Flash Infos:

L’ère de l’énergie renouvelable en Afrique subsaharienne : Tout concourt vers un accès universel à l’énergie d’ici 2025


1 748 Vues

La Banque africaine de Développement (BAD) vient de lancer un ambitieux plan visant à électrifier le continent africain en Janvier dernier. C’était à l’occasion du Forum économique mondial de Davos. Intitulé « New deal » ce plan a pour objectif d’apporter une large électrification du continent. Ce New deal prévoit que le secteur privé et les gouvernements locaux doivent unir leurs forces autour de projets visant à renforcer la capacité de génération d’énergie, dans l’optique de parvenir à un accès universel à l’énergie en Afrique d’ici 2025.

Ph:DR-; Si le potentiel énergétique que regorge l’Afrique est davantage exploité, cela pourrait combler l’écart entre l’offre et la demande dans le domaine de l’énergie.

Ph:DR-; Si le potentiel énergétique que regorge l’Afrique est davantage exploité, cela pourrait combler l’écart entre l’offre et la demande dans le domaine de l’énergie.

En effet, l’initiative avait été dévoilée en septembre 2015, lors d’une réunion consultative de haut niveau au siège de la BAD, à Abidjan. « Il est temps d’agir de manière décisive […] pour éclairer et électrifier l’Afrique, accélérer le rythme de la transformation économique, débloquer le potentiel des affaires, et stimuler une industrialisation nécessaire à la création d’emplois », a déclaré Akinwumi Ayodeji Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), lors du lancement de ce vaste projet.

Fonctionnement du projet

Le New deal comprend quatre objectifs majeurs à atteindre d’ici 2025 selon le communiqué de presse de la Bad : Il s’agit d’accroître la production d’électricité sur le réseau en y ajoutant 160 Gigawatts de nouvelle capacité ;  améliorer la distribution et les raccordements au réseau en créant 130 millions de nouvelles connexions (160 % de plus qu’aujourd’hui) ;  augmenter la production hors réseau, afin d’y ajouter 75 millions de raccordements (20 fois plus qu’aujourd’hui), et  enfin d’accroître l’accès à une énergie propre pour cuisiner pour quelque 130 millions de ménages.

Ce New deal sera mis en œuvre à travers une plateforme, « le Partenariat révolutionnaire sur l’énergie pour l’Afrique », qui coordonnera l’action des partenaires publics et privés autour de projets de génération et de distribution d’électricité, y compris dans le cadre des programmes existants dans le secteur de l’énergie en Afrique. La BAD supervisera ce mécanisme en collaboration étroite avec les chefs d’État, les ministres de l’énergie et les ministres des finances de chaque pays. Le partenariat vise également à aider les gouvernements à se coordonner à l’échelle régionale, afin que les pays puissent échanger des ressources énergétiques de manière transnationale.

Cette pénurie d’électricité retarde la progression des économies africaines.

Cette pénurie d’électricité retarde la progression des économies africaines.

Sortir les économies du noir

Le manque d’électricité en Afrique a des conséquences profondes. Plus de 645 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, ce qui représente 53 % des personnes n’ayant pas l’électricité à l’échelle mondiale. Cette pénurie d’électricité retarde la progression des économies africaines. La BAD estime que les goulots d’étranglement dans le secteur de l’énergie et les pénuries d’électricité coûtent aux pays africains de 2 à 4 % de leur PIB chaque année. Les entreprises en Tanzanie et au Ghana voient la valeur de leurs ventes diminuer de 15 % en raison des pénuries d’électricité.

« Les besoins en énergie sont en train de s’accroître de 25 à 30 %, ce qui surpasse le taux de croissance de l’économie. Cela signifie que nous devons développer l’énergie très rapidement si nous voulons aller encore plus vite vers le développement» avait souligné  Hailemariam Desalegn, premier ministre éthiopien.

L’énergie renouvelable : Un potentiel inexploité

L’Afrique recèle un grand potentiel en matière d’énergies renouvelables qui, s’il était davantage exploité, pourrait combler l’écart entre l’offre et la demande dans le domaine de l’énergie. Le potentiel du continent est de plus de 10 terawatts pour l’énergie solaire, de 350 gigawatts pour l’énergie hydroélectrique, de 110 gigawatts pour l’énergie éolienne, et de 15 gigawatts pour l’énergie géothermique. Néanmoins, le New deal a été élaboré comme une initiative « neutre en termes de ressources et de technologies », encourageant les pays à développer des infrastructures en fonction de leurs avantages comparatifs de manière non-biaisée en faveur des énergies renouvelables.

