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20ème Edition du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale : L’inclusion des femmes comme une solution évidente pour progresser


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Albert Zeufack, l’Economiste en Chef de la Banque mondiale pour la région Afrique

Plombée par une conjoncture internationale incertaine, la croissance en Afrique subsaharienne continue de fléchir : 2,6 % en 2019 contre 2,5%  en 2018. Même si le Bénin figure parmi les six économies en Afrique qui ont un taux de croissance supérieur à 6% ; le rapport semestriel de la Banque mondiale sur les projections macroéconomique met un accent particulier sur les initiatives en faveur de l’autonomisation des femmes. C’est entre autres les conclusions de la 20ème  édition de Africa’s Pulse publié le mercredi 9 octobre 2019 par visioconférence au siège de l’institution à Cotonou.

Comparativement aux prévisions de la 19ème édition du rapport Africa’s Pusle de la Banque mondiale publié en Avril dernier, la performance du présent rapport semestriel  est inférieur de 0.2 point de pourcentage, soit 2,6% contre 2,5% l’année précédente.  En 2019,  la croissance en Afrique subsaharienne ne parvient pas à décoller. Elle est plutôt freinée par les incertitudes persistances de l’économie mondiale et des réformes intérieures qui marquent le pas. « Cela fait la 4ème année consécutive où nous avons une croissance en dessous de 3 %.  Cela signifie qu’en termes de croissance par tête depuis quatre ans, l’Afrique croit presqu’à un taux zéro ; puisque la croissance de la population tourne autour de 2,5% » souligne Dr Albert Zeufack, Economiste  en chef pour la région Afrique de la Banque mondiale.

Le rapport lie cette faible croissance  à trois facteurs principaux : la persistance des incertitudes liées aux tensions commerciales dans le monde qui affecte les exportations africaines, l’investissement et la croissance africaine ; le ralentissement du rythme de l’effort structurel dans les pays africains (la gestion de la dette, la gouvernance) et les chocs climatiques (la sécheresse et les inondations) qui affectent la production agricole à travers le continent. « Ces trois facteurs cumulés entraînent une baisse des investissements ; donc moins  de création d’emplois ».

Toutefois, le rapport mentionne une diversité de croissances en Afrique subsaharienne. Les quatre économies qui ont le plus fort taux de croissance au monde sont en Afrique : l’Ethiopie, le Rwanda, la Côte-d’Ivoire et le Ghana. « Ces quatre économies qui constituent nos champions au niveau de la croissance continuent de croitre à un niveau supérieur de 7% par an. Ça fait d’elles des économies à croissance rapide au monde » souligne M. Zeufack.

Ensuite, le Bénin figure parmi les six économies en Afrique qui ont un taux de croissance supérieur à 6%. Il s’agit de la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, l’Ouganda et le Burkina Faso.  « Ces six économies ont réussi à rehausser la moyenne de la croissance africaine qui en fait est tiré par le bas par les trois économies  que sont le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Angola qui toutes croissent à moins d’1% »  Selon l’Economiste en chef de la région Afrique, si on exclue le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola, le reste de l’Afrique subsaharienne continue de croitre à 4 % par an.

Africa’s Pulse s’est donc attardé sur deux sujets essentiels : L’accélération de la réduction de la pauvreté en Afrique et le genre axé sur l’autonomisation des femmes.

L’accélération de la réduction de la pauvreté en Afrique

Encore 416 millions vivent dans l’extrême pauvreté en Afrique, avec moins d’un 1,9 dollars US par jour et 41% des pauvres vivent de l’agriculture de subsistance. Une énorme perte du potentiel de l’économie formelle mentionne le rapport.  Et si rien n’est fait, à l’horizon 2030,  l’Afrique sera la seule région qui aura plus de pauvres sur la planète. Il urge donc d’accroître la productivité agricole et de la transformer afin de pouvoir éradiquer la pauvreté.

Face à ces incertitudes, le rapport préconise les solutions ci-après : adopter des politiques qui vont augmenter les revenus des pauvres à travers l’utilisation des technologies nouvelles, le numérique, pour accroître la productivité dans le secteur agricole ; connecter les pauvres au marché à travers des infrastructures qui permettent l’écoulement  des productions  afin d’accroitre leurs revenus et s’assurer l’accès au financement des populations les plus démunis par les technologies nouvelles.

Selon Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale, après plusieurs  années de croissance décevante, la réduction de l’inégalité des chances dont sont victimes les femmes s’impose comme une solution évidente pour progresser : « L’inclusion des femmes est un élément clé pour stimuler la croissance. Les décideurs africains sont confrontés à un choix crucial : poursuivre les politiques actuelles ou prendre des mesures volontaristes pour favoriser une économie plus inclusive.

L’autonomisation des femmes pour stimuler la croissance

Le genre étant  l’une des caractéristiques de la pauvreté en Afrique puisque les femmes sont plus défavorisées. Le rapport met un accent particulier sur l’autonomisation des femmes pour une croissance plus soutenue à travers la réduction du taux de la fertilité extrêmement élevé qui agit sur la démographie  et la réduction du gap entre les hommes et les femmes. Le rapport établi que la productivité  des femmes est de 33 % inférieur à celle des hommes dans le secteur agricole : chaque dollar que l’entrepreneur homme gagne, les femmes pour le même travail, gagnent 66 centimes, près d’un tiers inférieur. « Ce gap entre les revenus des hommes et les femmes contribue à affaiblir les femmes et donc, ne leur permet de jouer convenablement leur rôle dans nos économies ».

A cet effet, le rapport  identifie six leviers politiques pour assurer l’autonomisation économique des femmes : renforcer leurs compétences au-delà des formations traditionnelles (Education) ; lever les contraintes financières par des solutions novatrices qui résolvent la question du nantissement et améliorent l’accès au secteur financier ; aider  les femmes à faire valoir leurs droits fonciers ; es rapprocher du monde de travail ; s’attaquer aux normes sociales qui entravent leurs perspectives professionnelles et préparer une nouvelle génération solide en aidant les adolescentes à franchir sans heurts cette étape de leur vie.

Les dirigeants de nos pays sont donc  appelés à devenir des « Champions du changement » pour l’autonomisation des femmes afin que toutes les jeunes filles du continent puissent réaliser  leurs rêves et ambitions sans aucune entrave sur leur chemin.

Aline ASSANKPON

 


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