais dès que ce dernier est décédé, j’ai été dépossédée et je n’ai plus de terre à cultiver.

Cette séance de sensibilisation devrait être divulguée à travers toute la commune ; diffusée sur les ondes de la radio pour que les hommes (nos frères) soient informés des nouvelles dispositions de la loi.

«Puisque le nouveau Code foncier et domanial a prévu des dispositions relatives aux menaces et aux trafics d’influence, il faut se référer aux autorités compétentes qui règleront ces différends pour vous et vous allez hériter encore les terres appartenant à votre père ». (Propos recueillis : A.A.)

 

Ph/ DR-: Ganhoundjo Cécile, vendeuse de céréales à Sagon (Ouinhi)

Ph/ DR-: Ganhoundjo Cécile, vendeuse de céréales à Sagon (Ouinhi)

Ganhoundjo Cécile, vendeuse de céréales à Sagon (Ouinhi) : « Avant les femmes n’ont pas droit à l’héritage. Aujourd’hui, j’ai compris que fille comme garçon, nous avons les mêmes droits à la succession. Cependant, il ne s’agit pas d’arracher ce droit avec brutalité et violence mais plutôt avec douceur, dialogue et amour. Ce faisant, nous allons amener nos frères qui s’accaparent souvent de nos biens à nous léguer ce qui nous revient de droit.  Même nos époux doivent comprendre désormais que les femmes doivent hériter leurs biens en cas de décès. Les femmes doivent aussi bien se comporter car il y en a parmi nous qui ne respectent pas leur conjoint. Donc dans le dialogue en famille, les femmes peuvent bénéficier des terres ; dans le cas contraire, elles peuvent saisir les autorités compétentes pour les aider ». (Propos recueillis : A.A.)

 

Ph: DR-: Boko Leatitia revendeuse à Sagon (Ouinhi)

Ph: DR-: Boko Leatitia revendeuse à Sagon (Ouinhi)

Boko Leatitia revendeuse à Sagon : Je suis très contente des informations que vous venez de nous donner car mon père est encore en vie. Il a des hectares cultivables mais depuis un moment, nous remarquons la présence d’un étranger sur ses terres. A l’instant, dès que je rentre au village, je vais réunir mes frères et sœurs et notre père, pour savoir s’il a déjà vendu ses terres ou pas ? Car, nous avons aussi besoin de ses terres pour l’exploitation. J’ai également retenu que je peux hériter les terres de ma mère et même celles de mes grands-parents. (Propos recueillis : A.A.)

 

Ph: Dr-: Agbohounho Denise de Sagon (Ouinhi)

Ph: Dr-: Agbohounho Denise de Sagon (Ouinhi)

Agbohounho Denise de Sagon : J’ai beaucoup aimé cette séance de sensibilisation car c’était connu de tous que la femme n’a aucun droit à l’héritage, seuls les hommes héritent les terres de leurs pères. Mais aujourd’hui, même si l’homme se mariait légalement avec l’une de ses femmes, tous les enfants ont les mêmes droits qu’ils soient filles ou garçons, enfants légitimes ou non. Nous avons beaucoup aimé cette nouvelle disposition qui stipule que tous les enfants recevront les mêmes parts d’héritage. Aussi désormais si nous achetons des terres, nous devons les sécuriser à travers l’enregistrement au niveau des autorités. (Propos recueillis : A.A.)

 

Ph: DR-: Dègan Jeanne, vendeuse de friperie à Sagon (Ouinhi)

Ph: DR-: Dègan Jeanne, vendeuse de friperie à Sagon (Ouinhi)

Dègan Jeanne, vendeuse de friperie à Sagon : Ma mère a promis me donner une chambre dès  qu’elle finira la construction de sa maison. Et je lui ai dit si ses enfants garçons vont accepter cela ?  Mais, aujourd’hui, je suis ragaillardie après cette séance d’information, car je sais que j’ai les mêmes droits que mes frères et que je peux hériter et bénéficier des biens de mes parents au même titre que mes frères qui sont nombreux certes. Je ne dois plus avoir peur d’eux. Je vais dire à ma mère qu’elle peut me donner la chambre ou la terre et je vais l’enregistrer et la sécuriser ; ainsi à sa mort, personne ne pourra me l’arracher. Je remercie les organisateurs pour ces informations. (Propos recueillis : A.A.)

