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COP22 – Budget carbone = fin de la génération au charbon d’ici 2030 dans les pays riches, 2040 en Chine + le G20 doit arrêter les crédits exports, Japon en tête


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Ce lundi 14 novembre à la COP22, plusieurs choses intéressantes concernant la fin des énergies fossiles. Oil Change International a lancé ce jour un appel aux gouvernements à mettre fin au développement des ressources d’énergies fossiles existantes (NB il ne s’agit pas seulement d’arrêter l’exploration, mais de stopper tout investissement visant à mettre en exploitation les réserves connues).

Ph/DR-: Il ne faut plus développer de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz, mines de charbon ou infrastructures de transport d’énergies fossiles (c’est le sens de  l’appel lancé lundi)

Ph/DR-: Il ne faut plus développer de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz, mines de charbon ou infrastructures de transport d’énergies fossiles (c’est le sens de l’appel lancé lundi)

Cet appel, signé par de très nombreuses ONG mais aussi par des think tanks comme les français I4CE et The Shift Project, s’appuie sur lerapport “The Sky’s Limit” publié récemment par Oil Change International, qui montre que les champs d’hydrocarbures et mines de charbon actuellement en exploitation contiennent des quantités de CO2 supérieures au budget carbone compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 2°C, et a fortiori à 1,5°C. L’étude arrive ainsi à une double conclusion :

Il ne faut plus développer de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz, mines de charbon ou infrastructures de transport d’énergies fossiles (c’est le sens de  l’appel lancé lundi)

Il faudra interrompre la production de certains gisements et mines actuellement en opération avant que ces derniers n’aient été totalement exploités
(plus d’info au bas de cet email)

Le think tank Climate Analytics (l’un des piliers du Climate Action Trackerqui fait autorité pour l’analyse des plans de réduction des émissions) a présenté son nouveau rapport sur les implications de l’Accord de Paris pour le charbon thermique : en substance, il faudra arrêter la génération au charbon en 2030 dans les pays riches (comme prévoit de le faire le Royaume Uni d’ici 2025), 2040 en Chine et 2050 dans le reste du monde.

L’ONG américaine Natural Resources Defense Council (NRDC) a organisé une conférence de presse pour présenter son nouveau rapport (réalisé avec Oil Change International) sur les soutiens financiers des Etats du G20 à l’exportation de centrales à charbon (les fameux “crédits export”). Le rapport montre que les pays du G20 ont dépensé 76 milliards de dollars entre 2007 et 2015 pour soutenir leurs exportateurs de centrales à charbon (Chine 25bn, Japon 21bn, Allemagne 9bn, Corée 7bn). Plus inquiétant, malgré leurs engagements dans le cadre de  l’Accord de Paris, ces pays prévoient d’accorder encore 24 milliards $ de crédits exports ces prochaines années, dont 10bn pour le seul Japon. Dans le panel, outre NRDC, une fondation indonésienne donnera le point de vue des populations “aidées” à coups de charbon, et l’ONG japonaise Kiko Network pointera la responsabilité du Japon et présentera une étude qui taille en pièces le mythe du “charbon propre” promu par le Japon à propos de sa technologie “IGCC” (Integrated Gasification Combined Cycle).

Nouvelle étude de l’ONG Oil Change International intitulée « The Sy’s Limit : why the Paris climate goals require a managed decline of fossil fuel production »

 

L’étude  démontre que la production attendue des champs d’hydrocarbures et mines de charbon actuellement en exploitation représente, sur toute leur durée de vie restante, un potentiel d’émissions de gaz à effet de serre supérieur au budget carbone compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 2°C, et a fortiori à 1,5°C.

 

L’étude arrive à une double conclusion :

  • il ne faut plus developper de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz, mines de charbon ou infrastructures de transport d’énergies fossiles
  • Il faudra interrompre la production de certains gisements et mines actuellement en opération avant que ces derniers n’aient été totalement exploités

On savait déjà que les émissions potentielles liées aux réserves connues représentaient environ le triple du budget carbone 2°C (Etude publiée dans Nature en janvier 2015), et qu’une bonne partie des réserves connues ne pourraient donc pas être exploitées (c’est le sens de la campagne “keep it in the ground” menée par le Guardian et l’ONG 350.org).

