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Rencontre entre le Ministre des Affaires étrangères, les Importateurs des véhicules d’occasion et les représentants de quelques chancelleries : Pour une levée progressive des mesures restrictives de délivrance de visa


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 « L’accord de visa est en rupture… » C’est la réponse délivrée depuis plus de deux ans par l’Ambassade des Etats-Unis aux importateurs de véhicules d’occasion. Difficile pour les importateurs béninois de véhicules d’occasion de voyager vers les Etats-Unis, l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-Bas et autres pays dans lesquels ils achètent les véhicules d’occasion. Ils sont assujettis à une sorte d’abstention du visa pour diverses raisons d’ordre sécuritaire. A l’issue de la rencontre d’échanges initié ce lundi 25 janvier 2016 au ministère des Affaires étrangères, différents acteurs de la filière (Importateurs, syndicalistes, représentant de la CCIB) représentants des chancelleries concernées et membres du Gouvernement) ont pu être dégagées des pistes de solutions pour une relance effective des affaires au Bénin.

(de gauche à droite) : M. Told, chef de mission adjoint de l’Ambassade des Etats-Unis, Ibrahim Kombiénou, Ministre de l’Industrie et du Commerce, Saliou Akakiri, Ministre des Affaires étrangères et Alain Ferrier, Chargé d’affaires de l’Ambassade de France.

(de gauche à droite) : M. Told, chef de mission adjoint de l’Ambassade des Etats-Unis, Ibrahim Kombiénou, Ministre de l’Industrie et du Commerce, Saliou Akakiri, Ministre des Affaires étrangères et Alain Ferrier, Chargé d’affaires de l’Ambassade de France.

La filière de véhicules d’occasion est un secteur important de l’économie béninoise et constitue une source principale de revenus aux acteurs. Saisi à travers plusieurs plaintes sur l’abstention de la délivrance du visa pour voyager vers les principaux pays dans lesquels les importateurs achètent les véhicules, M. Saliou Akadiri a initié une rencontre qui a permis aux participants d’émettre des doléances et de faire des suggestions. En prélude à cette rencontre, un travail d’investigation a été fait par M. Akadiri avec les instances faitières de cette corporation (Groupe Al Woud Djoud, GIV et MIK) et les chancelleries concernées, sur les raisons fondamentales de l’abstention de la délivrance du visa. Une situation qui dure plus deux ans déjà.

Des problèmes d’ordre sécuritaire

Des investigations menées, il est établi que le commerce d’importation de véhicules d’occasion a des proximités avec les réseaux de blanchiment d’argent, de drogue et de terroristes. Les autorités des pays concernés ont pris des dispositions pour mieux  contrôler les flux migratoires. Puisqu’il se trouverait que parmi les importateurs de véhicules, des gens qui, en dehors de leurs activités officiellement connues seraient en connexion avec des réseaux de terroristes.

Un sujet très préoccupant qui ne laisse aucun Etat indifférent et qui amène les chancelleries à poser des questions sur l’activité. Bien évidemment, l’importation des véhicules d’occasion suppose l’achat de véhicules. D’où vient l’argent de ces importations ? Les véhiculent importés transitent-ils réellement par le circuit normal au départ et à l’arrivée ? Quelle est leur destination finale? Par qui sont-ils achetés ? Comment l’argent qui sort de ce commerce est-il recyclé dans le circuit financier national et international ? Autant de préoccupations auxquelles il faut apporter des réponses rassurantes.

L’autre sujet préoccupant est le comportement de certains Béninois (issus de cette corporation) qui sont en violation des règles d’accueil des pays concernés. A titre d’exemple, 740 Béninois sont aujourd’hui en situation de demandeurs d’asile en Allemagne. Sous le couvert d’importation de véhicules d’occasion, ils reçoivent des visas pour quelques semaines et décident par la suite, de séjourner dans ces pays en se déclarant réfugiés. Alors que le Bénin n’est pas en situation de guerre.

Une vue partielle des importateurs de véhicules d’occasion

Une vue partielle des importateurs de véhicules d’occasion

L’intervention des responsables syndicaux

Tour à tour, les représentants des Groupements d’importateurs de véhicules d’occasion Al-Woud Djoud, GIV et MIK ont exposé les difficultés auxquelles leur corporation est confrontée. Selon Mme Badirou Raïmi Choukourath (Elue consulaire au CCIB et responsable du Groupe Al-Woud Djoud), l’interdiction de visa d’entrée aux Etats-Unis s’est déroulée en trois étapes : Des visas en cours de validité sont interrompus sans aucune explication ; des demandes de visas formulées reçoivent en retour comme réponse : « l’Accord de visa est en rupture »  et enfin des importateurs qui ont pu faire le déplacement vers les Etats-Unis se sont vus rapatrier dans leurs pays d’origine ». « Vous conviendrez avec moi que, nous, importateurs de véhicules d’occasion, nous ne sommes mêlés ni de près, ni de loin à des réseaux de terrorisme, de trafic de drogue et de blanchiment d’argent» a-t-elle déclaré.

