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Plaidoyer pour l’accès des femmes à la terre en milieu rural dans le département du Zou : La Cour royale de Tindji Likpin de Zakpota se mobilise pour un Bénin sans faim


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PH: DR- Des dignitaires font allégeance à sa majesté dès son arrivée au palais royal

« La femme est la vie. Elle est en amont et en aval de tout développement. Elle et présente à notre naissance et à notre décès c’est-à-dire qu’elles sont nos mères qui nous donnent la vie et nos épouses qui nous assistent jusqu’à notre dernier soupir. Notre vie entière dépend d’elles ; alors pourquoi ne pas lui reconnaitre ses droits ?» déclare sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé, Chef ex Canton de Tindji du Palais Likpin ce lundi 23 septembre 2019. Assisté des dignitaires de son rang venus d’Abomey et de Djidja, le souverain de Tindji promet d’œuvrer désormais pour les droits d’accès des femmes à la terre à condition que la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) revienne de temps en temps pour sensibiliser ses sujets sur les comportements longtemps ancrés dans les habitudes.  

Ph: DR- Sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé de Tindji (Zakpota) entouré de ses reines

Nul n’entre au palais royal s’il n’est déchaussé : Qu’il soit de la cour royale ou de l’équipe de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS) et du Centre Afrika Obota. Tout le monde se soumet aux règles et principes du royaume. Dans le palais royal, prennent siège au premier chef,  les chefs traditionnels, coutumiers, têtes couronnées, leaders religieux et les princes ; ensuite, suivra le ballet des femmes composées des femmes dignitaires appelées «Nans », princesses et celles qui récitent les panégyriques et font l’éloge du  roi et enfin apparait le souverain précédé par ses reines (épouses).

Un beau tableau de  royauté très impressionnant et captivant. Tour à tour par rang et classe sociale, tout ce monde qui compose la cour royale s’avance vers sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé pour lui faire allégeance en signe de salutation. Ils sont une soixantaine, les sujets de la cour royale mobilisés autour de sa majesté pour suivre le message de l’équipe du Centre Afrika Obota sur les des droits d’accès, de contrôle et de revendication des femmes à la terre en milieu rural

PH; Dr- Sa majesté Adimagbè Yèdonou Glèlè d’Abomey expliquant les tenants et aboutissants des objectifs de la KAS, à sa droite, dignitaire religieux de la divinité Zomadonon, Vigan Sémassoussi d’Abomey

Après une présentation introductive du dignitaire religieux de la divinité Zomadonon, Vigan Sémassoussi d’Abomey, M. Justin Sèmassoussi, également Secrétaire national du Centre Africa Obota (CAO), invitera majestueusement le roi et ses sujets à suivre une projection  de téléfilm intitulé : « Pourquoi pas les femmes? » d’une quinzaine de minutes, très parlant, réalisé sur les droits d’accès, de contrôle et de revendication des femmes à la terre ;  les procédures de formalisation pour la sécurisation des transactions foncières et les dispositions du Code foncier et domanial qui favorisent le droit d’accès des femmes à la terre. Après la projection place aux échanges : messages, quelques préoccupations relatives à la vocation successorale et des éclaircissements.

Facteur de production économique en milieu rural, la terre est également un facteur d’identité sociale et culturelle. «Une famille qui ne dispose pas de terre en milieu rural est obligée de s’investir dans des activités commerciales. Quand on sait que les femmes font plus de la moitié de la population, elles sont en aval et en amont de la production agricole, de la transformation à la commercialisation ; elles ont également en charge l’éducation des enfants et le  bien-être du foyer voire de la famille. Si la femme ne reçoit pas sa part d’héritage, si elle ne jouit pas de ses droits d’accès à la terre, en vain l’homme travaillera, pensant qu’il pourvoit seul aux besoins de la famille. Assurer l’accès des femmes à la terre, c’est assurer leurs autonomisations » a souligné le Secrétaire national du CAO, Justin Sèmassoussi.

M. Mounirou Tchacondoh, Coordonnateur national du Projet EWOH2 et M. Justin Sèmassoussi, Secrétaire national du Centre Afrika Obota (CAO)

La cerise sur le gâteau

Le Garant de la tradition, de la continuité de l’histoire dans le royaume de Danxomè rappellera pour sa part, la justesse des objectifs poursuivis par la Konrad Adenauer Stiftung (KAS). « Attribuer une terre à la femme était tout de même une pratique ancestrale quand bien même, plane la crainte que cette terre rentre dans le patrimoine de sa famille d’adoption » rappelle sa majesté Adimagbè Yèdonou Glèlè d’Abomey.

