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JIF-2020 / Femme et accès aux services sociaux de base au Bénin : La Banque mondiale diagnostique les indicateurs qui freinent le potentiel des femmes


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De (gauche à droite) : M. Félicien Donat Accrombessy, Mesdames Yéli Mariam Dakouré Sou et Zenab Kokonbo Kouanda et M.Saint-Martin Mongan Agbeshie. A l’extrême gauche, M. Gnona Affangbédji, le modérateur.

Dans le cadre de la journée internationale de la femme (JIF-2020), la Banque mondiale Bénin a organisé une causerie-débat ce lundi 9 mars 2020 autour du thème, « Femme et accès aux services sociaux de base au Bénin. Il ressort des échanges qu’en milieu rural, moins d’une personne sur deux a accès à une eau de qualité améliorée ; soit 40,4% et 58% en milieu urbain. L’accès des femmes et des jeunes filles aux services de base s’entend l’accès à des services curatifs, préventifs, promotionnels et adaptatifs.

Selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale publiée à la veille de la JIF-2020, le rattrapage des écarts de rémunération qui pénalisent les femmes tout au long de leur vie professionnelle, pourrait procurer un dividende de 172.000 milliards de dollars à l’économie mondiale. L’étude établit «qu’en rémunérant les femmes au même niveau que les hommes, les gains en termes de richesse du capital humain seraient d’environ un cinquième à l’échelle de la planète et supérieurs à 50 % pour les femmes».

Ainsi, le rapport traduit  à quel point les écarts de salaire entre les hommes et les femmes constituent un frein puissant à l’expression du potentiel économique des pays. « Seules des mesures visant à redistribuer et rééquilibrer la prise en charge au sein des familles, constituer un vivier de talents pour favoriser le rattrapage des femmes en termes d’emplois et d’entrepreneuriat et faire évoluer les lois et les normes sociales limitant les capacités d’expression des filles et des femmes permettront d’améliorer les perspectives de rémunération des femmes pendant leur vie professionnelle » explique Caren Grown, directrice principale pour l’égalité hommes-femmes à la Banque mondiale.

En plus de ces déséquilibres financiers, le rapport s’intéresse à d’autres aspects des inégalités hommes-femmes : les performances éducatives ; le mariage et les grossesses précoces ; la fécondité et la croissance démographique ; la santé, la nutrition, le bien-être et les violences ; ou encore la capacité d’action et de décision et le capital social.

En outre, il met en évidence l’impact durable des inégalités entre les sexes sur la vie des hommes et notamment leur effet délétère à l’adolescence ; les conséquences sanitaires néfastes pour les jeunes mères et leurs enfants ; des mariages et grossesses précoces, lesquels contribuent à enraciner ces inégalités.

Les participants à la causerie-débat

Diagnostic des indicateurs qui freinent le potentiel des femmes

C’est à juste titre que la causerie-débat initiée par la Banque mondiale Bénin a été menée autour du thème : « Femme et accès aux services sociaux de base au Bénin ». Il s’agit-là d’analyser la place de la femme, en termes de son accès à l’eau potable au Bénin, les stratégies mises en œuvre par la Banque mondiale pour approvisionner les populations rurales en eau potable améliorée ; l’accès des femmes et des jeunes filles aux services de santé et les efforts fournis par le Gouvernement béninois pour inverser la tendance baissière du taux de la mortalité  conformément aux OMD et au ODD de même que le diagnostic sur l’insertion des jeunes surtout les jeunes filles sur le marché de travail et les stratégies mises en œuvre pour réduire les écarts de rémunération qui pénalisent les femmes tout au long de leur vie professionnelle et qui impactent négativement le développement économique des pays.

La femme sur le marché de l’emploi

En effet, le diagnostic révèle que l’élément fondamental du phénomène au Bénin est l’aspect socioculturel. Selon Saint-Martin Mongan Agbeshie, spécialiste protection à la Banque mondiale, sorties trop tôt de l’école, les filles n’ont pas toutes les capacités requises pour accéder au marché de travail où elles sont plus ou moins pénalisées. Or l’école est un moyen pour les capaciter, leur donner les compétences requises.

