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Marché financier / UMOA – Titres : « Une nouvelle ère pour le marché régional »


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Le marché régional a contribué pour plus de 3000 milliards FCFA au financement des budgets des Etats membres de l’Union en 2015. Dans cet entretien, Adrien Diouf, Directeur de l’Agence UMOA-Titres dessine les perspectives de son institution.

Agence Ecofin : Quel bilan faites-vous des

Ph/DR-: M. Adrien Diouf, Directeur général de l’Agence de l’UMOA-Titres

Ph/DR-: M. Adrien Diouf, Directeur général de l’Agence de l’UMOA-Titres

actions de l’Agence?

Le bilan que nous en faisons s’apprécie d’abord en termes de montants levés. Depuis sa création, les volumes mobilisés continuent de croître et cela devrait se poursuivre en 2016. Les mobilisations d’un montant total de 3071 milliards en 2014 dont 2516 milliards sur le marché par adjudication sont passées respectivement à 3304 et 2764 milliards en 2015.

Par ailleurs, l’Agence a initié différentes réformes notamment: l’élaboration et la publication d’un calendrier annuel des émissions de titres publics, avec une mise à jour trimestrielle. Cette procédure répond à un besoin de meilleure prévisibilité pour les investisseurs, qui s’est accrue avec la discipline observée par les Etats émetteurs par rapport aux montants mobilisés dans le cadre des adjudications. La publication d’un calendrier unique pour l’ensemble des Etats de l’Union renforce également le caractère régional du marché des titres publics; l’introduction de la technique de l’assimilation adoptée par les Etats membres de l’Union sur recommandations de l’Agence, dans le souci de mieux structurer les émissions de titres publics. Dans le même ordre d’idées, l’Agence travaille à une standardisation des instruments notamment par la promotion du mode d’amortissement In Fine ; la dissémination de l’information auprès de l’ensemble des acteurs du marché avec la mise à jour des informations relatives aux émissions de titres publics sur le site internet de l’Agence (www.umoatitres.org), la production d’une note à la veille de chaque adjudication destinée aux émetteurs et également d’une fiche à l’attention des investisseurs ; la codification ISIN des titres émis par adjudication, dans un souci de mise en conformité avec les standards internationaux ; l’organisation de road-shows dans la zone et à l’international avec l’objectif d’élargir la base investisseurs sur les titres publics  et enfin la fourniture de services de conseil et d’actions de renforcement des capacités à destination des administrations publiques.

Quels sont les impacts des réformes évoquées et leur apport au marché financier ?

Il est trop tôt pour mesurer l’impact des réformes évoquées sur un marché dont la maturation va dépendre de plusieurs facteurs. D’une manière générale, ces dernières ont permis d’améliorer le niveau d’information des acteurs et la prévisibilité. En analysant les opérations de 2015 par rapport à celles des années précédentes, une tendance globalement baissière des taux est observée sur notre marché. Même s’il est difficile de l’imputer à ces réformes, elle marque, à n’en pas douter, une dynamique positive pour les Etats.

Est-ce que ces réformes ont été acceptées par les différents acteurs du marché ?

Tout changement est difficile et il y a toujours une certaine résistance mais les acteurs du marché ont marqué un vif intérêt pour toutes ces réformes qui ont été introduites, car elles résultent dans leur majorité d’un processus participatif impliquant Etats et investisseurs.

Quelles sont les réformes attendues en 2016 ?

Un certain nombre de projets phares devraient voir leur aboutissement durant l’année 2016. Le premier concerne l’introduction des Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT). Ces derniers, sélectionnés parmi les institutions financières et les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI), seront des partenaires privilégiés des Etats sur le marché régional.

Le deuxième objectif concerne la construction de courbes de référence pour les émetteurs de l’Union (courbe de taux). Celles-ci sont indispensables pour mesurer à chaque instant le prix de l’argent pour un émetteur donné.

Le troisième chantier a trait à la notation financière des Etats, qui présente un atout supplémentaire dans la diffusion et l’analyse des informations financières par des institutions de référence. Celles-ci sont agréées par le Conseil Régional de l’Épargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF).

Enfin, grâce au système d’informations mis en place par la BCEAO, la dématérialisation du processus d’adjudication va impliquer un rôle accru de l’Agence et sera gage de transparence et d’efficacité.

Tous ces chantiers doivent se réaliser de manière concomitante compte tenu de leur interdépendance pour le bon fonctionnement du marché régional.

Quelle sera la contribution des Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT)?

Leurs missions porteront essentiellement sur :

  • la participation aux adjudications de titres publics ;
  • la contribution aux émissions de titres par syndication ;
  • l’animation du marché secondaire des titres publics ;
  • la promotion des valeurs du Trésor ;
  • la fourniture de services de conseils et d’information aux Trésors Nationaux en relation avec l’Agence UMOA-Titres.

Leur avènement sera décisif dans la maturation du marché, l’accélération du rythme des réformes et dans la promotion d’un environnement des émissions plus inclusif et sécurisé.

Comment percevez-vous l’évolution du marché ?

Les perspectives du marché sont bonnes pour les émetteurs car les taux sont sur une tendance baissière. S’agissant des investisseurs, la multiplication des opérations crée de nouvelles opportunités, de nouvelles activités et de nouveaux métiers, qui naissent dans ce contexte. Ainsi pour 2016, nous avons bon espoir de dépasser les réalisations de 2015 et d’ouvrir une nouvelle ère pour notre marché régional.

Jugez-vous opportun que certains Etats membres de l’Union aient recours au marché international ?

Recourir au marché international relève d’une logique de diversification de la base investisseurs et de réduction du coût de la dette. Il permet aussi aux Etats de marquer leur présence sur le plan international et d’améliorer ainsi leur visibilité et leur crédibilité.

Pour juger de l’opportunité d’une telle démarche, il faut donc évaluer le contexte de ces opérations qui va être déterminant dans la mesure des coûts relativement aux risques.

Le financement des Etats est un marché international ouvert à tous les acteurs et gagnera celui qui offrira les solutions les plus adéquates. Je préfère parler de solution, car le coût d’une ressource s’évalue à la lueur de son coût financier direct mais aussi au risque de change, au risque de refinancement, et à la durée du prêt ; bref à l’adéquation des ressources avec les besoins et les objectifs visés.

D’une manière générale, un recours soutenu au marché ne comporte-t-il pas un risque de surendettement des Etats?

Non car le risque de surendettement n’est pas lié au type de dette contractée et donc pas spécifiquement au marché financier. On peut être surendetté sans avoir emprunté un seul franc sur les marchés financiers. C’est une question à aborder de manière plus globale avec un suivi de la dette dans sa totalité. Pour se faire, un suivi rigoureux est exercé par les Etats eux-mêmes avec l’appui des partenaires au développement. C’est dans ce sens qu’il faut lire les Analyses de Viabilité de la Dette (AVD) ou les Stratégie de gestion de la Dette à Moyen Terme (SDMT) qui sont effectuées régulièrement, sans oublier le contrôle effectué par les Parlements Nationaux et les différents corps de contrôle.

 


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