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Plaidoyer en faveur de l’accès des femmes au foncier à Tori-Bossito : « Les femmes ne doivent plus être exclues de leurs droits d’accès à la terre à Tori » dixit le Kinidégbé Gbozèkpa Gbèna


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Ph:DR- Sa majesté Odjaka Kinidégbé Gbozèkpa Gbèna, 17ème Roi de Tori (à l’extrême droite) avec ses dignitaires

« Cela fait quelques années déjà qu’on nous parle de la problématique sur les droits d’accès, de revendication d’héritage et de contrôle des terres par la femme. Vous qui  êtes  mes collaborateurs, mes sujets, j’espère que vous avez retenu la leçon : les enfants filles et garçons héritent à part égale les biens de leur parents défunts. Ce message, vous devez le porter à tous vos entourages et le mettre en pratique. Souvent les héritiers hommes vendent les terres pour acheter des motos ou pour construire des maisons alors que leurs sœurs directes végètent dans la misère et la pauvreté. Les femmes ne doivent plus être exclues de leurs droits d’accès à la terre. Ceci étant mon mot d’ordre en tant roi de Tori ». Le mot d’ordre de sa majesté Odjaka Kinidégbé Gbozèkpa Gbèna, 17ème Roi de Tori.  Une exhortation qui réjouit toute la cour royale en occurrence les quelques femmes présentes au plaidoyer de la KAS et de Wildaf-Bénin en faveur des femmes ce jeudi 17 octobre 2019.

Ph: DR-: Animatrices de Wildaf-Bénin et représentant de la KAS à l’extrême gauche des participants

« Qu’en sera-t-il d’un domaine en litige entre deux familles, la première ayant confié son domaine à exploiter à la seconde. Aujourd’hui les enfants réclament leur terre, mais n’ont pas le courage de les revendiquer devant la justice de peur d’y laisser leur vie. L’un des frères qui a eu le courage d’affronter toutes les menaces de mort a fini par avoir gain de cause et a récupéré le domaine de son père.  Ce domaine reviendra-t-il à lui seul ou à ses frères et sœurs résignés à l’idée d’une revendication périlleuse?» questionne Dah Kpéssékoun de Tokoli, l’un des dignitaires du palais royal.

A cette préoccupation pertinente, la Coordonnatrice de Wildaf-Bénin, Mme Françoise Sossou Agbaholou, éclaire l’assistance sur les enjeux de la terre : « La terre, facteur de production  et de développement économique est également un élément qui décime les familles. Si vous êtes dix enfants de votre père ou de votre grand-père prétendant à son héritage.  Au fur et à mesure que l’affaire pendante  devant le juge est reportée pour une date ultérieure, le nombre des prétendants commence à diminuer considérablement. Les gens meurent parce qu’ils ont revendiqué leur droit d’accès à la terre ». Et c’est pour mettre fin à cette procédure périlleuse que le Code foncier et domanial a prévu le règlement à l’amiable des litiges par les chefs des collectivités ou par les tribunaux de conciliation.

Ph:DR- Une vue partielle des participants

Ce jeu de questions-réponses après la projection du téléfilm intitulé, « Et pourquoi pas les femmes ? » illustre bien l’ambiance d’échanges qui a caractérisé l’étape de plaidoyer de la Fondation Konrad Adenauer et de Wildaf-Bénin au palais royal de Tori. Préoccupations, inquiétudes et opinions par  rapport aux réformes foncières, les nouvelles dispositions, les orientations et innovations du code foncier et domanial en lien avec la Constitution béninoise et le code des personnes et de la famille, étaient bien servis au menu.

«Si nous devons résumer ce téléfilm, nous dirons : Il n’est plus question de tenir compte des mauvaises actions en matière de gestion foncière faites dans le passé. Maintenant, il y a des lois qui encadrent la gestion foncière, les transactions en matière d’héritage,  d’achat et de location et les procédures de sécurisation. Nous retenons que les hommes et les femmes doivent hériter à part égale la terre de leurs parents défunts » retient Dah Kpéssékoun de Tokoli pour recentrer le débat.

Massivement mobilisés autour de sa majesté Odjaka Kinidégbé Gbozèkpa Gbèna, 17ème Roi de Tori, le Coordonnateur du Projet EWOH2, Mounirou Tchacondoh, remercia le roi pour son adhésion à la mise en œuvre du programme de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS).  « Un monde sans faim est œuvre pour éradiquer la malnutrition, la faim et la pauvreté. Nous savons que vous êtes à la tête des chefs de collectivités, des dignitaires coutumiers et religieux et vous connaissez très souvent les problèmes de litiges fonciers impliquant les femmes. Nous savons aussi le rôle que jouez dans ces affaires, c’est pour cela que nous sommes venus plaider auprès de votre cour, de l’ensemble de vos dignitaires pour nous aider à renforcer ces droits des femmes à avoir accès à la terre et à leurs droits de revendication d’accès à la terre. Cela va contribuer à l’autosuffisance et juguler la faim dans nos communautés » explique-t-il.

Une démarche qui reçoit l’approbation de la cour royale : « J’apprécie votre démarche qui participe de l’autonomisation de la femme. Malheureusement, nous ne savons pas s’il reste encore de terres à hériter à Tori. Toutes les terres sont déjà vendues ; alors qu’allons-nous faire maintenant ?» de l’avis d’un autre dignitaire, Dah Houanho Adégnilo, président des têtes couronnées de la commune de Tori-Bossito.

La coordonnatrice nationale de Wildaf-Bénin et son assistante, Mme Léonie Wotto, mettront en lumière le dispositif juridique et institutionnel applicable au foncier en République du Bénin : Les droits de succession et de  revendication à l’accès à la terre des femmes en milieu rural ; Les droits fonciers et la sécurisation foncière : Le dispositif de gestion des conflits fonciers : acteurs, méthodes  et responsabilités juridiques et institutionnelles.

Ph: DR-: Le Coordonnateur du Projet EWOH2, Mounirou Tchacondoh, remettant de documents au roi de Tori.

Après l’étape d’éclairage, le roi Kinidégbé de Tori a fait sa déclaration en faveur de l’initiative « Un monde sans Faim et de l’accès de la femme à la terre en milieu rural ». Une déclaration qui engage désormais tous les dignitaires, chefs traditionnels, coutumiers et religieux pour une amélioration des droits de revendication de la terre par les femmes.

Un lot de document  est remis à sa majesté comme support pour faciliter la sensibilisation et la vulgarisation des textes. « Nous repartons avec beaucoup de satisfaction et nous vous laissons ce lot de documents pouvant vous permettre de travailler et grâce auxquelles vous aurez les informations sur les dispositions légales sur le foncier au Bénin. Nous savons que désormais les femmes auront un accès aux fonciers à Tori-Bossito, ceci pour le bonheur et le développement de toute la communauté» soulignaa le coordonnateur de la KAS lors de la remise des documents au roi, qui a été  très ovationné pour son engagement.

Aline ASSANKPON


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