« Un tiers des femmes au Bénin est exclue du marché du travail rien qu’à cause des tâches ménagères. En milieu rural, elles passent le temps à puiser de l’eau, à chercher des fagots et à faire le ménage. 44% des femmes en milieu rural travaillent moins de 35h par semaine, alors que la moyenne générale est de 37h et 20 % de femmes en milieu rural travaillent sans salaire contre 10 % pour les hommes. De manière systématique, quand les femmes sont rémunérées, elles le sont moins que les hommes note l’Insae ».

En 2018, l’indice de capital humain, dont deux des quatre composantes concerne la scolarisation, a publié que les filles ont 8,8 années de scolarisation en moyenne, alors que les hommes sont à 9,18 jusqu’à 18 ans. (…).

La femme au cœur de la stratégie Eau

On ne peut parler d’approvisionnement en eau sans que la femme ne soit au cœur de cette problématique. La corvée d’eau est exclusivement dédiée pour plus de la moitié des femmes et après aux enfants.  «Globalement au Bénin, on a un taux d’accès national en milieu rural de 40,4% et 58% en milieu urbain. Cela traduit qu’en milieu rural, moins d’une personne sur deux a accès à une eau de qualité améliorée. Ça traduit également la difficulté au quotidien d’avoir de l’eau pour survivre. Et quand on parle de ces personnes qui éprouvent cette difficulté, c’est les femmes astreintes à cette corvée d’eau » analyse Yéli Mariam Dakouré Sou, spécialiste Eau à la banque mondiale.

En matière de stratégie d’eau, la Banque mondiale a deux projets exclusivement dédiés à l’approvisionnement en eau, en milieu rural explique-t-elle : Le premier consiste à accélérer l’accès à l’eau,  plus de 1.600.000 de personnes  sont ciblées dont plus de 50% de femmes. Le deuxième consiste à atteindre 196.000 personnes qui puissent avoir accès à l’eau améliorée et plus de la moitié est spécifiquement les femmes. « Ces deux projets vont aider le Gouvernement à améliorer substantiellement l’accès à l’eau potable et par conséquent à réduire cette corvée d’eau» ajoute Mme Dakouré Sou.

« La pénurie ou la corvée d’eau fait partie de l’un des déterminants clés de la pauvreté. L’accès à l’eau par la bonne fontaine en milieu rural, permet de maintenir les filles à l’école et d’avoir de meilleures performances. Avoir l’eau à moindre coût, c’est bénéfique aussi bien pour les femmes que pour les jeunes filles et cela présente de meilleures opportunités pour elles » a renchérit Félicien Donat Accrombessy, Economiste/ Statisticien à la Banque mondiale.

Sans eau, il n’y a pas de vie

« Si les populations n’ont pas accès à une eau de qualité, bien évidemment, cela va impacter sur leur santé. L’accès des femmes au service de santé, sous-entend l’accès à des services : curatifs, préventifs, promotionnels (permet aux femmes d’espacer les grossesses et d’éviter les mortalités natales)  et adaptatifs ».

Selon Zenab Kokonbo Kouanda, spécialiste santé à la Banque mondiale, des efforts ont été faits par les pays pour organiser l’accès des femmes aux services de santé, mais ces efforts n’ont pas atteint les espérances et les cibles que les pays se sont fixé dans le cadre des OMD et des ODD. « Chaque mois, 450.000 enfants de moins de cinq ans perdent la vie dont 15.000 par jour. On a près de 150 millions d’enfants qui sont victimes de malnutrition chronique ».

Quand un enfant fait la malnutrition chronique, ses capacités d’apprentissage s’amenuisent, donc, son potentiel à impacter  le développement de son pays également. « Depuis plus d’une décennie, la tendance est régressive. On a une baisse très faible de la mortalité maternelle au Bénin qui est stagnante pratiquement ; soit près de 391 décès à la naissance. Un indicateur  sur lequel la Banque s’attèle à travailler » indique Mme Kouanda.

Au titre des recommandations, il revient donc à investir et à créer des opportunités pour les filles et les femmes tout au long de leur vie ; à retarder l’âge du mariage et de la première grossesse et à renforcer la richesse du capital humain.

Aline ASSANKPON


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