Mobiliser ce potentiel pour réaliser les objectifs fixés par le New Deal nécessitera des investissements dans les infrastructures du secteur de l’énergie de l’ordre de 40-70 milliards US$ par année. Entre 2016 et 2020, la BAD investira à elle seule environ 12 milliards US$. Ces financements seront effectués par le biais d’organisations du secteur privé. «Les pays africains devraient également consacrer une plus grande part de leur PIB au secteur de l’énergie, avec une augmentation prévue de 0,3 à 3,4 % » a insisté Akinwumi Ayodeji Adesina.

 

Encadré-1 Le Congrès américain adopte également la loi « Électrifier l’Afrique »

 Dans la même optique, toujours pour trouver des solutions pérennes à l’électrification de l’Afrique, la chambre des représentants du congrès américain a adopté à l’unanimité, mardi 2 février 2015, une loi intitulée  « Electrify Africa Act of 2015«  ou « Électrifier l’Afrique». En décembre dernier, c’est le sénat qui avait donné son feu vert au même projet de loi, également à l’unanimité. Cette adoption à l’unisson par les deux chambres du congrès ouvre la voie à la signature du texte par le président Barack Obama, ultime étape du processus législatif qui devrait n’être qu’une formalité.

En effet, cette loi s’inscrit dans le cadre de l’initiative Power Africa, un grand projet d’électrification du continent africain annoncé en 2013 par Barack Obama lors de sa tournée africaine. La loi « Électrifier l’Afrique » codifie l’accès à l’électricité comme l’une des priorités de la politique étrangère américaine et fournit un cadre légal pour la mise en œuvre de l’initiative, ce qui devrait assurer sa longévité.

Les grandes lignes du projet

Cette loi vise à encourager les efforts des pays d’Afrique subsaharienne en vue de fournir à la population africaine un accès fiable et bon marché à l’électricité. Pour ce faire, le texte prévoit une collaboration et une coordination non seulement avec les gouvernements africains, mais également avec les institutions financières internationales, les communautés économiques régionales africaines, ou encore le secteur privé.

En particulier, la loi vise à fournir l’accès à l’électricité à 50 millions d’africains et encourage l’installation d’au moins 20.000 Gigawatts d’énergie électrique supplémentaires sur le continent d’ici l’année 2020, en utilisant une palette d’options constituant un mix énergétique varié. L’accès à l’électricité est tellement fondamental pour l’épanouissement d’une société moderne que les bénéfices attendus sont multiples, et concernent des domaines aussi variés que l’emploi, la sécurité alimentaire, la santé, l’environnement, ou encore l’éducation. D’un point de vue général, la loi devrait aider à réduire la pauvreté, promouvoir le développement durable et stimuler une croissance économique inclusive.

 

Encadré-2bL’initiative Power Africa en question ?

Lancée en 2013, l’initiative Power Africa constitue un grand projet de l’administration Obama visant à promouvoir l’accès à l’électricité sur le continent africain.

« L’accès à l’électricité est fondamental à notre époque. C’est la lumière grâce à laquelle les enfants peuvent étudier, l’énergie qui permet de transformer une idée en véritable affaire. (…) C’est la connexion qui est nécessaire au branchement de l’Afrique sur le réseau de l’économie mondiale » avait le président Obama.

Sur la base d’un investissement initial de 7 milliards US$ lors du lancement du projet, l’initiative est parvenue à mobiliser 43 milliards US$ sous forme d’engagements, y compris 31 milliards provenant du secteur privé. Du côté du secteur public, 12 milliards US$ d’investissements ont été restants incluent la Banque africaine de développement (BAD), le Groupe de la banque mondiale, le gouvernement suédois et l’Union européenne (UE).

Une feuille de route publiée la semaine dernière détaille les trois piliers autour desquels l’initiative s’articule, à savoir : la génération d’électricité, l’amélioration de l’accès à celle-ci, ainsi que le renforcement du potentiel du secteur de l’électricité par le biais de réformes politiques et administratives. Si certains projets ont déjà vu le jour, de nombreux autres en sont encore à un stade précoce de leur développement, indique ce document.

Aline ASSANKPON


Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*

Revenir en haut de la page