Flash Infos:

Théâtre fora sur les dispositions pertinentes du Code foncier et domanial : Wildaf Bénin et Projet FCIL outillent huit villages de Ouinhi


1 564 Vues

Ph: DR-: Le présidium, de gauche à droite (Joel Ezinwota, Evelyne Mongbo, Marie Claire Dégnon, Florent Kètchékon et Aline Assankpon.

Démarré depuis le 11 octobre 2019  au village d’Ahicon, la séance de sensibilisation menée par Wildaf Bénin a pris fin ce vendredi 15 novembre 2019 au village de Midjannangan, dernière étape d’une série de huit ciblés dans la commune de Ouinhi. «Favoriser l’accès des femmes de la commune de Ouinhi à la terre par l’appropriation des dispositions pertinentes du code foncier domanial du Bénin» c’est l’intitulé du projet financé par le Fonds Canadien d’Initiatives Locales (FCIL). Mise en scène à travers un théâtre forum, ce projet vise en effet à régler le problème de méconnaissance par les femmes rurales des procédures et instances de sécurisation des transactions foncières.

Faire connaître aux populations de la commune de Ouinhi, les dispositions juridiques en matière foncière au Bénin ; le cadre institutionnel du code foncier et domanial, les différentes structures de gestion foncière, les modes d’accès à la terre et les conditions pour un accès sécurisé ; tels sont les objectifs du projet FCIL mise en œuvre par Wildaf Bénin à travers des théâtres fora grand public.

« Jadis dans notre milieu ici, sécuriser la terre ou donner la terre aux femmes, ne faisaient pas partie de notre culture ; alors que les choses ont évolué et les femmes peuvent hériter les terres de leurs pères ou de leurs époux défunts. Avant, c’était impossible.  C’est en cela que je remercie sincèrement Wildaf Bénin pour avoir initié une telle sensibilisation dans mon arrondissement » se réjouit Florent Kètchékon, chef d’arrondissement des Tohouès à Midjannangan, le dernier village des huit couverts par le projet.

«C’est un privilège pour nous que cette séance de sensibilisation se déroule à Midjannagan centre. Nous remercions les partenaires qui ont pensé à nous » ajoutera Joel Ezinwota, chef du village.

Mise en scène de la thématique sur les droits d’accès des femmes à la terre en milieu rural

En réalité, chaque mise en scène est suivie d’une séance de sensibilisation et de vulgarisation à travers les diverses préoccupations des populations. Pour preuve, Madelaine Houagbé, cultivatrice et vendeuse de poisson fumé à Midjannangan  témoigne : «J’apprécie beaucoup cette séance de sensibilisation. Ma préoccupation  actuelle est par quel processus  je peux revendiquer mon droit d’héritage ; car j’ai un oncle qui s’est accaparé des terres de mon père défunt. Il menace de nous tuer si on réclamait nos droits. Alors que je voudrais bien bénéficier de cet héritage que je laisserai à mes enfants après exploitation. Que dois-je faire?»

Tour à tour, les animatrices, Evelyne Mongbo, Secrétaire générale de Wildaf Bénin passera en revue l’arsenal juridique mis en place par l’Etat béninois pour la jouissance des droits d’accès des femmes à la terre. Marie Claire Dégnon, Vice-coordinatrice de Wildaf Bénin rappellera les objectifs du projet et Aline Assankpon, journaliste et membre de Wildaf Bénin, apportera également quelques éclaircissements: « L’homme et la femme dispose d’un droit égal sur les terres en matière d’héritage et de succession ». « Notre objectif, c’est l’application  effective des textes qui régissent les droits d’accès des femmes en milieu rural. Vous devez comprendre qu’aujourd’hui les choses ont changé, puisque les textes parlent de deux sexes, c’est pourquoi nous avons réuni toutes les tendances confondues : sages, notables, chefs de villages, chef d’arrondissement (C.A.) hommes, femmes et jeunes».

Les populations de Midjannangan s’approprient les nouvelles réformes foncières…

Remerciant vivement Wildaf Bénin, le C.A. a témoigné sur l’ampleur des conflits fonciers dans sa localité et l’espoir qu’il nourrit sur le changement que ces séances de sensibilisations pourraient opérer sur le comportement des populations. «Les conflits fonciers sont récurrents ici. Nous recevons presque tous les jours les problèmes fonciers : certains refusent catégoriquement d’attribuer de terres à leurs sœurs après le décès de leur père. Je leur explique de fond en comble le contenu du code foncier et domanial, mais ils ne me croient pas. Il y en a qui se laissent convaincre tandis que d’autres s’entêtent encore et menacent leurs sœurs. Cette situation fait que certaines femmes se résignent à revendiquer leur droit d’accès à la terre, mais il y a quand-même des femmes qui ont des facilités à bénéficier leurs droits parce qu’elles ont la chance d’avoir des frères un peu instruits. D’autres  hésitent encore ; mais je crois qu’avec cette sensibilisation la situation des femmes va s’améliorer ».

… qui favorisent les droits d’accès des femmes à la terre et les moyens de sécurisation des terres.

Changer des habitudes du jour au lendemain peut prendre du temps, mais progressivement l’effectivité de la mise en application des textes deviendra une réalité. L’exemple de Djossou Joséphine, cultivatrice et transformatrice de soja en est une parfaite illustration : «Ces nouvelles lois sont louables car après le décès notre père, tous ses enfants filles et garçons ont hérité des terres. Aujourd’hui, je dispose des terres que je cultive. J’ai également bénéficié d’une chambre dans ma maison paternelle. Ce que j’aimerais savoir, est-ce que je peux vendre mes terres pour acheter d’autres dans la localité de mon époux où je réside actuellement afin que mes enfants puissent les hériter à l’avenir ?»

Les résultats attendus au niveau des huit villages ciblés dans la commune de Ouinhi ne sauraient longtemps durer. Il s’agit notamment de : Ahicon, Mouzoungoudo dans l’arrondissement de Ouinhi centre ; Tozoungo, Agonkon dans l’arrondissement de Dasso ; Aïzè, Ahogo dans l’arrondissement de Sagon  et Gangban, Midjannangan dans l’arrondissement de Tohouès.

Notons que la délégation de Wildaf Bénin conduite par Mme Marie Claire Dégnon, Vice-coordonnatrice est composée de Mme Evelyne Mongbo, Secrétaire générale de Wildaf Bénin, Mme Aline Assankpon, membre de Wildaf Bénin et M. Nativité Homègnon, comptable de Wildaf-Bénin.

Aline ASSANKPON


Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*

Revenir en haut de la page