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Chronique : Tirer parti de l’investissement direct étranger


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Surnommée la nouvelle frontière d’investissement, l’Afrique est de plus en plus attractive aux yeux des grandes entreprises, des institutions et des investisseurs.

Par Carlos Lopes 

M. Carlos Lopes est le  secrétaire exécutif de la Commission economique pour l'Afrique (CEA), basée à Addis-Abeba, Ethiopie.

M. Carlos Lopes est le secrétaire exécutif de la Commission economique pour l’Afrique (CEA), basée à Addis-Abeba, Ethiopie.

En témoignent les flux d’investissement direct étranger (IDE), qui ont progressé de manière exponentielle depuis le tournant du millénaire, avec en tête des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya, l’Égypte et le Maroc.

Les économies connaissant des taux de croissance élevés, comme la Zambie, le Ghana, la Tanzanie et le Mozambique, deviennent également des destinations de premier plan pour les investissements. En 2014, le Mozambique et l’Éthiopie ont fait partie des plus brillants élèves.

Cette tendance devrait se poursuivre car de plus en plus de pays exécutent des politiques économiques saines et améliorent le climat des affaires. Parmi les grands investisseurs figurent désormais des économies émergentes telles que la Chine, l’Inde, la Turquie et les États du Golfe.

Les IDE intra-africains sont aussi en hausse. Entre 2003 et 2014, les services financiers ont représenté, à eux seuls, environ 50 % des projets d’investissements intra-africains entièrement nouveaux.

L’industrie manufacturière, levier capital de l’industrialisation, comptait parmi les premiers secteurs d’activité s’agissant des investissements en capital dans la région en 2014. Les décideurs trouveront sans nul doute ces nouvelles revigorantes. Les investissements en capital réalisés dans le secteur manufacturier représentaient 33 % de l’IDE annoncé en 2013, ce qui confirme que la production manufacturière se développe enfin au même rythme que le reste de l’économie.

Pendant un certain temps, le boom des produits de base est demeuré l’élément moteur de la croissance de la région. Le secteur extractif reçoit toujours l’essentiel de l’IDE. Les tendances actuelles appellent à une évaluation lucide du caractère durable de cette orientation.

Des mesures visant à la diversification et l’ajout de valeur aux ressources naturelles doivent constituer des priorités. L’avenir de l’Afrique dépendra dans une large mesure de la manière dont les pays bien dotés en ressources tireront parti de leurs richesses naturelles en faveur de leur transformation structurelle.

Il est encourageant de constater que la croissance dans le secteur des services progresse considérablement, amenant dans son sillage emplois et création de richesse. Le secteur est désormais le plus important en Afrique en termes de stock d’IDE. Les projets d’IDE dans l’immobilier, l’hôtellerie et la restauration, et le bâtiment et le génie civil ont également augmenté. L’urbanisation et l’expansion des classes moyennes continuent d’ouvrir des débouchés et réorientent les investisseurs en direction d’un marché de consommation africain en plein essor.

Cependant, les tendances diverses des flux d’IDE entrant sur le continent sont le reflet des sorts inégaux réservés aux économies hétérogènes d’Afrique. Certains pays qui obtiennent parmi les meilleurs résultats en ce qui concerne l’ajout de valeur, mesuré par la valeur ajoutée manufacturière, figurent aussi au rang des plus petites économies, comme les Seychelles et le Swaziland. En raison de leur petite taille, leurs réussites ne sont pas très connues.

Compte tenu des efforts de l’Afrique en vue de sa transformation structurelle, il est impératif que l’IDE contribue à l’intégration de la région et à son programme de développement durable. Jusqu’ici, la croissance de l’Afrique n’est pas allée de pair avec des hausses suffisantes de la productivité et de la création d’emplois, pas plus qu’elle n’a permis de réduire sensiblement la pauvreté et les inégalités.

Pour maîtriser la question de l’industrialisation en vue de la croissance inclusive, il faudra trouver des réponses à des questions difficiles : qui en bénéficie ? Quels seront les effets sur les capacités et l’autonomie du secteur privé local ? La compétitivité s’en trouve-t-elle renforcée ?

Si les risques d’une trop grande dépendance envers l’IDE font l’objet de débats au vu de la persistance des incertitudes mondiales, il est clair que l’IDE constitue une source importante de financement du développement. Mais l’épargne de l’Afrique, qui reste inexploitée, ainsi que la qualité de son cadre réglementaire et de ses politiques macroéconomiques, peuvent débloquer des montants bien supérieurs demain.

Pour qu’à l’avenir, l’Afrique bénéficie d’une prospérité partagée, il lui faut une nouvelle vision ambitieuse, assortie des politiques et des incitations correspondantes. Aux côtés d’institutions efficaces, cela compte tout autant que de nouvelles infrastructures et l’accès aux capitaux. Certains gouvernements qui engagent des réformes montrent la voie à suivre.

Ce n’est que le début d’un travail de longue haleine.

 

Cet article est paru dans l’Edition 2015 du Africa Investment Report de This is Africa du groupe Financial Times : http://www.thisisafricaonline.com/Microsites/The-Africa-Investment-Report-2015/The-Africa-Investment-Report-2015


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