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Organisation mondiale du Commerce (OMC) : Ngozi Okonjo-Iweala, l’africaine pressentie pour la direction générale ?


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Ph: DR-: Dr Ngozi Okonjo-Iweala en route pour la Direction générale de l’OMC.

C’est une première, l’Afrique vient de se hisser à la tête de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) qui sera dirigée par une femme, une économiste chevronnée : Ngozi Okonjo-Iweala, l’une des femmes plus puissantes du Nigeria.  La bataille finale pour la Direction générale de l’Organisation mondiale du commerce a opposé la Nigériane à la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee.  A 66 ans, Ngozi Okonjo-Iweala réunit toutes les chances d’être désignée à l’unanimité pour prendre les rênes de l’Organisation.

Deux finalistes sont officiellement annoncés au siège de l’organisation à Genève le 8 octobre dernier parmi les cinq candidats en lice: Yoo Myung-hee, actuelle ministre du Commerce de la Corée du Sud et Ngozi Okonjo-Iweala, l’ancienne ministre des Finances du Nigéria.  En effet, dans le long processus de désignation du Directeur général, les 164 États membres se sont mis d’accord sur les deux finalistes encore en lice. Selon le journal le Point, l’Union européenne a officiellement apporté son soutien à ce duo, avec une préférence de Paris pour la candidate africaine. Les deux femmes seront prochainement auditionnées par le Parlement européen.

Le tour de l’Afrique ?

 

Depuis, les soutiens se multiplient en faveur de la Nigériane. Le dernier en date n’est autre que celui du président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui préside aussi l’Union africaine et qui appelé tous les pays membres à jeter tout leur poids dans la balance pour donner à l’OMC, non seulement sa première directrice générale, mais aussi, pour la première fois, quelqu’un issu du continent africain. « Au moment où il faut donner un nouveau sens aux organisations internationales, la Dr. Okonjo-Iweala est la personne qu’il faut pour repositionner l’OMC afin d’en faire un outil efficace pour encourager un système commercial juste, équitable et basé sur des règles », a écrit le président Ramaphosa dans un communiqué.

Si les statuts de l’OMC ne prévoient pas de rotation géographique pour le directeur général, des voix s’élèvent pour dire que c’est au tour d’un Africain ou d’une Africaine d’occuper le poste. Plus que jamais pour les soutiens de l’ex-ministre nigériane, à Genève, au siège de l’Organisation mondiale du commerce, elle est tout simplement la candidate dont l’institution, en pleine tourmente, « a besoin pour améliorer sa réputation », rapporte le site Politico.

C’est la première fois que l’Afrique aligne autant de candidats pour prendre la tête d’une organisation internationale de cette envergure. Avant d’arriver en haut de la liste, Ngozi Okonjo-Iweala était en compétition avec deux autres Africains, l’Égyptien Abdel-Hamid Mamdouh et Amina Mohamed, la ministre kényane des Sports.

Ph: DR – Dr. Ngozi Okonjo-Iweala , Ministre nigériane des Finances

Mais qui est Ngozi Okonjo-Iweala ?

Une femme de poigne que l’on surnomme « Okonjo Wahala », ce qui en yoruba signifie « Okonjo l’emmerdeuse » ! Née en 1954 à Ogwashi-Ukwu, dans le delta du Niger, Ngozi Okonjo-Iweala a passé la majorité de sa vie aux États-Unis, où elle a étudié dans deux universités prestigieuses, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard avec une thèse intitulée : « Politique du crédit, marchés financiers ruraux et développement agricole au Nigeria ».

Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria durant deux mois, Mme Okonjo-Iweala a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1982, où elle a travaillé pendant 25 ans. En 2012, elle échoue à devenir la présidente de cette institution financière, face à l’Américano-Coréen Jim Yong Kim.

« Je crois qu’elle a fait du bon boulot, que ce soit au Nigeria ou dans les autres pays où elle a travaillé », déclare à l’AFP Idayat Hassan, directrice du Centre for Democracy and Development, basé à Abuja rapport le journal le Point.

« Elle n’est pas juste aimée au Nigeria, elle est adorée, c’est un symbole […] pour les femmes », ajoute Mme Hassan. Un succès qui ne se dément pas dans le milieu des affaires, même l’homme d’affaires nigérian Aliko Dankote, d’habitude si discret, a appelé publiquement à voter pour l’ancienne ministre. « En ces temps difficiles, l’OMC a besoin des compétences certaines et de l’expérience éprouvée du Dr Ngozi Okonjo-Iweala pour diriger l’organisation à travers les obstacles identifiés et renforcer sa position de principal facilitateur du commerce international », a indiqué le milliardaire nigérian sur son compte Twitter.

Une sacrée revanche pour Ngozi Okonjo-Iweala, dont la candidature ne fait toutefois pas l’unanimité. A ses détracteurs qui lui reprochent de manquer d’expérience dans le domaine du commerce international, elle répond : « J’ai travaillé toute ma vie sur les politiques commerciales», lors d’un séminaire via Internet organisé en juillet par Chatham House, un centre de recherche britannique. « Plus que tout, le chef de l’OMC doit avoir  de l’audace, du courage », riposte-t-elle, estimant que le choix ne peut se faire uniquement sur les compétences techniques.

Nommée en juillet Envoyée spéciale de l’Union africaine dans la lutte contre la pandémie sur le continent, Ngozi Okonjo-Iweala a la lourde tâche de mobiliser des soutiens à l’international pour enrayer la crise économique mondiale qui touche de plein fouet les pays africains. Elle est présidente du Conseil d’administration de Gavi Alliance, une organisation qui favorise l’accès à la vaccination en Afrique.

À la présidence de l’OMC, elle aura fort à faire dans un contexte mondial de crise économique et de crise de confiance dans l’organisation, au moment où la libéralisation du commerce mondialisé est vivement contestée. Selon elle, la montée des protectionnismes et du nationalisme à travers le monde s’est accentuée avec la crise et les barrières devraient être abaissées pour relancer l’économie. « Une façon d’assurer une offre suffisante de vaccins et son équitable distribution est de supprimer certaines barrières érigées par les lois sur la propriété intellectuelle et les transferts de technologie », défend-elle dans les pages du magazine américain Foreign Affairs en avril.

En attendant le début du mois de novembre prochain, où les Africains seront fixés sur la candidate retenue pour prendre les rênes de l’Organisation, à l’issue d’ultimes tractations, portons Ngozi Okonjo-Iweala vers sa désignation.

 

Aline ASSANKPON


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