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Changements climatiques : la pêche artisanale menacée


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S’ils ne sont pas toujours les plus pauvres, les pêcheurs artisans demeurent les plus vulnérables face aux changements climatiques « Je vais en mer très rarement maintenant. J’ai eu un accident il y a quelques années, depuis ça la mer me fait peur ». Simao Da Silva, pêcheur artisan de la Guinée Bissau a passé toute sa vie à affronter des vagues en mer à la recherche du poisson. Aujourd’hui, il n’en peut plus. Il craint pour sa vie. 

Pêche artisanale

« Les vagues sont de plus en plus violentes. Mon propre grand frère a eu les côtes brisées suite à un accident en mer, il est décédé quelque temps après », témoigne Michel Ségui, pêcheur artisan de Côte d’Ivoire.

Une mer de plus en plus violente, des cotes marines qui s’érodent, une production en chute croissante… tels sont les effets du changement climatique vécus par les pêcheurs artisans en Afrique.« Avant pour amener une barque en mer ça te coûtait environ 1 800 000 francs guinéens (soit 189 euros) et en cinq jours de pêche tu reviens avec au moins 800 kg de poisson. Mais depuis trois ans, pour aller en mer il faut au moins 3 500 000 francs guinéens (367 euros) et tu vas passer au moins sept jours en mer pour espérer avoir 300 kg de poisson », explique Aboubacar Kaba pêcheur artisan de la République de Guinée.

Une activité de pêche qui change !

Investir deux fois plus en argent et en temps de pêche pour avoir deux fois moins de poisson qu’il y a quelques années. Cela au péril de sa vie ! Voilà ce à quoi sont réduits aujourd’hui les pêcheurs artisans africains. La faute au changement climatique. « L’érosion des côtes, l’avancée de la mer exercent une pression sur la ressources et cela a un impact direct sur la vie des pêcheurs artisans, ce qui les rend plus vulnérables », soutient Gaoussou Gueye, secrétaire général de la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de pêche Artisanale (CAOPA). « Les pêcheurs artisans ne sont pas toujours les plus pauvres, mais ils sont sans doute les plus vulnérables, notamment aux changements climatiques, aux pollutions qui affectent les zones côtières, etc », précise Béatrice Gorez, coordonnatrice de CAPE (Coalition pour des Accords de Pêche Equitables).

Les changements climatiques ont plusieurs impacts sur l’activité de pêche. Il y a le fait que les espèces de poisson changent d’aire de répartition. Ce qui signifie que certaines espèces qu’on trouvait plus près des côtes sont désormais plus loin en mer. Les pêcheurs sont obligés de faire de plus longues sorties, partir plus loin en mer avec des vagues de plus en plus violentes. D’autres espèces sont tout simplement de plus en plus difficiles à trouver. Tout cela contribue à changer l’activité de pêche.

Mais ce n’est pas tout. « Il y a aussi le fait que les conditions météorologiques changent, rendant les sorties en mer plus dangereuses. Il y a l’érosion au niveau des côtes, qui n’est pas la conséquence des changements climatiques seuls, mais aussi au développement du tourisme, l’exploitation du sable, comme c’est le cas ici au Cap Vert. Le changement climatique est un facteur qui s’ajoute à d’autres facteurs de vulnérabilité », ajoute Béatrice Gorez.« C’est pour cela que nous avons jugé important d’inviter des spécialistes de la question au tour de la journée mondiale de la pêche pour en débattre et avoir beaucoup plus d’informations afin de sensibiliser nos membres pour qu’ils soient mieux outillés pour développer des stratégies d’adaptation », explique Gaoussou Gueye.

Pour mieux comprendre le phénomène

Au lendemain de la journée mondiale de la pêche célébrée le 21 novembre 2013 à Praia au Cap Vert, la CAOPA et ses partenaires ont organisé une conférence sur le thème « Pêche et changements climatiques ». Deux jours de réflexion et de partage d’idées qui ont vu la participation des représentants d’organisation de pêcheurs artisans d’une douzaine de pays d’Afrique, des représentants d’organisations sous régionales et internationales (FAO, CSRP, etc.) et d’organisations non gouvernementales.

Une occasion sans précédent pour les organisations professionnelles de la pêche artisanale d’accorder leurs compréhensions sur l’impact du changement climatique sur leur activité. « Ce qui est important pour la pêche artisanale c’est d’avoir une vision globale des enjeux auxquels ils font face et voir comment promouvoir leur secteur dans ce contexte-là », soutient Béatrice Gorez.

Il y a eu des débats très intéressants, tous les participants s’accordent pour dire que le plus important demeure le suivi qui va en être fait. « Nous allons essayer d’aller sur le terrain pour rencontrer nos bases. C’est devenu une nécessité absolue pour la CAOPA et ses membres d’aller vers la base. On a instruit tous les délégués de partager l’information une fois de retour chez eux », conclut Gaoussou Gueye. (Googolfarmer)

http://googolfarmer.wordpress.com/2014/01/17/changements-climatiques-la-peche-artisanale-menacee/#more-558


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