 

Ph: DR- Cathérine - tisserande à Zangnanado

Ph: DR- Cathérine – tisserande à Zangnanado

Cathérine, tisserande à Zangnanado : Maintenant que les choses ont changé, est-ce que l’Etat peut aider les femmes qui entre temps ont été déshéritées par leurs frères à retrouver leurs biens ? Ma seconde préoccupation est relative aux biens laissés par mon mari défunt. Sa famille exige que je me remarie à l’un des frères afin de pouvoir bénéficier ses biens. Que me conseillez-vous ?

« Puisque les textes actuels disent que les enfants filles ont les mêmes droits que les enfants garçons. Alors, il faut se référer aux autorités compétentes de votre localité pour que vos frères puissent vous rétrocéder vos droits.  Ensuite, aucune loi n’autorise la veuve à épouser l’un des frères du défunt. La loi de 2004 a abrogé toutes ses pratiques. Il faut voir les autorités compétentes pour vous aider à bénéficier de vos droits ». (Propos recueillis : A.A.)

 

 

Ph: DR- Solange, cultivatrice et transformatrice du soja à Zangnanado

Ph: DR- Solange, cultivatrice et transformatrice du soja à Zangnanado

Solange, cultivatrice et transformatrice du soja à Zangnanado : j’ai envie de sécuriser mes terres à partir de cet instant ; mais mes moyens financiers sont limités. Est-ce que l’Etat peur revoir à la baisse les frais afférents à l’enregistrement des terres pour qu’on puisse le faire ? Par ailleurs que va-t-il se passer quand l’homme qui s’est marié légalement avec l’une de ses deux épouses, meurt ?

«Depuis 2004, la loi dispose que seule la femme légitime disposera le quart des biens de son époux, les trois quart restant seront partagés à part égale à tous les enfants du défunt reconnus par la femme marié de son vivant. Le mari de son vivant, peut offrir des terres à sa seconde épouse (non mariée) et les lui sécuriser par des actes d’enregistrement ou par un testament.  Par rapport à la sécurisation de vos terres, commencez déjà à faire établir les pièces nécessaires avant l’obtention du titre foncier et progressivement vous y arriverez ». (Propos recueillis : A.A.)

 

 

Colette de Zangnanado

Colette de Zangnanado

Colette de Zangnanado : Le monsieur qui a deux femmes et meurt sans testament sur le partage de ses biens. Parmi ses enfants, il y en a qui sont violents et baroudeurs  est-ce que ces derniers ne vont pas influencés les autres enfants qui sont plus calmes ? N’y aura-t-il pas d’autres formes de menaces ou de nuisances si les autres enfants désirent hériter les biens de leur père ?

« La loi a prévu des dispositions pour ce cas de figure ; si les enfants sont influencés ou menacés par les frères, il leur revient d’amener cette affaire devant l’autorité compétente qui va trancher et procéder au partage des biens mais avant, on peut tenir un conseil de famille. (Propos recueillis : A.A.)

 Kessou Reine, vendeuse de divers à Houèko (Covè) : Les informations que j’ai reçues aujourd’hui m’ont rendue très joyeuse ; parce que le problème de la terre est un peu délicat et n’est pas à la portée de tous. Quatre ans déjà que je suis installée à Covè avec mes activités commerciales. Ma préoccupation est comment faire pour réunir une certaine afin d’acquérir ma propre terre ; ici la valeur des terres évolue de 500.000 F à 1.000.000F.  La marge bénéficiaire que nous réalisons sur nos diverses activités étant maigre ; peut-elle nous permettre d’économiser pour acheter un jour, une terre ?

« Vouloir, c’est pouvoir ; si tant est que ton ambition est d’acheter une parcelle, tu parviendras à réaliser ce rêve. Il suffit d’épargner progressivement et quelques années plus tard, tu rassembleras les fonds nécessaires pour devenir propriétaire d’une parcelle ». (Propos recueillis : A.A.)

