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Plaidoyer en faveur de l’accès des femmes au foncier à Zogbodomey : Sa majesté Zodéougan Zoungongon de Zado-Gagbé engage son canton en peloton de tête


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Ph:DR : Sa majesté Zodéougan Zoungongon de Zado-Gagbé (Zogbodomey) à droite, sa majesté Adimagbè, Yèdonou Glèlè, Secrétaire général adjoint au palais royal d’Abomey

Deuxième jour de visites des palais royaux dans le département du Zou ; Dah Zodéougan Zoungongon, est très enthousiaste d’accueillir l’équipe de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) et du Centre Afrika Obota (CAO) ce mercredi 25 septembre 2019 dans son palais de Zado-Gagbé à Zogbodomey. « (…) j’invite les hommes à favoriser l’accès des femmes (leurs sœurs et épouses) à la terre. Il ne s’agit pas des terres empruntées mais une donation en bonne et due forme qui sera sécurisée en leurs noms avec un titre de propriété afin qu’elles puissent les exploiter pour le bien-être de tous» tel est le mot d’ordre de sa majesté.

 Après la commune Djidja, réputée grenier du département du Zou, Zogbodomey est la commune par excellence de produits vivriers en occurrence le maïs, produit à grande échelle. Zogbodomey est donc, une zone géographique agricole de cultures vivrières où les femmes rivalisent d’ardeur dans les travaux champêtres autant que les hommes.

Ph: DR: Le téléfilm qui accroche toute la cour royale

Cependant, force est de constater que la tradition ne les autorise pas à avoir un droit d’héritage sur la terre. Elles sont d’office écartées du partage d’héritage et des terres laissées par leur défunt mari. Une pratique patrilinéaire rétrograde que les chefs traditionnels, coutumiers et leaders religieux s’accordent aujourd’hui à corriger après la projection du téléfilm, « Pourquoi pas les femmes ». Une séquence qui accroche plus d’un et en appelle à la responsabilité de ceux qui perpétuent encore ces pratiques discriminatoires à l’égard des femmes.

A voir, les nobles actions posées par le Roi Guézo et la prépondérance des rôles joués par les femmes au Danxomè, ce qui leur a value le titre de femmes amazones, elles ne peuvent en principe être écartées du foncier. Mais la crainte de ce que les fils et petits-fils des filles ne dépossèdent la famille de son patrimoine-terre fait qu’elles sont interdites d’hériter les terres rappellera le roi Zodéougan qui aujourd’hui rentre dans une dynamique de changement à l’instar de celle du Roi réformiste Guézo.

Ph:DR- Une vue partielle du palais Zado-Gagbé de Zogbodomey

« L’avènement des réformes administrative et agricole c’est l’œuvre du Roi Guézo avec à la clé l’introduction des cultures vivrières comme le maïs, l’igname, le manioc, la banane et autres cultures. (…) Lorsqu’on essaye de prendre soins de la femme, de lui donner des terres elle travaille et fait des  prouesses plus que certains hommes. La femme, sans aucune activité génératrice de revenus ne peut faire rayonner son foyer. Alors, il est primordial de donner des terres aux femmes » martèle sa majesté Zodéougan Zoungongon.

Enseignant de carrière, le promet de sensibiliser ses sujets sur les réformes foncières et sur les droits d’accès des femmes à la terre. Ses témoignages sont corroborés par l’intervention de certaines femmes dignitaires de la cour sur ses actes en matière de gestion foncière. Saisissant l’occasion, le roi apporte également de réponses rassurantes aux diverses préoccupations de sa cour. Selon lui, tous les litiges fonciers trouvent forcément une solution à l’amiable au niveau du palais.

A l’endroit du représentant de la KAS, le roi s’engage à mener des actions de sensibilisation pour que son canton, de Zado-Gagbé (Zogbodomey) soit en peloton de tête en matière des droits d’accès, de contrôle et de revendication des femmes à la terre.

Ph: DR- Le roi, ses reines et dignitaires de la cour

« En commun accord, nous allons travailler et mes sujets vont mettre en pratique les nouvelles dispositions puisque moi-même, je m’y applique déjà avec un registre à l’appui au palais : toutes les terres que je donne aux femmes dignitaires qui travaillent avec moi, sont formalisées et elles disposent d’un acte légal sur ces terres. De ce fait, j’invite les hommes à favoriser l’accès des femmes (leurs sœurs et épouses) à la terre. Il ne s’agit pas des terres empruntées mais de terre donnée ou léguée en bonne et due forme pour permettre aux femmes de les formaliser et les sécuriser afin d’en obtenir un titre de propriété. Ce faisant, elles vont  les exploiter sans inquiétude pour le bien-être de tous» tel est le mot d’ordre de sa majesté.

Ph: DR; Mounirou Tchacondoh, coordonnateur du Projet EWOH2 dit toute sa joie et promet travailler avec le roi

Très enchanté, le coordonnateur du Projet EWOH2, Mounirou Tchacondoh, qui est à sa 4ème visite à Zogbodomey, a dit toute sa joie pour cette dernière empreinte d’un cachet royal. « Nous sommes très honorés d’entendre les témoignages de sa majesté par rapport à ce qui est fait en direction des femmes de son royaume. Nous allons transmettre cela au Représentant de la KAS à Abidjan que Zogbodomey est un canton moderne qui a opté pour les droits d’accès des femmes à la terre. Cet exemple doit être relayé par les médias afin que les autres cantons puissent s’en inspirer pour le développement du Bénin ».

Pour corroborer la réussite de l’activité du jour, sa majesté Adimagbè, Yèdonou Glèlè, Secrétaire général adjoint au palais royal d’Abomey, Garant de la continuité de l’histoire de Danxomè, fils de la 10ème lignée du Roi Glèlè, est en effet, le dignitaire qui facilite l’accès des palais royaux du département du Zou à l’équipe de sensibilisation. Il salue la KAS pour ce travail gigantesque qu’elle fait dans tous les cantons : S’inviter directement dans les palais royaux pour porter le message de la KAS.  A cet effet, il souhaite longue vie à la KAS et à ses représentants.

Ph: DR-: La cour royale

Par ailleurs, il invita la cour royale à prendre en compte les nouvelles réformes foncières, les procédures de sécurisation en matière des transactions foncières et surtout les dispositions qui favorisent les droits d’accès des femmes à la terre. « Ce que j’apprécie ici dans ce palais, c’est la perception du roi sur les réformes foncières qui sont déjà mises en pratique. Nous le remercions et prions les mannes de nos ancêtres à le soutenir dans cette démarche ».

Tour à tour, l’administrateur du Centre Afrika Obota, Didier Zinsou et Ella Alotchékpa, juriste-consultant, ont éclairé la cour royale sur les diverses préoccupations se rapportant sur les droits successoraux, la vocation successorale, les procédures juridiques et l’intervention très capitale des  structures décentralisées de l’ANDF (l’Agence nationale du Domaine et du Foncier et sa représentation départementale à Abomey (le Bureau communal du domaine et du Foncier (BCDF) ; la CoGEF (Commission de Gestion foncière au niveau communal) et les (Section villageoise de gestion foncière (SVGF) au niveau des villages.

Ce jeudi, le cap sera mis sur le palais royal de Zangnanado à Agonli.

Aline ASSANKPON

 


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