« L’être sacré pour la royauté, étaient aussi les vaillantes et braves amazones de Danxomè.  De nos jours cette bravoure se manifeste encore à travers leur représentativité dans toutes les instances de décision. A compétences égales, elles sont aptes à se mettre en ordre de bataille. Selon l’Agenda des Objectifs de développement durable (ODD), si rien n’est fait dans le sens d’aider et de soulager les femmes de leurs souffrances et pauvretés, si rien n’est fait pour  favoriser les droits d’accès des femmes à la terre, le taux de pauvreté des femmes en milieu rural connaitra une nette progression en 2030» a-t-il justifié.

La réforme foncière étant multi-acteurs et implique toutes les couches sociales surtout les chefs traditionnels, coutumiers et religieux, souvent sollicités dans la médiation des litiges fonciers et domaniaux. C’est à juste titre que la KAS décide d’aller dans les palais royaux et couvents pour faire passer le message sur les droits d’accès des femmes à la terre.

Ph/Dr: (De gauche à droite): Sa majesté Ayisudé Doba Aho Glèlè du Canton d’Oungbègamè (Djidja), sa majesté Adimagbè Yèdonou Glèlè et sa majesté Dègan Glèlè Gblandgbé

Remerciant sa majesté le roi, pour avoir mobilisé toute la cour royale pour écouter le message de la KAS, qui consiste à faire en sorte que les femmes puissent avoir accès à la terre pour assurer la sécurité alimentaire de enfants et de leurs familles afin de pouvoir contribuer au développement du village, du canton ou de la commune. C’est la substance du message du Coordonnateur national du projet EWOH2, Mounirou Tchacondoh.

Selon lui, le ministère fédéral allemand s’est rendu compte que la faim touche plus les pays de l’Afrique subsaharienne. « Une enquête menée sur le terrain a révélé l’engagement de la femme dans les activités agricoles, dans les charges du ménage : d’où la nécessité de bénéficier l’appui inconditionnel de nos vénérés chefs traditionnels et coutumiers afin de pouvoir aider les femmes » a-t-il plaidé en faveur des femmes.

Saluant tous les dignitaires présents à cette activité de sensibilisation, sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé de Zakpota remercia la Fondation Konrad Adenauer pour son initiative qui lutte contre la faim et la misère en milieu rural. « Le message est compris et sera mis en application conformément aux textes. Mes sujets seront vos relais dans la communauté sur la gestion foncière surtout les dispositions relatives aux droits d’accès des femmes à la terre. Mais pour y arriver, nous invitons les femmes elles-mêmes à nous aider afin de pouvoir les aider» déclare-t-il en reconnaissant la place qu’occupe la femme dans la société.

«La femme est en amont et en aval de tout développement. (…) Notre vie entière dépend d’elle car elle aurait pu mourir au moment où elle nous donnait naissance. Alors pourquoi ne pas lui reconnaître son droit ? Nous devons œuvrer pour que cette loi soit vulgarisée pour être appliquée à cent pour cent » promet le souverain de Tindji.

A propos des cantons du Zou? Selon sa majesté Dègan Glèlè Gblangbé de Zakpota, le département du Zou compte 5 cantons : 3 cantons sont attribués au Zou-Ouest- (Abomey, Djidja et Tindji) et 2 au Zou-Est- (à Agonlin). La royauté du souverain s’étend donc de Tindji à Zakpota en passant par Kpakpamè, Kpassagon, Avogbannan et Hellou. Alors que Tindji couvre Kpozoun, Adjokan et Zoumè. (A.A.)
De manière générale la cour royale s’est rendu compte que quelque chose a changé en matière foncière, notamment en matière d’encadrement des transactions foncières. La présence d’un dignitaire membre de la SVGF de Kpassagon a corroboré les allégations des animateurs.

Après l’étape de Zakpota,  il est prévu que l’équipe de sensibilisation soit reçue dans les palais royaux d’Abomey, de Zogbodomey, de Zangnanado et de Djidja durant la semaine.

Aline ASSANKPON


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