 

 

Akossou Elisabeth, couturière à Covè

Akossou Elisabeth, couturière à Covè

Akossou Elisabeth, couturière à Covè : Nous sommes cinq filles et deux garçons pour notre père et de son vivant, il a morcelé ses terres et les a attribuées à chaque enfant fille comme garçon. Il a même pris soins d’enregistrer et de légaliser lesdites parcelles au nom de chaque enfant à la mairie. Mais à sa mort, il y a cinq ans, mon grand frère (l’aîné de mon papa) m’a retiré la convention de ma parcelle et l’a vendu sans rien me dire. Avec les explications d’aujourd’hui, je voudrais savoir s’il est encore possible de récupérer nos terres déjà vendues ? Puisque nous sommes trois sœurs à être dépossédées. (Propos recueillis : A.A.)

 

 

Odile Vinkpé, cultivatrice à Covè

Odile Vinkpé, cultivatrice à Covè

Odile Vinkpé, cultivatrice à Covè : Je suis veuve et  je cultive le champ de mon mari défunt. Je fais  la culture de l’arachide et du maïs. Depuis quelques années, le fils de mon mari menace de m’arracher la terre ; mais je l’ignore, je ne sens même pas ses menaces car je suis en Jésus et je continue de labourer la terre. A mon mari, j’ai fait des enfants filles comme garçons, ils sont encore jeunes et ne peuvent rien revendiquer.  La sensibilisation de ce jour me renforce davantage dans ma position. Je vais continuer mes travaux champêtres, il ne pourra pas m’arracher cette terre.

« Votre position est louable et doit faire des émules au sein des autres femmes. Vous ne devez pas avoir peur. Mais sachez que cette terre revient à tous les enfants de votre défunt mari et non uniquement à vos enfants. Alors, il faut réunir un conseil de famille pour partager ses terres entre les enfants de votre époux à part égale. Ainsi, vous allez continuer à labourer les terres qui reviennent à vos enfants uniquement pour éviter à l’avenir des problèmes avec les autres enfants» a conseillé M. Zinsou de la CAO-Bénin. (Propos recueillis : A.A.)

 

 

Jeanne Dumavo, cultivatrice à Covè

Jeanne Dumavo, cultivatrice à Covè

 : Je cultive le maïs, l’arachide et le légume crin-crin, je vends également des céréales. J’ai décidé d’acheter un champ à Zoungoudo mais ne disposant pas de grands moyens, j’ai négocié avec le vendeur et je lui verse des acomptes devant un témoin. Je voudrais savoir si la convention de ce terrain sera signée chez le C.A. de Covè ou chez celui de Zoungoudo ?  Ma seconde préoccupation est relative à ma situation actuelle : nous sommes deux épouses de notre défunt mari. Le frère de mon mari a décidé de diviser ses terres en deux parts égales pour ses deux épouses. Mais la première femme s’oppose à cette répartition et estime que mon enfant n’aura droit à rien. Que va-t-on faire alors ?

«Selon la loi, lorsque vous remettez une somme d’un montant supérieur ou égal à 5.000F à quelqu’un, ce dernier doit vous délivrer une décharge. Si jusque-là, vous n’avez reçu aucune décharge du vendeur de la parcelle que vous désirez acheter, vous êtes en erreur. Car à tout moment, ce dernier peut revendre la parcelle à une autre personne ou peut décéder. Dans ce cas, vous risquez de perdre l’argent que vous payez en acompte jusque-là. Alors, il faut allez le voir pour qu’il vous délivre une décharge portant le montant que vous avez payé. Dès que vous finissez de payer le reste, la convention est signée chez le C.A. de Zoungoudo et non à Covè.

La terre laissée par votre époux sera divisée en quatre parties égales, une partie (le quart) reviendra à vous deux épouses. Et les trois quarts seront divisés à part égale entre tous les enfants qu’ils soient filles ou garçons, moins âgés ou plus âgés ». (Propos recueillis : A.A.)


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