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Plaidoyer de Wildaf-Bénin et de la KAS en faveur de l’accès des femmes au foncier à Kpomassè : Dignitaires, coutumiers et chefs religieux s’engagent à faciliter les droits de contrôle de la femme à la terre


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Ph: DR-: Une vue partielle des participants

La cour du chef de la collectivité Vigan Acacha Adantchédé (ancien maire de Kpomassè, ancien conseiller de l’Assemblée nationale révolutionnaire –ANR) était bondé de chefs traditionnels, coutumiers religieux, sages et notables de la commune de Kpomassè. Venus nombreux pour prendre part au plaidoyer en faveur de l’accès des femmes au foncier en milieu rural organisée par Wildaf-Bénin avec l’appui financier de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) ce mercredi 16 octobre 2019. A l’issue des échanges, une dizaine de ces dignitaires, coutumiers et chefs religieux s’engage – au nom de tous – à faciliter un accès des femmes au foncier à Kpomassè.

Après, le département du Zou, c’est le tour du département de l’Atlantique avec précisément les communes de : Toffo, Zè, Kpomassè, Tori-Bossito et Ouidah du 14 au 18 octobre 2019.  «Chefs traditionnels et coutumiers, leaders religieux pour un accès équitable des femmes au foncier en milieu rural » c’est le thème retenu pour le plaidoyer en faveur de l’accès des femmes  au foncier organisé par le réseau Wildaf-Bénin avec l’appui financier du Konrad Adenauer Stiftung (KAS).

Ph: Dr : (De gauche à droite )M. Mounirou Tchacondoh, représentant de la KAS, Mesdames Elisabeht Natabou, Marie-Claire Dégnon, Lydia Counounhoué de Wildaf-Bénin et le Vieux Vigan Acacha Adantchédé.

Le but visé étant  d’impliquer une centaine de têtes couronnées, garant de la tradition par commune, à la noble cause qui consiste à faciliter les droits d’accès, de revendication et de contrôle des terres aux femmes en milieu rural pour l’atteinte des objectifs du Projet : « Un seul monde sans faim » EWOH2.

Après la projection d’un téléfilm qui résume les droits de la famille et des successions ; les droits fonciers et les procédures de recours en cas de violation des droits. Les participants, saisissant le message de la KAS, ont tour à tour reconnu pour la majorité que les erreurs du passé en termes de discrimination faite à l’égard de la femme sont réellement du passé. Cependant, ils confirment l’effectivité des nouveaux textes qui restaurent la femme dans ses droits.

« Un monde sans faim s’est rendu compte que la contribution de la femme dans la performance du secteur agricole est cruciale notamment son accès équitable à la terre et son droit d’usage des terres. Son accès à la terre renforcera sa contribution dans la production agricole, au développement économique des communautés et de la nation toute entière » a justifié Mounirou Tchacondoh.

Ph: DR-: M. Mounirou Tchacondoh

« Faire donc obstacle à la femme dans son accès à la terre, c’est créer un problème à l’économie nationale. C’est compromettre la résolution des problèmes liés à la malnutrition, à la faim et à la pauvreté » ajoute le coordonnateur du Projet EWOH2.

En effet, faire le plaidoyer devant ces dignitaires coutumiers qui ont l’habitude de connaitre les litiges fonciers impliquant les femmes dans leurs accès à la terre est opportun et engage désormais ceux-ci à aider les femmes en prenant en compte leurs besoins et intérêts.

Le moment d’un plaidoyer 

La vice-coordinatrice de Wildaf-Bénin, Mme Marie-Claire Dégnon  en termes de plaidoyer rappellera à l’assistance les attentes de la KAS : « Aider les femmes à avoir accès aux terres d’héritage et non les terres mises en location ; les aider à sécuriser les terres héritées et à avoir des titres de propriété. Certes, beaucoup de terres sont vendues sans la prise en compte des femmes. Mais à partir de cet instant, il suffit de les amadouer et de leur donner quelques parcelles de terres. L’applicabilité des textes doit être une réalité dans nos communautés et vous chefs traditionnels et coutumiers présents à ce plaidoyer en faveur des droits d’accès des femmes à la terre, vous devez être des acteurs du changement. Transmettez le message à vos proches ».

Ph: DR- Des participants très attentifs au message de la KAS

En réponse, ils sont une dizaine accompagnant le vieux Vigan Acacha Adantchédé  à s’engager  au nom de tous. Selon eux, la femme est le pilier de la famille et ne saurait être écartée de ses droits de jouissance. « Le message de Wildaf-Bénin et de la KAS doivent être porté à la connaissance de nos familles et collectivités respectives. Ceci participe de la paix sociale de nos familles » s’engagent-ils à le faire.

L’étape de Kpomassè augure de bonnes perspectives : une dizaine de dignitaires et coutumiers, chefs religieux, sages et notables se sont engagés au nom de tous à faciliter un accès des femmes au foncier. « Peut-on disposer d’une famille sans la femme ? Alors que sans la famille, on ne saurait parler d’un village, d’un arrondissement, d’une commune, d’un département et d’un pays. Dieu nous a gratifiés d’une progéniture qui peut être de sexe masculin ou féminin. La pratique ancestrale qui consiste à exclure les femmes de leurs droits d’accès à la terre, est désuète et n’a plus droit de cité. La femme a un accès à part égale des biens de ses parents défunts » a martelé le vétéran Acacha.

Ph: Dr- Le chef de la collectivité Vigan Acacha Adantchédé (en blanc) entouré des dignitaires, chefs traditionnels, coutumiers, religieux, sages et notables, s’engageant à faciliter l’accès des femmes à la terre à Kpomassè.

Pour certains, les messages portés à leur connaissance sont révélateurs et doivent les édifier. « Chacun de nous a un devoir et une obligation d’informer sa famille et sa collectivité sur les nouvelles orientations de gestion foncière et le droit d’accès, de revendication et de contrôle des terres par les femmes ». Pour d’autres, « A l’image du téléfilm que nous venons de suivre, nous nous engageons à trouver un terrain d’entente entre frères et sœurs afin de céder ne serait-ce qu’une portion de terre aux femmes. Une médiation à l’amiable vaut mieux qu’une procédure longue et coûteuse au tribunal qui entrainerait la division de la famille ». Pour d’autres encore…des restitutions du message de la KAS à porter loin des contrées.

Devenir les acteurs du changement, c’est l’ambition que nourrissent ces garants de la tradition qui, malgré leur désir de tourner la page des pratiques ancestrales, acceptent de donner ne serait-ce quelques parcelles à la femme au lieu d’aller au partage à part égale tel que stipulé par les textes. Pour la plupart, d’entre eux, la femme peut désormais hériter les terres de ses parents défunts mais a-t-elle le droit de les vendre à d’autres familles ? « Nous nous engageons à céder une part d’héritage des terres aux femmes ; mais il convient de leur dire qu’elles ne doivent pas les vendre ».

Espérons qu’en l’espace d’une année ces engagements se traduisent  réellement dans les comportements avec des exemples concrets.

Ce jeudi 17 octobre, l’équipe de Wildaf-Bénin et de la KAS se rendra à Tori-Bossito.

Aline ASSANKPON


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