Même son de cloche au niveau de M. Adédjouma Tadjou, représentant du Groupe GIV (Groupement des Importateurs de véhicules) et du Groupe MIK, qui ont pointé tous deux, leur doigt accusateur vers le ministère de l’Industrie  et du Commerce. Selon ces derniers, l’Etat n’est jamais intervenu pour régler les difficultés auxquelles les importateurs de véhicules d’occasion sont confrontés. « Au contraire, le ministère préfèrent rencontrer les étrangers (Libanais, Indo-pakistanais et Jordaniens) qui sont impliqués dans nos activités et qui nous écrasent dans notre pays ».

Le représentant de la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Bénin (CCI) en la personne du Secrétaire général adjoint, s’est associé pour sa part, à la préoccupation des importateurs de véhicules d’occasion. «Il est difficile de comprendre qu’on puisse généraliser la sanction à tous les importateurs de véhicules d’occasion. Nous invitons les deux ministres à œuvrer pour que les importateurs puissent retrouver le sourire ».

Le chef de mission adjoint de l’Ambassade des Etats-Unis, M. Told rappellera pour la circonstance, la mission de sa chancellerie : «Nous sommes chargés pour promouvoir les échanges à plusieurs niveaux (diplomatique, d’assistance, de sécurité, commercial, culturel, etc.) En même temps, la préoccupation n°1des Etats-Unis est de protéger la sécurité des Américains, la sécurité des intérêts américains à l’intérieur comme à l’extérieur ».

Par rapport aux dossiers de visa, M Told estime qu’on ne peut pas dire que c’est interdit aux importateurs de véhicules d’occasion ; «d’autant plus que des gens continuent de voyager ». Donnant ainsi l’assurance qu’avec son collègue de la France, sur leur volonté à trouver une solution équitable qui permettra aux commerçants béninois de reprendre leurs affaires.

Le Chargé d’affaires de l’Ambassade de France, M. Alain Ferrier qui, à cette rencontre porte une double casquette : celle de la Belgique et de l’espace Schengen, estime qu’il n’y a pas d’alerte précise au niveau de sa section consulaire. «Nous délivrons le visa et des visas de type Schengen à partir du moment où le dossier est complet. Certes, il y a des contraintes légales imposées par le système Schengen et des consultations qui peuvent donner lieu à des refus de visa ou prendre quelques jours pour examen » a-t-il expliqué.

Le cas des Béninois doivent être examinés avec la plus grande bienveillance

Le cas des Béninois doivent être examinés avec la plus grande bienveillance

Des solutions au cas par cas…

Des différents échanges, il ressort ce qui suit : les importateurs refusent catégoriquement qu’il y ait d’amalgame entre les importateurs béninois et les réseaux de blanchiment d’argent et réseaux terroristes. « De par notre culture et nos maigres moyens financiers, jamais nous ne pouvons entrer dans tels réseaux ».

Les représentants des chancelleries ont manifesté leur disponibilité à faire en sorte que les difficultés actuellement rencontrées dans la filière s’estompent le plus rapidement possible. Ils réaffirment qu’il ne s’agit pas d’une mesure discriminatoire à l’égard des Béninois uniquement. Mais des dispositions appliquées de façon générale, pour des raisons d’ordre sécuritaire. L’abstention de la délivrance du Visa n’est pas un refus systématique. Désormais, l’examen des dossiers se fera sur la base d’un certain nombre de renseignements au cas par cas. Ils invitent par ailleurs, les importateurs à les informer par écrit ou à les relancer sur le rejet de leur dossier pour que satisfaction ou information leur soit données.

A l’endroit du ministère des affaires étrangères, les importateurs souhaitent que les discussions se poursuivent avec les chancelleries pour une levée progressive des mesures restrictives de délivrance de visa. Et qu’en termes de durée du visa accordée, que celle-ci puisse leur permettre de séjourner le plus longtemps possible pour pouvoir mener leurs activités comme cela se doit dans les pays, sans pour autant s’y installer.

A l’endroit du Ministère de l’Industrie et du Commerce, les importateurs souhaitent qu’il y ait une grande rigueur dans la délivrance des cartes d’importateurs et dans l’octroi des agréments de sorte que cela ne pénalise plus les nationaux. Ce dernier point concerne également le Ministère de l’Economie et des Finances.

Interpellé sur la délivrance anarchique des cartes d’importateurs, Ibrahim Kombiénou a rassuré les importateurs sur ce que son département jouera désormais sa partition. «Nous allons sévir, il suffit de se rapprocher de nous pour dénoncer les cas de malversation que vous notez sans aucune formalité» rassure-t-il en les invitant à une rencontre d’échanges prévue pour le 02 Février 2016.

Par rapport aux comportements des étrangers dénoncés et la  question de préférence nationale, le ministre des affaires étrangères  estime que le Bénin n’est pas guerre contre les étrangers. « Les investissements étrangers contribuent à l’accroissement de l’économie nationale. Cependant, es étrangers doivent renforcer l’activité des nationaux qui sont déjà dans la filière et non contribuer à les détruire. Les deux entités (Etrangers et Nationaux) doivent travailler en bonne intelligence pour que chacun trouve son compte » a-t-il indiqué.

« Cette rencontre permettra aux représentants des chancelleries de montrer à leurs collègues que les Béninois ne sont pas dans les schémas auxquels ils pensent mais plutôt des gens dont les cas doivent être examinés avec la plus grande bienveillance » a conclut M. Saliou Akadiri.

. Aline ASSANKPON


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