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Santé sexuelle et la Reproduction : Les députés votent une loi qui légalise l’avortement


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Les députés de l’Assemblée nationale ont voté dans la nuit du mercredi 20 octobre 2021 le Projet de loi modifiant et complétant la loi n°2003-04 du 03 mars 2003 relative à la Santé sexuelle et à la Reproduction. Cette loi qui vient de légaliser l’avortement est diversement appréciée. (ci-joint le rapport du projet de loi).

 

Saisie par le président de l’Assemblée nationale du projet de loi modifiant et complétant la loi n°2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction, la commission des lois, de l’administration et des droits de l’homme s’est réunie les lundi 11 et mardi 12 octobre 2021 pour en examiner le contenu conjointement avec toutes les autres commissions permanentes, saisies pour avis.

Le gouvernement était représenté aux travaux par le ministre de la santé, le ministre des affaires sociales et de la micro-finance, le garde des Sceaux, ministre de la justice et de la législation accompagnés des cadres de leurs ministères respectifs. Le présent rapport s’articule autour des points ci-après : Présentation du projet de loi. Discussions et les avis de la Commission

Ph/DR: M. Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé

La déclaration du Ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin

Suite au vote de la loi relative à la Santé sexuelle et à la reproduction au Bénin, le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin faire une déclaration. Les députés ont procédé, ce jeudi 21 octobre 2021 à l’aube, au vote de la loi N°° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. C’est à l’issue de la plénière conduite par le Président de l’Institution Louis VLAVONOU. Le Gouvernement était représenté par les ministres Benjamin HOUNKPATIN de la santé, Véronique TOGNIFODE des affaires sociales et de la microfinance et Sévérin QUENUM de la justice et de la législation.

L’interruption volontaire de grossesse est un sujet tabou sous nos cieux. Les statistiques sont alarmantes. Plus de 200  femmes décèdent en silence chaque année des suites d’avortements compliqués et non sécurisés. En 2003, le Bénin avait déjà perçu le danger en adoptant la loi N° 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Ce texte en son article 17, avait autorisé le recours à l’interruption volontaire de grossesse dans des conditions exceptionnelles notamment quand la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse, ou lorsque l’enfant à naître est atteint d’une affection d’une particulière gravité. Cette loi a fait son chemin, mais n’a pas pu régler la question des avortements clandestins et meurtriers réalisés dans les coins et recoins du Bénin par des non professionnels de la santé déguisés en avorteurs. La pratique a pris une ampleur inquiétante ces dernières années.

Vote de la légalisation de l’avortement : « L’avortement doit être sécurisé sous nos cieux » dixit Angela

Ph/DR: Angela Kpéïdja, « …le vrai problème ce n’est pas moi, c’est la société »

