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L’Agriculture familiale, moteur de développement: Les fermiers de Tohouè donnent la preuve


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Plus qu’une nécessité, l’agriculture familiale prônée par la FAO et le NEPAD, est une réalité au Bénin et précisément dans l’arrondissement de Tohouè, Commune de Sèmè-Kpodji (département de l’Ouémé). Ils sont une cinquantaine de fermiers regroupés en société de coopérative afin de fédérer les activités agricoles auxquelles ils se consacrent. Dénommée « Société de coopérative des éleveurs de Porc de l’Arrondissement de Tohouè avec Conseil d’administration, (SCOOP-CA) « . A défaut d’une agriculture mécanisée, à grande échelle, ces fermiers s’investissent dans l’agriculture familiale pour répondre efficacement aux problèmes de la sécurité alimentaire et de la pauvreté. Bénéficiant de l’appui du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, elle est citée en exemple pour faire des émules à travers le pays.

Ph/DR-: M. Sènou Abraham Djidjoho, président de la "Société de coopérative des éleveurs de Porc de l’Arrondissement de Tohouè avec Conseil d’administration, (SCOOP-CA), au champ.

Ph/DR-: M. Sènou Abraham Djidjoho, président de la « Société de coopérative des éleveurs de Porc de l’Arrondissement de Tohouè avec Conseil d’administration, (SCOOP-CA), au champ.

Situé dans le département de l’Ouémé (ndlr : au Sud-Est du Bénin), dans la commune de Sèmè-Kpodji, l’arrondissement de Tohouè est composé de dix villages. Il s’agit des villages de Tohouè, d’Ahonmey, de Dja, de kpoguidi, Hovi-dokpo, Ayokpo, Sôguo, Kraké-daho, Adèmè-Houégbénou, Kraké-glogbo, Glogbo-Plage. Ses habitants sont pour la plupart des fermiers ; puisque selon le président de la coopérative villageoise mise sur pied depuis 2015, « chacun dispose d’une petite ferme et les membres de notre association s’adonnent pour le plus clair de leur temps aux activités agricoles et d’élevage ».

Les objectifs de la coopérative

Voulant éviter des associations et des coopératives villageoises éparses, ces fermiers ont décidé mettre sur pied une société de coopérative dénommée, « Société de coopérative des éleveurs de Porc de l’Arrondissement de Tohouè avec Conseil d’administration, (SCOOP-CA) « . Il s’agit d’un creuset qui regroupe tous les agriculteurs, éleveurs, aquaculteurs  des dix villages qui composent l’arrondissement de Tohouè. L’objectif à terme est de se soutenir et de parler le même langage face aux difficultés inhérentes aux activités agricoles.

En effet, la société coopérative des éleveurs de porcs de l’arrondissement de Tohouè est une coopérative de service au profit des éleveurs membres. Ses objectifs principaux se déclinent en sept (07) points ; notamment : Faciliter l’approvisionnement de ses membres en matières premières, en intrants agricoles et autres facteurs de production entrant dans le cadre de la promotion de la filière porc dans l’arrondissement ; Faciliter à ses membres l’accès aux crédits et aux équipements ; Organiser la commercialisation des animaux ; Faciliter le renforcement de capacité des membres ; Contribuer à l’amélioration de la performance de la filière à la base et à l’autopromotion communautaire ; Contribuer à l’amélioration des revenus de ses membres et enfin faciliter la pratique de la mutualité et de la solidarité.

 

Ph/DR-: M. Sènou et ses porcs.

Ph/DR-: M. Sènou et ses porcs.

L’agriculture familiale, une agriculture de consommation 

A défaut d’une agriculture mécanisée, à grande échelle, les fermiers de Tohouè s’investissent dans l’agriculture familiale pour répondre aux multiples problèmes du chômage, de la pauvreté et de la sécurité alimentaire de leur arrondissement et des localités environnantes.  « Au sein de cette coopérative, nous menons des activités qui embrassent tout ce qui rentre dans le secteur agricole. En occurrence les cultures vivrières (maïs, manioc, arachide et autres cultures vivrières et nous faisons l’élevage des porcs, du lapin, des volailles et des poissons » a confié M. Sènou Abraham Djidjoho, président de ladite coopérative.