 

Cette nouvelle étude va plus loin, car elle compare pour la première fois le budget carbone aux émissions attendues des gisements et mines actuellement exploités ou en passe de l’être ; ces “réserves développées » représentent environ 30 % des réserves exploitables au niveau mondial (voir p.46 du rapport pour les définitions).

 

L’étude souligne aussi que c’est aux pays développés d’agir les premiers pour stopper l’expansion des énergies fossiles : avec seulement 18 % de la population mondiale, ils sont responsables de 60 % des émissions historiques, et disposent de moyens financiers bien plus importants pour s’attaquer au problème climatique.

 

S’ils prennent au sérieux les objectifs de l’Accord de Paris, les gouvernements vont devoir stopper l’expansion de l’industrie des énergies fossiles, car celle-ci a suffisamment de carbone dans ses réserves développées pour faire exploser le budget carbone”, déclare Stephen Kretzmann, directeur exécutif de Oil Change International.

 

A noter que même si l’on arrêtait immédiatement toute production de charbon, les réserves développées de pétrole et de gaz contiennent, à elles seules, trop de carbone pour tenir le budget 1,5°C. Toutes les énergies sont donc concernées par les conclusions de cette analyse.

 

Comme l’explique Greg Muttit, Senior Campaign Advisor de Oil Change International et co-auteur de l’étude, “une fois que les opérations d’extraction ont commencé, cela crée une incitation à poursuivre la production afin de rentabiliser les investissements et de générer du profit, et il devient très difficile d’empêcher que ces réserves ne soient entièrement extraites et consommées. Cela crée une pression si forte que les opérateurs sont prêts à faire n’importe quoi pour protéger leur investissement et continuer à forer. C’est ainsi que le carbone se trouve “verrouillé » dans le système. »

 

Parmi les plus gros projets dont Oil Change International pointe le danger pour le climat :

  • Qatar : projet d’expansion du champ “North Field » avec ExxonMobil (52 Gt sur la durée de vie du projet, soit 13 % du budget carbone)
  • Etats Unis : projets de développement par fracturation hydraulique (“fracking”) de pétrole et de gaz (51 Gt)
  • Russie : projets de développement de Gazprom dans la péninsule de Yamal en Sibérie (38 Gt)
  • Iran : appels d’offres en projet pour plusieurs champs et blocs d’exploration (24 Gt)
  • Canada : projets d’expansion des champs de sables bitumineux dans l’Alberta : ces projets nécessitent la construction de nouveaux oléoducs, laquelle est actuellement bloquée par l’opposition des communautés ocales et de la société civile, mais les eux projets de pipelines (par Kinder Morgan sur la cîte ouest et par TransCanada sur la côte est) entraîneraient 21 Gt d’émissions.

Selon Greg Muttit, “Nous n’avons que trois options. Soit l’on gère le déclin de la production des champs existants, on passe aux énergies propres et on redéploie les travailleurs. Soit l’on continue à developper de nouvelles réserves dont il faudra arrêter la production brutalement, avec à la clé des actifs dévalorisés, des pertes pour les investisseurs et de la casse sociale pour les communautés des zones de production. Soit l’on continue comme si de rien n’était – et on précipite le monde dans un désastre économique, écologique et humain”.

 

Désormais c’est clair : subventionner ou simplement permettre l’expansion du secteur des énergies fossiles est aussi immoral que de vendre des cigarettes dans un service de cancérologie”, conclut Stephen Kretzmann.

 

NB : L’estimation, qui n’avait jamais été réalisée jusqu’ici, est fondée, d’une part, sur le budget carbone estimé par le GIEC (i.e., la quantité de gaz à effet de serre que nous pouvons encore nous permettre d’émettre d’ici 2050 pour espérer limiter le réchauffement à moins de 2° ou 1,5° en 2100), et d’autre part, sur les émissions futures de GES liées au pétrole, au gaz et au charbon à extraire des « réserves développées”, c’est-à-dire celles pour lesquelles une infrastructure de production et de transport est en place ou en cours de construction, sur la base des données de Rystad Energy, qui font autorité dans le secteur.

 


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