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Entretien Ibrahim Assane Mayaki : « Le maintien des barrières non-tarifaires en Afrique de l’Ouest : un obstacle pour l’industrialisation de la région »


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Ancien premier ministre du Niger et actuel Secrétaire exécutif du NEPAD, Ibrahim Mayaki analyse les dynamiques d’industrialisation en Afrique, les difficultés auxquelles se heurte l’Afrique de l’Ouest et propose des pistes de solutions pour développer la région à partir des Etats membres.

Quels sont les principaux freins de l’industrialisation ?

Ph/DR-: Ibrahim Mayaki, Ancien premier ministre du Niger et actuel Secrétaire exécutif du NEPAD

Ph/DR-: Ibrahim Mayaki, Ancien premier ministre du Niger et actuel Secrétaire exécutif du NEPAD

Ibrahim A. Mayaki : Je pense que lorsqu’on du continent, il faut prendre en compte les facteurs de diversité ; parce que l’Afrique du Sud ne ressemble pas vraiment au Niger et le Maroc ne ressemble vraiment pas à Malawi. Donc il y a grosso modo, trois grandes Afrique : l’une qui est composée essentiellement de l’Afrique du Sud et des pays satellites qui gravitent autour ; l’une qui est l’Afrique de l’Ouest et du Centre et l’autre qui est l’Afrique du Nord avec l’Egypte qui est un pôle important. Si on regarde ces trois Afrique, celle qui – sur le plan industriel – a une dynamique beaucoup plus importante, c’est cette Afrique australe à laquelle on peut joindre l’Afrique de l’Ouest.

L’Afrique de l’Est est la région qui connait un possible d’industrialisation très significatif et très pertinent et cela est dû fondamentalement à deux facteurs : le premier, c’est qu’il s’opère en terme de stratégie régionale et le deuxième, c’est qu’il combine différents instruments de politique industrielle. Si on prend l’Afrique du Nord, les instabilités  chroniques de l’Egypte et de la Tunisie ont affecté grandement les petites industries qui ont été mises en place au cours des 15 dernières années.

L’Afrique de l’Ouest et du Centre, c’est vraiment la zone de l’Afrique c’est vraiment la zone de l’Afrique qui connait un retard important. Mais qu’est-ce qui peut donner la vitalité au processus industriel ? Je crois qu’il y a trois facteurs : D’abord, l’Etat doit se constituer en partenaire du secteur privé et ne pas décider tout seul de la politique industrielle à suivre. Deuxièmement, les petites et moyennes entreprises doivent être renforcées et soutenues. Troisièmement, il est très important – même si on a une vision sur l’exportation – d’avoir une courbe d’apprentissage qui part du marché domestique et du marché régional.

L’intégration régionale stimule-t-elle l’industrialisation des pays africains ?

Absolument ! Si vous regardez la manière dont les infrastructures ont été mises en place durant la période coloniale et après les indépendances ; vous avez un site minier avec une route qui mène à un port. Toutes les infrastructures ont été construites dans une logique extractive. Autour de cette logique extractive, ce sont construites des institutions extractives elles-mêmes. Donc vous avez très peu de projets d’infrastructures transfrontaliers en vue de créer des corridors de développement régionaux.

C’est ce que nous faisons au Nepad sur la base de la définition de corridor de développement avec les Communautés économiques régionales (Cer), c’est de stimuler la création de routes de projets énergétiques, mais pas simplement pour construire la route et faciliter la circulation ; c’est-à-dire construire la route dans une optique de corridor de développement. Les grands projets que nous avons comme le Gazoduc du Nigeria qui passe par le Niger qui abouti à l’Algérie, constitue un corridor de développement. A côté de ce gazoduc, vous avez une fibre optique de plus 1000 km ont été construits ; vous avez la Trans-aérienne Alger à Lagos qui fait 4000 km ; de même pour le corridor Lagos-Abidjan.

Ces corridors-là  ont pour objectif de stimuler le commerce intra-régional et donc de faciliter des transactions commerciales. Il y a évidemment beaucoup d’obstacles majeurs aux frontières : ce sont les barrières non-tarifaires. Ces barrières non tarifaires sont directement liées à des problèmes de corruption importants au niveau des services de douane, de gendarmerie et de santé au niveau des frontières. Alors, cet obstacle doit être prévenu si on veut profiter véritablement de ce corridor de développement.

Quelle est la place de l’industrie agro-alimentaire au sein du marché de consommation en Afrique ?

L’industrie agroalimentaire a une place assez importante. L’Afrique importe aujourd’hui pour 40 à 50 milliards de produits aliment         aires. Les gouvernements investissent dans le secteur de la transformation agricole moins de 10 % de la ressource publique. Je dis 10% parce que c’est l’objectif qui avait été adopté par l’Union africaine il y a une dizaine d’années. Alors si vous comparez la facture de l’import et le montant des investissements, vous arrivez à la conclusion qu’on pourrait faire beaucoup plus.

Et qu’est-ce que nous n’avons pas fait ? C’est chercher les complémentarités  entre de grosses firmes industrielles dans l’Agroalimentaire et les petits exploitants. C’est ça qui doit être la voie du développement de l’agro-industrie. Il est évident que ce développement de l’agro-industrie va générer, entraîner une diversification de l’économie rurale et permettra de mieux gérer les flux ruraux vers les villes et de mieux alimenter les villes également. (Propos recueillis par : IFRI)


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