Selon M. Sènou, la pauvreté est ambiante dans la localité de Tohouè, il fallait se serrer les coudes pour circonscrire ce fléau à travers des activités agricoles et d’élevage. « La pauvreté prend trop d’ampleur dans notre localité. Certes, l’objectif premier de notre activité, c’est d’abord satisfaire nos besoins fondamentaux et assurer la sécurité alimentaire de la commune et pourquoi pas de tout le Bénin ? »

Un rêve légitime : faire une agriculture industrielle

Si ces fermiers ont choisi de lutter contre la pauvreté en optant pour l’agriculture familiale, il n’en demeure pas moins qu’ils sont aujourd’hui confrontés à d’autres problèmes face à la demande très élevée par rapport à l’offre existante.

« En toute objectivité, nos activités marchent ; cependant nous avons des problèmes d’écoulement de nos produits. Le Bénin n’est pas assez industrialisé et les produits de consommation sont trop chers parce que nous ne faisons pas une agriculture à grande échelle » analyse M. Sènou.

« Nos difficultés sont énormes : nous manquons des moyens matériels et financiers. Nous avons la volonté de faire une agriculture industrielle ; puisque des espaces inexploitables existent, il nous manque de l’équipement nécessaire et de financement. Nous sommes limités à une agriculture familiale, une agriculture de consommation ».

Très ambitieuse, la société de coopérative des éleveurs de porc de Tohouè qui bénéficie déjà de l’appui du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche en renforcement de capacités, n’entend pas se contenter du peu ; elle veut aller loin et être compétitive. A cet effet, elle espère bénéficier également de l’appui technique et financier des Ong internationaux, des Partenaires techniques et financiers qui s’intéressent au secteur agricole afin de développer ses activités. « Nous avons besoin de bénéficier également des systèmes d’écoulement des produits agricoles, d’accéder aux marchés pour enfin être compétitifs sur le plan national et international ».

Mise à part les parts sociales s’élevant à 20.000 F par membres, ces derniers cotisent 500 F par semaine pour développer la mutuelle de la coopérative. Ces collectes permettent des achats groupés de provendes pour les animaux et d’intrants agricoles afin d’approvisionner les agriculteurs et éleveurs.

Encadré :

PhDR-: Mme Gnonsè Edith épouse Dofonso Alphonse, Responsable en charge de l’organisation des femmes de la coopérative SCOOP-CA; nettoyant l'une de ces pocheries.

PhDR-: Mme Gnonsè Edith épouse Dofonso Alphonse, Responsable en charge de l’organisation des femmes de la coopérative SCOOP-CA; nettoyant l’une de ces pocheries.

Mme Gnonsè Edith : « L’objectif premier que nous poursuivons, c’est résoudre les problèmes de sécurité alimentaire »

Mme Gnonsè Edith épouse Dofonso Alphonse est responsable en charge de l’organisation des femmes de la coopérative SCOOP-CA. Fermière de son état, elle dispose un champ de manioc qui rivalise avec des espaces cultivés du maïs et de quelques céréales. Dans sa basse-cour, on peut dénombrer des volailles et une vingtaine de porcs. Mme Dofonso est donc une femme qui non seulement maîtrise les techniques culturales et d’entretien des animaux mais s’occupe également du renforcement des capacités des femmes.

Dans l’arrondissement de Tohouè, les activités agricoles permettent de résoudre les problèmes de la sécurité alimentaire puisque une partie des récoltes vont directement dans l’approvisionnement  des ménages pour l’alimentation ; une autre partie est vendue en l’état et une autre encore est transformée sous diverses formes pour la vente. Très souvent, le manioc est transformé en grande partie en farine (ndlr : Gari, aliment très prisé au Bénin) et vendue dans les localités environnantes.

« J’avoue qu’avec ces activités agricoles, nous arrivons à nourrir la famille, c’est l’objectif premier que nous poursuivons. Ensuite, nous vendons une partie de nos productions en l’état ou transformée pour avoir des ressources financières nécessaires pour faire face aux besoins de la famille » souligne Mme Dofonso.

Les femmes, membres de cette coopérative disposent d’une certaine liberté pour participer à la vie associative. Selon leur responsable, elles y mènent diverses activités génératrices de revenus. Des séances de renforcement de capacité sont souvent organisées à leur intention, ce qui leur permet de partager entre elles, les difficultés auxquelles elles sont confrontées au quotidien et même au niveau de leur ménage. Grâce à ce creuset, ces difficultés sont réglées par l’apport des unes et des autres.

« Dans notre coopérative, nous renforçons les capacités de nos consœurs, à travers des conseils et des bonnes pratiques à adopter pour développer nos activités. Car il faut reconnaître que dans un ménage, l’activité de la femme soulage forcément les efforts de l’homme. Les femmes n’attendent plus l’homme pour les petites dépenses».( A.A.)

Aline ASSANKPON

 


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