L’épineuse question relative à la légalisation de l’avortement au Bénin est diversement appréciée. Voici le commentaire de Mme Angela Kpéïdja, journaliste, auteure du livre « Bris de silence » sur Facebook. «Rejeter le bien-fondé de ce projet de loi, relève purement et simplement du désir une fois encore de chosifier la femme et de contrôler sa volonté à elle » a déclaré Angela Kpéïdja qui poursuit : « L’avortement doit être sécurisé sous nos cieux ! » En effet, le débat n’est pas légaliser ou non l’avortement. Que faisons-nous pour protéger ces milliers de femmes qui décèdent dans notre pays chaque année à cause d’une complication de grossesse, d’accouchement ou d’un avortement à risque ? J’ai 22 ans d’expérience en tant que spécialiste en communication pour la santé. Avant d’entamer cette carrière, j’avais travaillé 4 ans dans un cabinet médical en tant que paramédicale. Je me souviens encore de cette belle nièce disparue et retrouvée finalement à la morgue du CNHU. Elle avait eu des rapports sexuels non protégés avec son cousin qui l’avait ensuite amené chez un apprenti médecin pour un avortement non sécurisé. Et cette autre qui en couple, tombe enceinte et essuie le refus de son conjoint d’assumer la grossesse ? Pour cause, le mari est en couple avec une autre. L’avortement réalisé dans la clandestinité, tourne au drame et est référé au CHU/MEL où les spécialistes ont été obligés de lui enlever son utérus pour la sauver. Il y a eu une autre qui a perdu une bonne partie de son intestin parce que l’interruption volontaire de grossesse a été pratiquée avec un rayon de vélo. Je venais à peine de commencer ma carrière dans les médias. J’ai encore les images… Les femmes sont les plus vulnérables biologiquement à l’infection au VIH/SIDA. Pourtant, elles sont celles qui doivent négocier le port du préservatif pendant que l’homme a la possibilité d’acheter un préservatif (sans craindre le regard de la société) et ensuite de le porter s’il en décide ainsi. Même en couple, je suis obligée d’avoir le consentement de mon homme avant de me mettre sous contraception. Pourtant, il s’agit de ma santé !!! Mon Dieu ! Et celle-là qui est violée et obligée de porter pendant 9 mois, ce fœtus qui lui a été imposé dans le violence ? Parce que pour bénéficier de l’interruption volontaire de grossesse même dans ce cas, il faut présenter un certificat qui prouve le viol ! Or généralement, il est difficile de se confier sans avoir peur du jugement social. Maintenant, visiter votre propre adolescence, votre vie de couple, vos familles et soyez honnêtes avec vous-mêmes ! Certains ont déjà pratiqué ou ont été complices d’un avortement à risque. L’interruption volontaire de grossesse qui reste un soin médical comme tout autre. Ce que veut l’Association béninoise pour la Promotion de la famille (ABPF), c’est réduire la mortalité maternelle. 4 Femmes meurent chaque jour au Bénin en voulant donner la vie, et 15 % de ces décès sont imputables à l’interruption volontaire de grossesse qui reste un soin médical comme tout autre. Si l’on peut sécuriser ce soin et réduire la mortalité maternelle, je serai toute admirative des efforts qu’auraient fait les hommes politiques. Les autres analyses qui tendent à rejeter le bien-fondé de ce projet de loi, relèvent purement et simplement du désir une fois encore de chosifier la femme et de contrôler sa volonté à elle. Mais tôt ou tard, cela se fera… Nous braverons tous les préjugés et défierons toutes les normes macabres…Ce n’est qu’une question de temps !

Plusieurs femmes dans le tourment et sans informations, se sont clandestinement livrées aux structures illégales qui leur ont offert la voie de la mort ou celle des séquelles à vie. Face à ce drame, le Gouvernement du Bénin a porté le débat le mercredi 20 octobre 2021 devant les députés à l’Assemblée nationale. Selon les explications données par le Ministre de la santé, l’objectif visé par le Gouvernement est de sécuriser et encadrer la pratique de l’interruption volontaire de grossesse. En d’autres termes, il s’agit concrètement de permettre à la femme amenée à avoir recours à une IVG pour des raisons précisées par la loi, de le faire dans des conditions qui préservent sa vie. Au-delà de la protection de la santé de la femme qui manifeste le désir d’avorter, c’est toute une batterie de mesures qui est envisagée pour encadrer la pratique qui restera dans tous les cas, un ultime recours.

Pour le Gouvernement, il est nécessaire d’en arriver là si l’on veut arrêter le carnage en cours actuellement. Les exemples donnés par le chef du département de la santé sont saisissants. « Des images insoutenables de jeunes filles arrivant dans les structures sanitaires, leurs intestins enveloppés dans un pagne, marchant difficilement, infectées totalement du fait du travail de boucher perpétré par des apprentis avorteurs officiant dans les coins de rue à la recherche de ces proies faciles en détresse; des images de perforations utérines et autres organes de voisinage, de gangrènes utérines, d’hémorragies foudroyantes, de nécroses vaginales et utérines du fait de pratiques d’auto-avortement à l’aide de tiges, d’aiguille à tricoter, d’utilisation de produits corrosifs ou caustiques pour obtenir l’arrêt coûte que coûte de ces grossesses non désirées, toutes choses se soldant par des décès maternels ou des mutilations », a-t-il laissé entendre.

Le sujet a suscité beaucoup de débats et de questionnements de la part des députés. Les inquiétudes tout aussi légitimes ont porté sur plusieurs aspects de la loi modificative. Les positions ont été assez tranchées au départ, mais les explications des membres du Gouvernement ont permis aux élus du peuple d’adopter cette loi modificative qui intervient non pas pour encourager l’avortement mais pour l’encadrer et responsabiliser les acteurs.

 


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