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Rapport de la FAO sur le Commercer informel en Afrique : Une meilleure maîtrise du commerce informel qui représente 40% du PIB en Afrique pourrait stimuler les économies africaines


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Une étude de la FAO offre des directives politiques afin d’associer au mieux la moitié des échanges commerciaux transfrontaliers aux objectifs de développement. Selon un nouveau rapport présenté la semaine écoulée lors d’une conférence, le commerce transfrontalier informel en Afrique pourrait contribuer à l’amélioration des moyens d’existence et à l’intégration régionale à travers le continent.

Le Commerce informel représente près de 40 % du PIB en Afrique, soit plus qu’en Amérique latine et en Asie.

Le Commerce informel représente près de 40 % du PIB en Afrique, soit plus qu’en Amérique latine et en Asie.

 Selon la nouvelle publication de la FAO «Formalisation du commerce informel en Afrique», le commerce transfrontalier informel – dont les transactions ne respectent pas la législation locale sur les taxes, ainsi que d’autres règles – représente une part importante des emplois en Afrique subsaharienne (entre 20 et 70 pour cent) et le régulariser pourrait stimuler la prospérité tout en améliorant les perspectives d’avenir pour les femmes.

Près de la moitié du commerce transfrontalier intra-africain est considéré comme informel, soulignant ainsi le poids de son rôle invisible. Selon la FAO, des politiques proactives reconnaissant ce type d’activités, exploitant son potentiel avec pour objectif d’en faire une situation réglementée, seraient préférables plutôt que des approches autoritaires destinées à éradiquer les entrepreneurs ou à les taxer.

 

«Faciliter la formalisation représente l’unique option politique viable pour le programme de transformation africain en vue de réaliser ses objectifs», a déclaré M. Suffyan Koroma, Economiste en chef à la FAO et principal auteur du rapport. «Malgré l’importante contribution du secteur informel aux économies africaines, les décideurs politiques manquent souvent d’informations sur le commerce informel transfrontalier en raison du manque de données de qualité, cela a freiné le développement de politiques de soutien au secteur», a déclaré Clément Onyango de la Société d’accord et de confiance des consommateurs de Nairobi, une organisation non-gouvernementale qui co-organise la conférence avec la FAO.
Un rôle majeur pour les femmes

 

Les activités liées au commerce informel transfrontalier sont clairement un choix de second ordre que les personnes font lorsqu’elles n’ont pas d’autres alternatives formelles. Il s’agit principalement de la vente de biens et services, souvent de nature agricole, qui, en période de crises alimentaires et d’autres chocs, s’est révélée plus solide que les autres chaînes légales. Cette activité économique, qui s’effectue loin des radars et qui n’implique pas toujours des échanges internationaux, représente près de 40 % du PIB en Afrique, soit plus qu’en Amérique latine et en Asie.

 

Le commerce en question est rarement illégal. Dans la plupart des cas, il est considéré comme informel car les personnes impliquées n’ont pas accès aux licences commerciales, aux techniques administratives et aux informations sur les lois liées aux taxes douanières et aux normes d’importations pour agir autrement. Alors que de telles activités représentent une source de revenus importante pour les foyers, les commerçants sont souvent en proie à la corruption et leur accès limité au crédit implique que leurs activités sont rarement stables ou encore durables.

Les femmes constituent la plus grande partie des commerçants informels, qui selon le rapport de la FAO, seraient pour plus de la moitié en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et représenteraient près de 70 pour cent de ces commerçants en Afrique australe.

 

Les situations diffèrent selon les régions; en Tanzanie, les femmes dominent le commerce de produits fabriqués, tandis que les hommes gèrent principalement les produits agricoles bruts ou à moitié transformés. C’est par contre l’inverse au Cameroun. Les femmes et les hommes tendent également à ne pas vendre les mêmes produits alimentaires (produits frais ou aliments de base). Les futures politiques devront prendre ces faits en considération.

 

La Conférence de Kigali s’inscrit dans le cadre des efforts de la FAO actuellement en cours dans le pays, aux côtés d’ONU Femmes et d’autres partenaires de développement, et a pour objectif de permettre aux femmes de mieux exploiter les chaînes agroalimentaires. Le projet vise à permettre aux petites commerçantes d’accéder à des informations utiles et de bâtir un capital de départ.

 

Les produits agricoles locaux et l’élevage représentent deux tiers des exportations rwandaises, dont la plupart sont commercialisés de manière informelle, la plus grande partie se dirigeant vers les pays voisins à l’instar de la République démocratique du Congo.

 

Le Rwanda encourage les petits commerçants informels à se regrouper sous forme de coopératives en vue de se régulariser. Le rapport indique que les femmes faisant du commerce à la frontière entre le Kenya et l’Ouganda et entre le Rwanda et le Burundi préfèrent faire appel à des courtiers qui les protègeraient de ce qu’elles considèrent comme une attitude non professionnelle de la part des douaniers. La FAO, qui collabore avec l’ONG Catholic Relief Service, a également organisé des journées portes ouvertes à la frontière entre le Rwanda et le Congo au cours desquelles les coopératives de femmes ont eu l’opportunité d’en apprendre plus sur le régime fiscal transfrontalier, en s’adressant directement aux douaniers et aux représentants du gouvernement.

 

«Le Rwanda est devenu un modèle en matière de bonnes pratiques pour le commerce transfrontalier grâce à ses efforts en faveur de l’économie informelle et de son intégration, notamment en facilitant les voies commerciales pour les petits commerçants agricoles», a indiqué M. Attaher Maiga, Représentant de la FAO au Rwanda.

 

Des recommandations politiques

 

Conscients du fait que mettre de côté le commerce informel transfrontalier dans les politiques commerciales nationales et régionales et dans les stratégies de réduction de la pauvreté pourrait freiner les progrès, les gouvernements africains redoublent d’efforts pour identifier les dynamiques du secteur. En Ouganda par exemple, le Bureau des statistiques et la Banque centrale contrôlent ces flux et le gouvernement réfléchit au bien-fondé d’une approche privilégiant le contrôle de qualité et le potentiel de valeur ajoutée pour faire gagner plus aux commerçants, par opposition à une approche de «laisser-faire» ou encore à des actions répressives.

 

Selon la FAO, la simplification des conditions de permis et du régime fiscal, le développement de partenariats entre les radios et télévisions pour organiser des débats publics avec des participants issus du secteur de l’économie informelle et l’intensification des efforts visant à lutter contre la corruption officielle font partie des principales priorités afin de faciliter la formalisation du commerce informel transfrontalier. (ROME, Italie, 25 mai 2017/APO/)


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